Le Sénégalais Amadou-Mahtar M’Bow est décédé le 24 septembre dernier. Ex directeur général de l’Unesco, il a mis à profit ce 1er poste de prestige occupé par un Africain dans le système onusien pour apporter une contribution de qualité à l’histoire africaine. Dans cet hommage à titre posthume, revisitons quelques grands de ses chantiers.
L’ouvrage « L’Histoire générale de l’Afrique » est une œuvre pionnière pour l’histoire du continent noir. Cette dernière, à ce jour reste inégalée dans son ambition de couvrir l’histoire de la totalité du continent africain.
En effet, dès sa prise des rênes de l’Unesco en 1974, Amadou-Mahtar M’Bow, cet éminent professeur d’histoire tenait à avoir un document de référence relatif à l’historiographie africaine.
Pour y parvenir, il confia cette mission capitale au feu professeur voltaïque (burkinabè), Joseph Ki-Zerbo.
Sous la férule de celui-ci, de nombreux autres chercheurs universitaires africains y ont contribué.
Pour rappel, cet ouvrage « L’Histoire générale de l’Afrique » a su bénéficier du travail colossal fait par Cheikh Anta Diop, le penseur africain le plus influent du XXème siècle.
Cheikh Anta Diop,
historien, scientifique et chercheur sénégalais a développé la théorie d’une Egypte ancienne profondément africaine. En 1954, il publie sa thèse dans « Nations nègres et culture ».
Aujourd’hui, cet ouvrage « L’Histoire générale de l’Afrique » est devenu une source nourricière aux nombreuses recherches en matière d’histoire africaine. Et nous le devons à l’Unesco à l’ère de Amadou-Mahtar M’Bow qui l’a financé.
Personnellement, l’ex directeur général de l’Unesco est l’auteur de nombreuses publications, dont plusieurs sur les missions de l’Unesco notamment : « Les sources du futur » : La problématique mondiale et les missions de l’Unesco (L’Harmattan, 2011).
Il a également contribué aux publications de l’Académie du Royaume du Maroc à travers une trentaine de communications traitant des grands problèmes culturels, politiques, économiques et sociaux du monde, souvent sous un angle africain.
PATRIMOINE CULTUREL, SON CHANTIER DE PRÉDILECTION…
À l’Unesco, en matière de patrimoine culturel, Amadou-Mahtar M’Bow, a commencé à ériger la fondation de l’édifice dès 1970.
En ce moment, il n’était que sous-directeur général de l’Unesco. Sa mission, il avait mis en contexte la naissance de la Convention de 1972, relative au patrimoine culturel immatériel mondial.
Ainsi, il a su impulser l’importance de la coopération internationale et appelle à la protection des patrimoines trop souvent négligés, du patrimoine moderne aux sites naturels.
Amadou-Mahtar M’Bow, a également accordé une place prépondérante aux archives orales de la Convention du patrimoine mondial.
Pendant les années en tant que directeur général de l’Unesco, Amadou-Mahtar M’Bow a supervisé le travail du secrétariat pour la Convention du patrimoine mondial.
Il a reçu les premières ratifications ayant permis l’entrée en vigueur de la Convention et a connu l’inscription des premiers sites sur la Liste du patrimoine mondial en 1978.
Par rapport à ce chantier, les annales ont conservé les débuts de la Convention, les défis de la conservation des monuments menacés et les objectifs de la Convention.
Aujourd’hui, la liste du patrimoine mondial est une réalité indéniable avec des réussites et des difficultés.
Grâce au travail de M’bow, on a aussi les déclarations de principes, les orientations, l’emblème du patrimoine mondial, les États parties et les organisations consultatives.
De l’oeuvre titanesque de M’bow, on a en outre, la liste du patrimoine mondial en péril, les nouveaux biens inscrits, les critères de sélection.
Amadou-Mahtar M’Bow a également travaillé sur des chantiers comme des biens culturels volés en Afrique sans oublier le nouvel ordre mondial de la communication
Amadou-Mahtar M’Bow, né le 20 mars 1921 à Dakar et mort le 24 septembre 2024.
En tant que 1er directeur général de l’Unesco, institution qu’il a présidée de 1974 à 1987, il a fait ses études supérieures à la Sorbonne en France pour enseigner l’histoire dans les années 1950.
Salifou DIAGNE correspondance particulière depuis Bruxelles
Site lafriqueenmarche du 30 septembre 2024 No 734