Au regard de l’état insalubre des cimetières au Bénin, que faut-il faire? Continuer par enterrer dans les cimetières broussailleux, enterrer à la maison dans les localités d’origine du défunt ou procéder à l’incinération comme feue Rosine Soglo selon ses dernières volontés?
Pas de traçage de tombes et de pistes, pas de plaques indicatives de tombes, pas d’aménagements paysagers, pas de clôture dans certains cimetières…tel est le constat fait dans les cimetières du Bénin.
Mieux, certains cimetières sont également devenus des dépotoirs d’ordures, des lieux de sacrifices et des refuges pour les malades mentaux, les mendiants et des personnes hors-la-loi (délinquants et autres voleurs).
Au Bénin, les cimetières font l’objet de peu d’attention en termes d’aménagement, de gestion et d’entretien. Le constat est que ces espaces funéraires ne bénéficient pas suffisamment d’attention.
Au-delà de ce constat, les cimetières sont quasiment exigus et saturés. En dépit du fait que les espaces des morts aient des fonctions clés, ils sont dans l’impasse en termes de gestion. Ce qui les expose à des pratiques inciviques.
AU CONSTAT…
Le cimetière est défini comme étant : « Un espace public, sacré, spécialement aménagé, où après une cérémonie, on enterre des morts dans des tombes individuelles ou lignagères où leur souvenir est généralement signalé par un monument, des symboles ou des inscriptions ».
Pour cela, le cimetière constitue un révélateur indéniable de la relation de l’Homme au territoire et aux morts.
Ces lieux où doivent reposer « paisiblement » les morts, sont en proie à l’oubli et à une gestion peu civique de la part des pouvoirs publics et des citadins. Dès lors, leur entretien et leur gestion souffrent de négligence.
On connaît les liens des Béninois aux obsèques. Cependant, il y a en outre, les enjeux liés à l’opérationnalisation relative aux priorités différenciées.
Alors, quelle est la place des cimetières dans la gouvernance locale au Bénin? Comment gère-t-on les cimetières à travers les instruments de planification, l’aménagement, la gestion et l’entretien de l’existant?
Si la fonction principale du cimetière est d’accueillir les morts, ce qui fait de lui, un lieu à part, un lieu isolé que l’on peut estimer sacré ou à protéger, les espaces funéraires au Bénin ne connaissent-ils pas de plus en plus un désintérêt?
En effet, la croissance urbaine bouleverse inéluctablement non seulement la structure urbaine de nos grandes villes en la fragmentant, mais aussi les relations avec les espaces réservés aux morts.
Conséquence, les cimetières se retrouvent enserrés dans un tissu urbain qui se transforme progressivement pour répondre plutôt aux besoins de logements, d’infrastructures, de zones d’activités commerciales, etc.
Ils deviennent alors des pièces urbaines que cette urbanisation doit « absorber » face à d’autres fonctions urbaines jugées primordiales.
Alors que les cimetières existants sont confrontés à la saturation et que le foncier devient un enjeu majeur du fait de la dynamique accentuée des activités liées à la promotion foncière et immobilière, cette situation de précarisation des cimetières ne doit-il pas nous conduire à un changement de cap ?
…L’INCINÉRATION LA SOLUTION ?
Fait-il continuer d’enterrer dans nos cimetières insalubres ou faut-il incinérer comme Rosine Soglo selon ses dernières volontés.
Le 25 juillet 2021, Rosine Soglo rendit l’âme. Contre toute attente, ses proches font recours à son testament. L’illustre disparue exigea une incinération.
On connaît les liens forts des Béninois avec les morts, qu’ils soient chrétiens ou musulmans.
Cependant, une fois les obsèques terminées, les Béninois judéo-chrétiens surtout ne retournent aux cimetières que lors de la fête des défunts qui suit l’inhumation de leurs proches.
Face à la situation d’abandon des cimetières, la
crémation, une tradition asiatique peut-elle devenir l’alternative?
Pour faire l’incinération, il faut des fours crématoires. Il n’y en a pas au Bénin. Le plus proche du Bénin se retrouve à Accra.
On a encore en mémoire, le rapatriement dans la capitale ghanéenne de la dépouille de Rosine Soglo après la messe de requiem à Cotonou.
Et si le gouvernement définissait des perspectives d’acquisition et d’installation dans la capitale béninoise dans ce sens?
Pour rappel, si l’église catholique accepte l’incinération depuis 1963, les musulmans et juifs s’y opposent.
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Elysée LAHAMY
Site lafriqueenmarche du 3 novembre 2024 No 760