L’Editorial de Murielle MENSAH
L’avocat de l’Etat béninois a demandé ce mercredi 29 janvier de condamner Olivier Boko à payer 77 milliards de F.CFA et de saisir tous ses biens. Au verdict, la Cour frappera-t-elle au porte-monnaie l’homme d’affaires ?
Changement de plaque d’un véhicule, mobilisation d’un 1,5 milliard, invite au patron de la garde républicaine pour tenter une conspiration contre la sûreté nationale…(sont quelques soupçons), qui continuent d’alimenter le débat public.
L’avocat de l’Etat béninois, fort de ces soupçons demande à la Cour de condamner Olivier Boko à 77 milliards de F.CFA et de saisir ses biens.
Veut-on insinuer en attendant le verdict qu’il faut frapper Olivier Boko, le présumé conspirateur au porte-monnaie?
APPEL TRÈS COMMENTÉ…
Olivier Boko est identifié comme un homme d’affaires prospère. Sa surface financière est le plus souvent considérée comme allant de soi.
En effet, dans ce dossier (criminel pour certains et politique pour d’autres), si la requête de l’avocat de l’Etat béninois est entérinée lors du verdict, c’est que la fortune de Boko est dès lors définie comme un produit de capacité de nuisance.
De ce fait, il faut envisager le démantèlement de cet empire sous l’angle d’enjeux concrets, mais dépeints par les agissements d’un fortuné « déviant » ou « traitre » sur le front politique.
Pour la défense de l’Etat, il faut empêcher l’intrusion ou l’immixtion de l’argent. Au nom de la raison d’État, il faut agir comme dans un archipel à explorer pour éviter l’effet d’éléments de déstabilisation.
Avec le départ des avocats de Boko, on n’aura pas leur riposte à ce procès célèbre attendu. En attendant le verdict, la rigidité de l’accusation et l’importance de l’étiquette des » soupçons » contre les accusés, charrient un ensemble de représentations liées à la « vision ordinaire » de la politique : un homme qui a les moyens de ses ambitions.
En clair, au nom de la stabilité des institutions de la République, une peine de prison à Olivier Boko, sans frapper au porte-monnaie n’est que peine perdue.
Avec guillemets, sans comparaison ni raison, et aux antipodes de ce procès, ce montant élevé exigé (77 milliards), rappelle le redressement fiscal record de 169 milliards infligé à Sébastien Ajavon il y a quelques années.
Au nom de ce redressement et des sanctions encourues, le conciliateur fiscal a lamentablement échoué. La suite, le sort de Cajaf-Comon (dont les recours gracieux n’ont pas abouti), est aujourd’hui dans les archives de la liquidation judiciaire.
Site lafriqueenmarche du 30 janvier 2025 No 823