L’Editorial de Murielle MENSAH
Le « dossier Dagnivo » anime la chronique judiciaire. Après tant d’années d’errements, on doit applaudir la justice beninoise qui remis le couvert de ce dossier funeste. Cependant, le temps de la justice sur la trajectoire du mort ou du « vivant » Urbain Dagnivo, peut-il remuer le couteau dans l’agenda de l’ancien regime de Yayi?
« Urbain Dagnivo est disparu, mais on n’a aucune certitude que cette dépouille est la sienne…», dixit l’un des avocats de la famille de l’illustre syndicaliste et opposant.
Cette déclaration sans concession intervient alors que la justice met en exergue des tests ADN qui certifient à forts degrés que cette « dépouille » s’y prêterait.
LEVER LES DOUTES…
D’où la gêne de nombreux Béninois de constater que la science ne nous permet de siffler la fin des incertitudes relatives au « dossier Dagnivo ».
En effet, la science doit déblayer le terrain pour rendre justice et enfin permettre à la famille Dagnivo de faire son deuil.
Il est impérieux que la science certifie la vérité historique et non la déteste ou entretienne les désaccords. Dans cette perspective, les tests ADN de nos experts légistes ne doivent pas être réfractaires pêle-mêle à l’intensité de l’action de recherche de la vérité.
Mais, en figeant la trajectoire du vivant ou en confirmant le destin de la mort du syndicaliste, sur le terrain de la science elle-même, cette dernière ne doit pas nous décevoir après tant d’années.
Malheureusement, pour le moment, la « science béninoise » nous illusionne et tend à confondre avec grand bonheur, l’altération de multiples aspects du vivant ou de la mort.
Comme la science ne nous confirme pas que la dépouille est bel et bien celle de l’opposant, alors pour le moment, peut-on se contenter de la main de présumés commanditaires?
…DE CE DOSSIER LONGTEMPS ABANDONNÉ
Comme la science n’arrive pas à nous départager, la justice peut continuer avec détermination de comprendre les stratégies de présumés commanditaires et autres commis de l’Etat. Sur quoi va miser la justice entre une tendance de donneurs d’ordres ou de laveurs de cerveaux des prévenus/accusés?
En attendant de s’accorder sur les tests ADN, les deux prévenus/ accusés ont cité d’anciens grands commis de l’Etat de l’appareil sécuritaire et autres barons du régime Yayi. Les confrontations se poursuivent. Objectif, permettre à la justice d’éclairer les zones d’ombres.
Sur la base des confrontations qui se poursuivent ce jour entre les prévenus/accusées et les présumés manoeuvriers de l’ancien régime, on attend de comprendre si on a tenté de maquiller la mort ou la disparition du syndicaliste et opposant.
Quand on dit : ” Commis de l’Etat », leur abnégation doit-elle automatiquement mettre en musique le regard de l’ancien régime de Boni Yayi ?
La science et la justice doivent nous sortir de la
politique toujours disposée à maintenir les vulnérabilités et convoquer les complications.
Après le dossier ICC (relatif à l’escroquerie en bande qui a délesté des Béninois de milliards de F.CFA sous l’ex régime) et dont le procès a eu lieu à la veille de la présidentielle de 2021, on espère que le « dossier Dagnivo » ne rencontrera pas autre un agenda politique en cette veille de présidentielle de 2026.
La justice béninoise, notre bouclier commun, doit résonner avec droiture pour rendre justice à la famille Dagnivo.
lafriqueenmarche du 13 mars 2025 No 853