La Chronique internationale de Salifou DIAGNE depuis la Belgique
Le Togo sera-t-il le 4 ème membre de l’AES ? Doit-on en être surpris si cet horizon advenait ?
Le ministre des Affaires étrangères du Togo, Robert Dussey était sur « Vox Africa » il y a quelques jours.
En des termes voilés, ses déclarations tentent à préparer les consciences pour une prochaine adhésion du Togo. Doit-on en être surpris si le pays de Faure Gnassingbé s’inscrivait pour une ligne scintillante à l’AES ?
Si le ministre Dussey fait une telle sortie, c’est qu’il a reçu l’onction de son chef, Faure Gnassingbé. Pour ceux qui connaissent les modalités pratiques du régime togolais, un membre du gouvernement ne peut s’autoriser à faire une telle déclaration si Faure Gnassingbé n’a pas donné son accord de principe.
Mieux, doit-on être déconcertés, si le pouvoir de Lomé monte lentement cette décision vers le haut du mât ?
…TERRAIN LARGEMENT FAVORABLE
La réponse est sans équivoque pour plusieurs raisons.
D’abord, il faut souligner la ligne utilitaire politique du régime togolais par rapport à l’AES. En effet, depuis l’avènement du triumvirat Mali, Burkina et Niger dans les entrailles de la CEDEAO, le pouvoir togolais a adopté une posture de méditation. Le Togo a su convaincre la CEDEAO des acharnés sériels de desserrer l’étau des sanctions économiques contre le Mali (il y a trois ans).
Au tour du Niger récemment, après le renversement de Bazoum, le Togo est intervenu pour freiner une intervention militaire contre Tiani.
Mieux, Lomé, fort de sa position politique médiane, a permis à Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire de récupérer ses soldats arrêtés à Bamako. C’est toujours sous les auspices de Faure Gnassingbé que le Burkina et la Côte d’Ivoire ont procédé il y a quelques jours, à un échange de prisonniers (deux de chaque côté).
Et voici le Togo avec une vision originale d’adhésion à l’AES pour un partage du vécu quotidien. Mais au-delà du plan politique, ce rapprochement sera doublée d’une stratégie bien pensée en matière économique.
En effet, l’adhésion du Togo permet à l’AES de compenser l’inexistence d’une façade maritime et d’éviter des représailles aux ports d’Abidjan et de Cotonou en cas de rupture ombilicale avec la CEDEAO en ce fin janvier.
Si le Togo permet à l’AES de détacher le cheval attaché au baobab et de l’enfourcher jusqu’au port de Lomé, ce sera un partenariat gagnant-gagnant en ce qui concerne la pertinence de l’urgence d’agir
En observant une carte des ports du Golfe de Guinée, le Togo offre les meilleurs moyens de contes et d’histoires de résilience à l’AES pour un accès apaisé et arrosé par les vagues qui déferlent au port de Lomé
Une adhésion à l’AES du Togo (pourtant de l’AES), c’est un partenariat gagnant-gagnant pour les quatre.
Site lafriqueenmarche du 19 janvier 2025 No 814