« Ce sera difficile pour les partis politiques d’avoir le moindre député…», peut-on retenir suite à un débat grâce à « Ça fait débat sur Wathi », un think tank basé à Dakar (Sénégal), et qui bénéficiait jusqu’en fin octobre 2024 d’une chronique dominicale sur la RFI.
« Réformes électorales et perspectives politiques au Bénin », tel était l’intitulé d’une table ronde virtuelle consacré récemment au Bénin et organisé par « Wathi », il y a quelques jours.
La mouvance présidentielle a été représenté par Malick Gomina. Le pennon de l’opposition était détenu à ce débat par Nathaniel Hinnougnon Kitti, du principal parti d’opposition « Les démocrates ».
Au titre de la société civile, on a Maryse Glèlè Ahanhanzo, coordinatrice nationale de Wanep-Benin et Expédit Ologou de CIAAF, un think tank basé à Cotonou Bénin.
CODE ÉLECTORAL : SUBSTANCE…
Cette table ronde a permis d’examiner les réformes du cadre électoral et des réformes institutionnelles de manière générale mises en œuvre sous la présidence de Patrice Talon.
Oui, ce fut l’occasion aussi de se projeter dans les prochains mois alors que des élections communales, législatives et présidentielle prévues en 2026 sont déjà dans toutes les têtes.
L’exercice a d’abord permis de mieux connaître et faire connaître les nouvelles dispositions du code électoral modifié en mars 2024, des dispositions d’une telle complexité que beaucoup de citoyens sont perdus.
Le code électoral durcit considérablement les conditions de candidature à la présidentielle et d’obtention de sièges de députés.
Pour être éligibles, les candidats à la présidence et à la vice-présidence devront avoir le parrainage d’un nombre de députés et/ou de maires correspondant à au moins 15% de l’ensemble des députés et des maires et provenant de 3/5ème des circonscriptions électorales législatives.
Et un député ou un maire ne pourra parrainer qu’un candidat membre ou désigné du parti sur la liste duquel il a été élu. (Un député ou maire ne pourra parrainer un candidat issu d’un autre parti qu’en cas de signature d’un accord de gouvernance conclu avant l’élection).
Sous toutes les coutures, les débats ont démontré que le code électoral est bien étrange et suscite un malaise politique profond surtout s’agissant de l’élection des parlementaires.
Il sera difficile pour les partis politiques d’avoir le moindre député puisque seuls pourront obtenir des députés les partis dont les listes ont recueilli au moins 20% des suffrages exprimés dans les 24 circonscriptions électorales législatives.
« Ce seuil de 20% dans toutes les circonscriptions pour qu’un parti puisse obtenir le moindre poste de député est un record mondial.», selon les débats.
…POINT DE VUE DE LA MOUVANCE
Pour le pouvoir en place, ce code électoral est cohérent avec l’objectif assumé de structurer le champ politique autour de grands partis en nombre très limité
Ce point de vue du camp présidentiel a été défendu par Malick Gomina. Celui-ci est député issu de l’un des deux partis soutenant le président Talon à l’Assemblée nationale du Bénin.
Le député Gomina explique que : « Les réformes ont conduit à une réduction significative du nombre de partis politiques, passant de plus de 200 à une dizaine. Cette transformation vise à simplifier le paysage politique et à favoriser une gouvernance plus stable ». Il fallait selon lui corriger le système partisan dans son fonctionnement.
CODE VU PAR L’OPPOSITION…
Ce point de vue a été balayé d’un revers de main par Nathaniel Hinnougnon Kitti.
Celui-ci est enseignant-chercheur en science politique à l’université d’Abomey-Calavi et aussi vice-président du principal parti d’opposition « Les démocrates », est très différent.
Il estime que les réformes introduites depuis l’arrivée de Patrice Talon au pouvoir ont contribué à dégrader la démocratie.
…SOCIÉTÉ CIVILE : LECTURE EXPLIQUÉE
Le point de vue de l’opposition est partagé par les deux autres invités, qui sont de la société civile. Il s’agit d’abord de Maryse Glèlè Ahanhanzo.
Elle est coordinatrice nationale de Wanep-Benin. C’est un réseau de la société civile pour l’édification de la paix en Afrique de l’Ouest.
L’autre participant au titre de la société civile, a nom Expédit Ologou.
Il est président du Civic Academy for Africa’s future (CIAAF), un think tank béninois.
PRINCIPALE RECOMMANDATION…
Au terme de cette table ronde virtuelle, la principale recommandation est la relecture du code électoral perçue comme un facteur de crise potentiellement grave.
Tout à fait et cela traduit un malaise beaucoup plus profond. C’est la paix, la stabilité politique, la cohésion nationale et l’avenir des libertés individuelles qui sont en jeu.
Maryse Glélé Ahanhanzo a demandé avec gravité aux acteurs politiques de « prendre un tout petit en compte l’intérêt des populations du Bénin.», ainsi que l’ouverture d’un dialogue sur le code électoral et les conditions des futures élections.
Le Bénin, le pays qui a inauguré les conférences nationales des années 1990 est à la croisée des chemins.
Source « Ça fait débat sur Wathi »
Source lafriqueenmarche du 17 novembre 2024 No 767