L'Editorial de Titus FOLLY
Quand on dit "Voice Of America", en dépit des années qui passent, il y a toujours un ascenseur émotionnel historique qui nous traverse. Malheureusement, Donald Trump a décidé de fermer des médias publics dont "Voice Of America" comme des échoppes ou de petits pavillons après exposition. Doit-on en être surpris? Analyse dans l'exercice de L'Editorial du jour.
Quand on parle de "Voice Of America", on se réfère à l'âge d'or de cette radio qui émettait en Afrique depuis des décennies jusqu'au 14 mars dernier.
...DEUX AFRICAINS
"Voice Of America", surtout dans les années 1970, 1980 et 1990, en concurrence avec BBC et RFI, était très écoutée, par les Africains. Cet enthousiasme sur le continent découle du fait que deux grandes voix africaines y officiaient.
À cette époque, il y avait le Camerounais Georges Collinet et le Togolais, Roger Guy Folly, alias "RGF.
À cette époque, nos oreilles d’enfant ne retenaient alors que la longue et répétitive musique qui permettait aux auditeurs de repérer le bon signal à chaque changement de fréquences dans le magma aléatoire des ondes courtes. Souvenir pour souvenir...
Outre, ces deux voix africaines, beaucoup d'Africains dodélinaient de la tête quand vint aussi "Jazz Hour" (L'Heure du jazz de cette radio).
Cette émission emblématique de jazz était animée par Willis Conover, pendant plus de 40 ans jusqu'en1996, avec son indicatif envoûtant.
MORT DANS L'ÂME...
"Voice Of America", c'est désormais fini. 3400 postes sans compter de nombreux autres correspondants en Afrique sont à jamais compromis.
Mieux, c'est une couverture de qualité de l'actualité africaine qui passe de vie à trépas.
C'est aussi, la valorisation des langues africaines qui disparaît. Quand vous êtes en séjour au Sénégal, on est sensible au programme bien concocté par cette radio en Wolof.
Avec la disparition de "Voice Of America", c'est la fin dans la grille de programmes de nombreuses radios africaines de certaines émissions en duplex. Il va falloir combler en urgence ce trou.
Doit-on être surpris par cette décision de Donald Trump?
Après les menaces marginales lors de son 1er mandat contre les médias traditionnels, sa détermination lors de la campagne à déstabiliser ces canaux ne faisait plus de doutes.
Le problème de Trump, c'est sa difficulté à accepter le pluralisme médiatique, aux antipodes de sa philosophie médiatique suprématiste et foudroyante. Il préfère donc dénaturer la vérité au profit de ses vérités alternatives.
À ce jeu, un média avec l'étoffe de "Voice Of America" ne peut jamais servir sa cause de propagande, contrairement à sa galaxie d'influenceurs zélés sur les réseaux sociaux.
Donald Trump privilégie l'audience de ses influenceurs, mais dont les limites temporelles et errements à la gloire du président américain deviennent le centre de gravité de l'actualité.
On a encore en mémoire, la retransmission à l'échelle mondiale de l'audience Trump-Zelensky, le 28 février dernier. Ce jour-là, le président ukrainien a été brocardé par son homologue américain dans le "Bureau ovale" en couverture immédiate.
"BRIGADE" DE ELON...
À la fontaine cognitive de Trump, il y a aussi les privilèges de Elon Musk dans sa posture de "substitut de procureur".
Dès lors, sa brigade au sigle pompeux de DOGE qui déferle actuellement dans l'administration fédérale avec ses stratégies et autres tendances de torpillage avait aussi des cibles de choix comme "Voice Of America". La suite, on la connait.
Avec Trump, c'est la valeur de l'utopie comme idéal, sans d'autres possibilités.
Le "Nouveau monde" ne retrouve-t-il pas tout son plein sens avec Donald Trump ?
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www.lafriqueenmarche.com du 18 mars 2025 No 857
« La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-la du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.».
