L’Editorial de Murielle MENSAH
Du 10 janvier, que retiendra l’histoire de Nicéphore Soglo et de Patrice Talon?
Avant d’aborder le sujet du jour, à quelques heures de la fête des religions endogènes, le peuple béninois a été endeuillé par l’attaque terroriste au Nord du pays.
En ces moments d’épreuves, le peuple béninois s’incline devant la mémoire de chacun des 28 soldats tombés dans cette attaque jihadiste.
De même, le peuple souhaite un prompt rétablissement à tous les soldats blessés suite à cette attaque.
AU COEUR DES LIBATIONS…
En ce jour important pour la valorisation des valeurs ancestrales, au coeur des libations, que les mânes des montagnes apportent au peuple la paix face aux attaques terroristes.
Que les mânes des fleuves fassent droit aux Béninois, qui de plus en plus, difficilement arrivent à remplir l’assiette.
Que les mânes des collines donnent au peuple la justice.
Que les mânes des plateaux sauvent les pauvres gens des oppressions de divers ordres.
Que les mânes des côtes donnent la grande paix jusqu’à la fin des lunes au Bénin en cette veille des élections.
…IMPORTANCE DE LA LETTRE R SELON SOGLO
Revenons au sujet, il faut souligner que Nicéphore Soglo est le précurseur incontesté de la fête du 10 janvier. Quant à Patrice Talon, les annales retiendront qu’il en est le pionnier de sa plus-value au tourisme.
Dès l’avènement de Nicéphore Soglo, malgré les défis économiques de l’heure, son engagement a été indéniable pour porter la vision d’un pays, maître de son destin et d’un continent debout, fort de ses valeurs et de ses richesses pour organiser Ouidah 92. Ce fut un rendez-vous historique et mémoriel pour dénoncer la traite des Noirs et valoriser l’Africain.
Oui, Nicéphore Soglo, l’inspecteur des finances et technocrate de la Banque mondiale, en réussissant comme un historien à documenter le génocide des Indiens, celui des Noirs et des Juifs, a frappé un grand coup avec Ouidah 92.
Après Ouidah 92, Nicéphore Soglo a continué à œuvrer avec courage, détermination et foi pour honorer le vodoun. La décision de la fête du 10 janvier avant d’être une victoire, a été d’abord un projet concret et fructueux pour unir les forces endogènes afin de transformer le rêve en réalité.
Pour Soglo, il semble parfois qu’entre le mot cultuel et culturel, on ne doit ignorer la lettre R pour établir les passerelles entre le Cultuel et le Culturel. L’objectif est de valoriser les Noirs et au-delà, ses différentes composantes jusqu’aux Afrodescendants dans les Antilles, les Caraïbes et en Amérique latine. Il fallait inverser la tendance quand on sait que l’ignoble commerce des Noirs n’a été qu’un reflet de la chosification. Dans les annales, Nicéphore Soglo a déjà acquis ses lettres de noblesse.
ET VINT L’HOMME D’AFFAIRES…
Restée à l’étape de commémoration avec un chronogramme folklorique, chorégraphique et rituel sans phare depuis 25 ans, et vint Patrice Talon.
Le libéral pur sang, en dépit de ses réformes décriées, décida de mettre de nouvelles couches de peinture sur le 10 janvier.
On est passé de la fête du 10 janvier à la célébration des Vodundays, qui ont pris leur envol en 2024. L’an dernier, cette commémoration était à titre expérimental. Cette année, son arrimage au 10 janvier est définitif.
Mais avant, Patrice Talon, grâce à sa majorité mécanique a eu la caution législative pour cette célébration.
Résultat des courses, c’est une demi semaine qui concentre désormais l’événement à partir de cette année 2025.
Avec le vernis législatif, Talon a un ensemble d’atouts logistiques, financiers et institutionnalisés. En clair, il a les moyens de sa politique pour valoriser le tourisme.
En effet, sous le couvert de la célébration des rites endogènes, Patrice Talon surfe sur l’impact économique direct. Qui dit impact direct dit indirect (c’est-à-dire que les dépenses des festivaliers représentent un impact induit avec les flux injectés par les festivaliers dans un « effet boule de neige ».
Berceau du vodoun, le Bénin, ce grand rendez-vous à la fois cultuel et culturel est un appel lancé à l’humanité pour la tolérance religieuse et la culture de la paix.
Avouons-le, si la religion endogène était mal servie dans le calendrier des fêtes fériées, elle est désormais à une place de choix avec une demi semaine.
Cependant, il faut faire en sorte pour ne pas donner raison à ceux qui ronchonnent du fait de la mise à l’arrêt de leur business sur plusieurs jours.
Site lafriqueenmarche du 10 janvier 2025 No 806