Une Agence africaine de notation de crédit est pour très bientôt. Cette décision fait suite à une injure à l’endroit de l’Éthiopie.
« « Pays poubelle », cette expression péjorative a été véhiculée par l’agence « Fitch » à l’égard de l’Éthiopie. Tayé Atske-Sélassé, le président éthiopien raconte agacé à ses pairs au dernier sommet de l’UA, cette injure faite à son pays. C’est la goute d’eau. Immédiatement, les chefs d’Etat africains jurent de créer en juin 2025, une Agence africaine de notation…», détaille Aboudou Ikoyi avec une certaine aisance qui démontre sa parfaite maîtrise du dossier. Aboudou Ikoyi est économiste et spécialiste des institutions financières de notation.
« Ce comportement humiliant de la part de cette l’Agence « Fitch » a donc entraîné l’engouement des présidents africains à avoir leur propre Agence de notation…», explique-t-il.
Il poursuit : « Réunis au 38ᵉ sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba en Ethiopie, en mi-février dernier, les dirigeants africains ont donc annoncé la création d’une Agence de notation financière propre au continent…».
Optimiste, l’expert conclut : « Cette Agence sera dénommée Agence africaine de notation de crédit (AfCRA).».
« Cette initiative de création d’une Agence de notation africaine est une révolution. Les dirigeants africains souvent en désaccords sur tout, ont affiché une union sacrée. C’est inédit et c’est à saluer…», fait savoir Aboubacar Mansuru, économiste et consultant en gestion bancaire.
DÉTERMINATION DU PRÉSIDENT KENYAN…

Selon lui : « Ce projet commun vise à fournir des évaluations économiques plus justes pour les pays du continent et à réduire leur dépendance aux Agences de notation internationales…».
Il fait savoir encore et met en exergue la détermination du président Kenyan : « Le leadership de William Ruto est à saluer s’agissant de la mise en place de cette Agence africaine. Son plaidoyer au dernier sommet de l’UA était manifeste…».
« Le président Kenyan plaide pour une refonte du système de notation actuel et dénonce des modèles internationaux qu’il juge inadaptés et préjudiciables pour l’Afrique…», fait-il encore savoir.
« William Ruto soutient que quand la nouvelle Agence de notation panafricaine sera opérationnelle, elle sera soutenue par des institutions financières régionales et internationales….», poursuit encore l’économiste Aboubacar Mansuru.
Pour l’expert : « Le président Kenyan dans son plaidoyer n’a pas manqué de dénoncer avec force l’augmentation des coûts d’emprunt…».
L’expert Aboubacar Mansuru conclut : « William Ruto a parfaitement raison, car il est temps que l’Afrique se dote de ses propres outils pour juger sa performance économique sans biais externes.».
« Le 38ᵉ sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba en Ethiopie, en mi-février dernier a validé et même fixé dans le marbre, la date de sa mise en place. Ce sera en juin 2025.», nous informe Djibril Adisa, spécialiste en placements boursiers.
Pour lui: « Cette initiative constitue une avancée significative pour l’autonomie financière de l’Afrique et le renforcement de sa souveraineté économique…».
…LE « OUI » DES AUTRES PRÉSIDENTS
« Intervenant, tour à tour, les présidents africains présents ont fustigé les Agences de notation internationales. Selon eux, elles ont souvent présenté une vision déformée et peu constructive des économies africaines. Leurs évaluations se caractérisent par leur imprévisibilité et leur incohérence…», argumente l’expert.
Il conclut : « Le manque d’objectivité et de notation par rapport aux économies africaines, a d’une part entravé leur capacité à accéder aux capitaux et intégrer le système financier mondial…».
Tamsir Fajilu, économiste et analyste financier, quant à lui met en avant les éléments d’appréciation complémentaires du président Kenyan.
« Le président kenyan a cité une étude relative aux Agences de notation. Ces dernières auraient fait perdre 75 milliards de dollars d’opportunité d’investissement au Kenya….».
L’expert encense encore William Ruto. Le spécialiste surfe sur son iPhone pour lire intégralement la déclaration de William Ruto à cette occasion : « Notre Agence de notation africaine, n’est pas seulement une alternative, mais un impératif. Cette Agence doit être crédible au niveau mondial et s’appuyer sur des données rigoureuses, crédibles et répondre à des normes d’évaluation strictes. Mais surtout, elle doit refléter correctement la réalité de l’Afrique. Nous ne ferons pas ce voyage seuls. Nous construirons des alliances fondées sur des valeurs communes de dignité, d’équité et de progrès…».
Il conclut la citation de William Ruto toujours en se référant à son appareil : « La revalorisation d’un cran des notes africaines permettrait de débloquer 15 milliards de dollars d’investissement pour 2025 ».
Comme quoi, il a fallu cette sorte d’anathème contre l’Éthiopie pour que les présidents africains très peu solidaires se réveillent de leur long sommeil pour envisager la création d’une Agence de notation africaine.
Wilfried GBÊGAN correspondant au Nigeria
lafriqueenmarche du 9 mars 2025 No 848