Le président ivoirien, Alassane Ouattara, a reçu àAbidjan son homologue ghanéen, Nana Akufo Addo. C’était le vendredi 11 octobre 2024. En marge des échanges, les deux leaders ont abordé la marche vers l’Eco, la prochaine monnaie commune de la CEDEAO. Une nouvelle fois après Emmanuel Macron, le président Ouattara lance le débat relatif à la monnaie commune de la CEDEAO sans le Nigeria. Alassane Ouattara n’ébranle-t-il pas le reste de la communauté avec son approche ?
Alassane Ouattara a fixé comme nouveau cap pour l’Eco, l’an 2026. Il a fait cette annonce à Abidjan en présence du président ghanéen, Nana Akufo Addo. C’était dans le cadre de la 1ere Conférence au sommet de l’Accord de partenariat stratégique Côte d’Ivoire/Ghana.
En discutant en catimini avec Emmanuel Macron, après avoir ignoré l’ex président du Nigeria Buhari, le voici à nouveau dans la même posture à l’endroit de Bola Tinubu, l’actuel chef de l’État du Nigeria.
En effet, peut-il avoir l’Eco sans le Nigeria, leader incontesté de la Zone monétaire ouest africaine ( ZMAO)? Dans les couloirs institutionnels et gouvernementaux à Abuja, on est surpris par cette annonce.
NIGERIA : PASSAGE OBLIGÉ POUR…
Dans la zone ZMAO, on retrouve d’abord le Nigeria. C’est la locomotive de la ZMAO. Ce pays représente avec les autres pays, une population de 190 millions d’habitants et un PIB de près de 500 milliards de dollars.
Dans la ZMAO, après le Nigeria, on a ensuite les autres comme le Ghana, la Gambie, la Guinée/Conakry et la Sierra Leone.
Pour organiser le requiem du CFA pour passer à l’Eco, la Côte d’Ivoire ne peut donc faire sans le Nigeria.
Mieux, pour passer à l’Eco, il faut une étape primordiale, celle de la création d’une Banque centrale. Cette dernière aura pour mission d’assumer la convergence des trois zones financières de la CEDEAO avant la mise en circulation de ladite monnaie. Ce qui passe par un Conseil de convergence. Tout ce processus est loin d’être une réalité.
En effet, dans la CEDEAO, il y a trois zones financières. Hormis la ZMAO, on a l’Uemoa, qui regroupe le Bénin, le Niger, le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Togo, la Guinée Bissau et le Mali.
Outre, la ZMAO et l’Uemoa, il y a le Liberia et le Cap-Vert qui ne sont ni dans la ZMAO ni dans l’Uemoa. Ces deux pays sont contraints de suivre l’approche du Conseil de convergence pour se joindre à l’une des deux zones et au Programme de coopération monétaire de la CEDEAO pour la réalisation de cette monnaie commune.
Contrairement à l’Uemoa qui a le Franc CFA, la ZMAO a autant de monnaies que de pays.
A l’allure des postures, le président Ouattara semble fait des annonces sans tenir compte de la réalité.
Alassane Ouattara qui est pourtant un financier de renom doit comprendre que pour quitter le CFA pour l’Eco, il y a des préalables.
…LE REQUIEM DU CFA
Et dans cette logique, la Commission de la CEDEAO doit maintenir sa collaboration avec les autres institutions régionales et les États membres impliqués dans le programme de coopération monétaire. Objectif, s’assurer de la mise en oeuvre effective du processus. Ainsi, en temps opportun, la feuille de route pour le programme de la monnaie unique en vue sera déclinée.
Avant l’adoption de l’Eco après le requiem du CFA,
le Conseil de convergence a un rôle capital à jouer.
Ce Conseil doit inviter les Etats membres à maintenir les politiques fiscales et monétaires appropriées.
Le même Conseil doit veiller à la mise en oeuvre rigoureuse de politiques structurelles et institutionnelles dans le cadre du mécanisme de surveillance multinational.
Seule cette approche peut contribuer à mettre en place une convergence et une Union monétaire commune.
Malheureusement, Alassane Ouattara a choisi d’engager les discussions avec le président de Ghana. Malheureusement, il se fait que le chef d’Etat ghanéen est en fin de mandat, car il doit céder les rênes de son pays en décembre 2024.
Si ce processus de passage du CFA à l’Eco doit connaître un aboutissement idéal, Alassane Ouattara ne peut faire sans Bola Tinubu.
Wilfried GBÊGAN correspondant au Nigeria
Site lafriqueenmarche du 14 octobre 2024 No 745