L'Editorial de Murielle MENSAH
Dans l'une de ses réponses au magazine "Jeune Afrique", Patrice Talon, a laissé entrevoir qu'il n'est pas impossible que Boni Yayi et lui aient le même choix. Cette perspective est-elle réalisable?
«Je n'ai aucun problème personnel avec l'ancien président Boni Yayi et je pense pas qu'il en ait avec moi, de nature à ce qu'il veuille se venger. Peut-être nous retrouvons-nous autour du même choix qui sait ?», a dit Patrice Talon à "Jeune Afrique".
Le magazine lui a posé la question suivante : «Votre prédécesseur, Thomas Boni Yayi entend dit-on prendre sa revanche en soutenant de nouveau un candidat contre celui qui vous aurez choisi. Pourquoi n'êtes-vous pas parvenus à vous entendre ?».
COMME EN STUDIO...
Patrice Talon a donné sa vision pour le choix du prochain président du Benin. Son voeu peut-il rencontrer l'adhésion de Boni Yayi ?
Pour le moment, rien ne contribue à cet horizon. En effet, Boni Yayi agit comme une étoile que rien ne pourrait bloquer dans le ciel avec son plan pour la présidentielle de 2026.
En effet, l'ex président, ces derniers temps, multiplie les rencontres. Personnalités politiques, société civile, universitaires..., incontestablement tout le monde va ou veut le rencontrer. Boni Yayi, est comme déjà en réussite pour 2026.
La rue qui converge chez lui à Cadjèhoun ne désemplit plus. Elle a retrouvé une animation accrue. Quelles peuvent être les utilités de cette forte mobilisation autour de lui ?
Après le regard angoissé de 2019 et les évènements de Cadjèhoun, Boni Yayi (enfermé chez lui pendant 50 jours), a su déjouer le concept : "Ex président à jamais fini".
Tous ceux qui ont fait la marche 2006-2016 avec lui n'ont pas tous été ingrats. Ce n'est donc pas une surprise de constater ce monde fou qu'il continue de drainer.
Ensuite, Boni Yayi a su contourner le système partisan mis à contribution pour le conduire à l'usure comme un vieux politicien. Cette option n'a pas eu les effets escomptés. Boni Yayi s'est approprié le cadre réglementaire du système partisan pour surmonter les ambiguïtés de son ex parti FCBE. Avec "Les Démocrates", son nouveau parti, il a réussi à retrouver une autre rampe de lancement.
... LOIN D'AVOIR L'ALBUM
Après le bon score de cette formation politique aux législatives de 2023, on attend de voir pour 2026 si ce parti aura la capacité à rassembler par-delà les clivages traditionnels.
Il se fait également qu'en cette veille de la présidentielle de 2026, Boni Yayi se retrouve au centre de la diplomatie électorale. Sa capacité essentielle dans les jours à venir est donc immense.
En effet, la diplomatie électorale suppose un certain talent pour désigner le duo de candidats au nom de son parti.
Après le coup foiré de 2021 avec Madougou, Boni Yayi doit éviter les divergences et la pauvreté du projet de 2026.
En clair, il lui revient de proposer un duo crédible. Et il sait qu'un bon duo doit rassembler dans son camp pour éviter la percée des extrêmes.
S'il a les clés pour désigner un duo qui pourrait réaliser l'alternance, on comprend davantage pourquoi, comme un homme providentiel, sa salle d'attente à Cadjèhoun ne désemplit pas.
En politique, on ne dit : «JAMAIS », mais au regard de la dimension actuelle de Boni Yayi, et loin des surenchères, peut-il faire cause commune avec Talon pour le choix d'un même candidat?
lafriqueenmarche du 20 mars 2025 No 859
