Il y a de nombreux facteurs qui influencent la perception locale et la consommation d’insectes comestibles en République du Bénin. Une spécialiste dans le domaine en parle sans tabous.
Corinne Mèdéou Anagonou est chercheuse à l’Ecole doctorale EDSTIM de l’Université de Calavi. Ses travaux de recherche visent à contribuer à la réduction de la malnutrition au Bénin à travers la valorisation des insectes comestibles, notamment le grillon géant d’Afrique.
Elle a davantage livré le fruit de ses travaux lors de l’Atelier sur l’utilisation et la valorisation d’insectes commestibles dans l’alimentation humaine et animale, atelier qui s’est déroulé à Grand-popo les 15 et 16 juillet 2024.
Selon Corinne Mèdéou Anagonou: « Un intérêt de plus en plus grandissant est accordé à l’utilisation des insectes comestibles dans l’alimentation de l’homme au niveau de plusieurs pays en développement.».
INVERSER LA TENDANCE…
Elle poursuit: «Cependant, la consommation d’insectes au Bénin se trouve jusqu’à présent réduite à quelques groupes socioculturels des milieux ruraux et demeure ainsi un challenge majeur pour la promotion de l’entornopha-gie au sein de la population Béninoise…».
De l’avis de l’experte béninoise : « Nos recherches ont étudié les facteurs qui déterminent la perception et la consommation des insectes comestibles en République du Bénin. Pour ce, 479 répondants ayant pratiqué l’entomophagie dans le passé et qui continuent de consommer les insectes ou pas ont été enquêtés dans 91 villages des départements de l’Alibori, l’Atacora, Zou et du Plateau à travers des enquêtes individuelles à l’aide d’un questionnaire semi-structure…».
Corinne Mèdéou Anagonou a fait savoir lors de son exposé que : « La majorité de ces répondants étaient des adultes (74,82%) et des personnes âgées dont (57,91%) avaient une fréquence élevée de consommation d’insectes…».
De l’exposé de ses recherches, il ressort que : « L’analyse de classification hiérarchique sur la composante principale combinée avec une analyse factorielle réalisée avec les informations collectées sur les caractéristiques socio démographiques et culturelles des ménages ainsi que les diverses perceptions des sujets enquêtes sur l’entomophagie a montré que l’ethnie, la religion (P l’âge, le niveau d’éducation étaient les facteurs majeurs qui influençaient la perception des répondants concernant la consommation d’insectes…».
«En fonction de ces facteurs, les répondants ont été catégorisés en trois groupes distincts avec des perceptions très différentes de l’entornophagie. Le premier groupe qui comprenait 14,31% des répondants Ottamari a été caractérisé par des consommateurs ayant une perception très négative de l’entomophagie et qui ne sont pas prêts à la promouvoir…», affirme Corinne Mèdéou Anagonou.
Elle poursuit : «Le deuxième groupe comprenait 59,40 % des répondants, principalement des consommateurs Yoruba (36,69 %) et Ottamari (50,72 %) ayant une perception positive de l’entomophagie.».
Selon elle : « Le troisième groupe qui a inclus 26,29 % des répondants notamment des Dendi (65,85 % } et Fon (21,95 %), pratiquant l’Islam (73,17 %) oni été très favorables à l’entomophagie et sa promotion.»
« L’analyse de régressions multiples a montré que l’appartenance à l’ethnie Ottamari, la pratique de la religion chrétienne et animisme ainsi qu’une accessibilité difficile au marché ont un impact positif sur les fréquences de consommation des insectes au sein de la population ciblée.», fait savoir la chercheuse béninoise.
« Ces résultats pourront servir d’informations de base pour mieux orienter les actions visant à promouvoir l’entomophagie en République du Bénin.», dit Corinne Mèdéou Anagonou pour conclure.
Olga HOUÊVI
Site lafriqueenmarche du 5 août 2024 No 707