L’Editorial de Titus FOLLY
La défense des prévenus, avec le redoutable briscard du barreau béninois, Me Kato Attita, a-t-elle bien fait de claquer la porte ? Analyse dans l’exercice de L’Editorial du jour.
La défense a critiqué la proximité de la présidente avec le régime de la « Rupture ». Le droit le permet.
Au nom du même droit, le procureur spécial de la Criet n’a pas mal fait de critiquer cette façon de voir.
Cependant, avec son profit d’ondes, Me Attita (surtout lui), en claquant la porte, n’a-t-il pas privé l’opinion d’une occasion exceptionnelle de se faire une idée sur la véracité ou non de cette présumée tentative de coup d’État?
Me Kato Attita et ses autres confrères de la défense refusent de cautionner une mascarade judiciaire.
Dès lors, par rapport à la construction de leurs motivations, ils ont choisi d’exploiter toutes les failles du parquet. Les avocats des prévenus n’ont donc pas inventé la roue contrairement aux quolibets à leur endroit. C’est donc une stratégie universelle.
En effet, en agitant deux exceptions dont l’une est relative à une supposée connivence entre la présidente et le régime en place, la défense a choisi la confrontation des terrains. Peut-on regretter cette stratégie de la défense?
PARTIE ACTIVE…
En se retirant des débats qualifiés de « trompe-l’oeil », la défense laisse sur la faim, une grande partie de l’opinion. Cette dernière regrette avec intensité, cette sorte de gâchis. Et ce pour plusieurs raisons.
D’abord, la défense à la chance d’avoir dans son armada, Me Kato Attita. Celui-ci n’est pourtant pas n’importe qui. En effet, ce mandarin du barreau béninois, a l’art de dégeler les dossiers cousus de fil blanc.
Il était capable de détricoter tout et de nous fournir une quantité d’informations inédites. Il était en mesure de nous donner la possibilité de saisir « la chair » du procès, d’avoir « l’âme de ce dossier entre frères, amis et associés.
Ensuite, de part ses qualités intrinsèques, Me Kato Attita est un érudit inégalé. Il faut le voir en audience dans son art expressif d’humoriste dans un camp de base d’émotions. Il sait traverser les non-dits. Il sait surfer sur les reliques d’autres procès dans l’histoire sur le plan international que national pour donner une autre tonalité à une audience.
La question de « la recherche de la vérité » apparaît fondamentale dans la procédure surtout dans un dossier si sensible de tentative de coup d’État.
… LIGNE DÉSACTIVÉE
Malheureusement, Me Attita, un ‘érudit emblématique a refusé de servir de caution. Il n’est ni « indocile », « rebelle » et « pessimiste ».
Néanmoins, en se retirant pour laisser la place aux avocats commis d’office, les quatre mois de conseils au profit des prévenus sont comme de vains efforts. La grande richesse de ce procès ne risque-t-elle de tomber dans la profondeur?
Dans la liturgie des procès depuis 2016, celui de Boko est plus important que ceux de Madougou, Ajavon et Aïvo. En allant au bout de ces procès passés, l’opinion a pu se faire une idée sur leur oralité.
Dans le modèle accusatoire, les avocats commis d’office n’auront pas les mêmes pesants dans le travail abattu et accompli. Il ne peut en être autrement.
Mieux, Olivier Boko, Oswald Homéky et les autres prévenus auront-ils encore les mêmes sensations pour reprendre à zéro le don de soi mélancolique comme aux premières heures de leur interpellation ?
La défense a dit urbi que ce procès ne sera pas équitable et impartial.
Elle doute que ce procès ne sera pas centralisé sur une vision d’efficacité, de respect du contradictoire et des grands principes du droit.
Certes, la figure du juge est celle d’un arbitre impartial, qui veille au respect des règles de procédure. On pouvait après l’exception soulevée poursuivre les débats. C’est mon avis.
Mais Me Attita et les autres ont leur intime et profonde conviction. Nous la respectons.
Site lafriqueenmarche du 23 janvier 2025 No 817