Le président de l’APP,

le constitutionnaliste béninois et professeur d’université, Philippe Noudjènoumè,
a tenu en haleine les congressistes de ladite alliance avec un discours mémorable à l’ouverture du 1er congrès de l’Alliance pour la patrie qu’il préside depuis trois ans. C’était à la Bourse du travail de Cotonou le 12 octobre dernier. Lisez ci-dessous sa déclaration où l’orateur après avoir félicité les pouvoirs en place dans les trois pays met en exergue sa vision pour la suite du combat idéologique contre l’impérialisme français.

…LA REVOLUTION PATRIOTIQUE AU SAHEL,COROLLAIRE DE LA REVOLUTION PHILOSOPHIQUE ET CULTURELLE MONDIALE ET DE LA CRISE DE L’IMPERIALISME FRANÇAIS.

Mesdames et amis, chers camarades, depuis notamment 2021, une révolution est en cours au Sahel ; cela consécutif à des coups d’Etat militaire ; cela a commencé par le Mali en 2021, s’est étendu au Burkina Faso ( 2022) puis enfin au Niger (2023). Comme on le sait, un coup d’Etat( putsch) est une opération militaire se déroulant en dehors et sans l’intervention du peuple. Et à ce titre en lui-même, un coup d’Etat ne peut être considéré comme populaire et révolutionnaire.
Ce qui importe, ce sont les actes ultérieurs posés par un pouvoir putschiste qui peuvent déterminer la réaction des masses et leur appréciation. Dans le cas actuel, ce sont des actes posés face à la contradiction principale du moment qui peuvent en être le critère d’évaluation. Les colonies françaises vivent un retard historique ; ils ont raté le coche de la première indépendance. La puissance coloniale française a eu le génie malfaisant de conserver la réalité coloniale de ces Etats « Enclos français » sous une fausse étiquette d’indépendance, à travers le Pacte colonial. Elle y a déversé un simulacre de démocratie (en fait démocratie de prisonnier, démocratie de fraude et de tromperie !) On vous impose des Chefs d’Etat fascistes sous couleur de démocratie pour le pillage des ressources etc. La conséquence, c’est les retards économiques, sociaux et culturels que ces pays « Enclos français , accusent vis-àvis de leurs frères anglophones et autres. La contradiction principale donc aujourd’hui dans ces pays, est celle qui oppose l’impérialisme colonial français aux peuples de ces pays. La tâche principale est donc de « briser le carcan colonial. Et ceci avant toute autre considération. Il se fait que ces pouvoirs putschistes avec le soutien actif de leurs peuples se sont mis à s’attaquer aux intérêts coloniaux français (d’exploitation et de pillage) dans leurs pays et sont combattus férocement par les colonialistes français.

Ainsi, le pouvoir putschiste du Mali, et à sa suite, du Burkina et du Niger, se mettent en œuvre de prendre des mesures allant dans le sens de la suppression du Pacte colonial, tels : dénonciations des accords de type colonial par les nouvelles autorités, le départ des bases militaires françaises des pays, dénonciation de la suprématie de la langue française dans nos administrations et justice, la levée des pillages des entreprises et monopoles colonialistes de type tels Orano ex-AREVA, Bolloré, Colas, Bouygues, Super-U etc. des mesures d’organisation économique de libération vis-àvis des monopoles avec le début d‘installation des unités de transformation des matières locales et ce pour la consommation locale ; la proclamation de principes patriotiques : droit de choix de nos partenaires stratégiques ; droit de souveraineté sur nos ressources, droit de leur transformation sur place etc. Autant de débuts de remises en cause des éléments constitutifs du Pacte colonial.
Tout cela ne mérite pas d’autre mot que révolution.

Mais de quelle révolution s’agit-il ?

Il s’agit d’une révolution patriotique. Il s’agit d’une deuxième indépendance. En fait cette révolution patriotique est nécessaire au terme de la nécessité historique et est par conséquent irréversible. C’est exactement comme la révolution française qui malgré ses hauts et bas a fini par emporter tous les pouvoirs despotiques d’ancien régime européen. Il en est de même actuellement ; même en cas de retour en arrière, par suite de renversement de pouvoirs, d’assassinat contre les dirigeants etc. en cas éventuels des trahisons des dirigeants actuels de ces pouvoirs sous divers prétextes, le mouvement patriotique anti-impérialiste français se poursuivra et d’autres se lèveront pour continuer la lutte et tenir le flambeau.

La fin de « l’empire qui refuse de mourir » est arrivée et est irréversible et la crise du système impérialiste français est aussi irréversible. Ce sont ces considérations qui fondent nos analyses. C’est aussi pour cela qu’une appréciation différenciée est faite par rapport aux putschs de Guinée et du Gabon qui se sont révélés ouvertement des coups montés par le colonialisme français.

L’Alliance a eu à soutenir ces Pouvoirs du Sahel, en tant que pouvoir patriotique. Car, ils réalisent sous nos yeux, avec tatonnement certes ( tatonnement compréhensible parce que, en période de guerre et sous les feux croisés de l’ennemi colonialiste) le programme patriotique qui fait la trame de l’existence de l’APP. Tous ceux qui au nom du « respect des « droits de l’homme » s’allient aux impérialistes français dans leurs guerres de domination contre ces pouvoirs patriotiques, font fausse route ; car se mettent objectivement du même côté que l’ennemi des peuples africains et seront rejetés par l’histoire.
L’Alliance a eu aussi à saluer l’acte hautement patrtiotique et panafricaniste de création de la Confédération de l’Alliance du Liptako-Gourma ou AES et formule qu’elle se renforce et soit un embryon du panafricanisme, de l’unité africaine, si cher à nos cœurs.

Site lafriqueenmarche du 14 octobre 2024 No 745