L’Afrique de l’ouest est considérée comme l’une des régions où les voyages en avion sont les plus chers en Afrique. Face à cette situation, la CEDEAO prend les taureaux par les cornes et annonce des stratégies pour des prix abordables dès janvier 2026. Une réunion d’experts et de décideurs vient de s’achever dans la capitale togolaise..
« De Lomé à Abidjan, à peine une heure de vol, la moins chère des compagnies vous prend 300.000 F CFA. C’est très cher et ce n’est pas normal…», dit en guise de coup de gueule Kwamé Kaku, un Ivoirien qui venait de descendre à l’Aéroport international Nmamdi Azikiwe d’ Abuja au Nigeria.
Bello Hassan, expert nigérian en trafic aérien enfonce aussi le clou. « Il y a eu depuis longtemps un SOS par rapport aux billets chers en Afrique de l’ouest. Les rapports du Conseil international des aéroports (ACI-Airports Council International) et font foi. Cet organe très respecté dans le monde pointait déjà du doigt, les pays africains qui appliquent les taxes et redevances aéroportuaires les plus élevées au monde…».
« Le montant des taxes par passager peut dépasser 100 USD selon les différents rapports de l’ACI-Airports Council International. Ce qui augmente le prix des billets d’avion et rend ce mode de transport moins abordable.», dit-il agacé pour conclure.
CEDEAO : ENFIN…
Face à cette situation, la CEDEAO qui prône depuis 50 ans la libre circulation des personnes et des biens ne peut rester insensible analyse un haut fonctionnaire de l’institution sous-régionale à Abuja qui a requis l’anonymat.
« La CEDEAO, après une longue léthargie a compris que la libre circulation des personnes et des biens est une priorité. Cette dernière passe par le développement du secteur aérien en Afrique de l’ouest. D’où cette réunion salutaire de Lomé la semaine dernière…», se réjouit encore le fonctionnaire de la CEDEAO.
« C’est heureux de voir à Lomé, ministres de l’aviation, DG de l’aviation civile, responsables dudit domaine dans l’institution sous-régionale, responsables et parties prenantes de ce secteur échanger et faire bouger les lignes …», détaille Yasser Rachid, un spécialiste nigérian des services aéroportuaires.
« Au diagnostic, les réflexions de Lomé ont pointé les taxes et redevances aéroportuaires en général, taxes qui sont au-dessus de la moyenne. Ces taxes sont imposées par les gouvernements. Ce qui a de graves impacts négatifs sur le transport aérien de la région…», commente encore le spécialiste
…DÉCISION SALUTAIRE
« Cette situation ne pouvait plus prévaloir. Les participants de Lomé exigent des réformes relatives à la réduction des coûts opérationnels. Il s’agit notamment des redevances et taxes aéroportuaires. Tout les acteurs doivent s’entendre pour harmoniser les prix. Il s’agit des
opérateurs aéroportuaires, prestataires de services de navigation aérienne, autorités de l’aviation civile ainsi qu’à l’harmonisation des protocoles de sécurité…», détaille en outre le Nigérian Abass Mouftaou, assistant administratif au sol.
« Au-delà, la délicate question de la compétitivité des compagnies aériennes de la région, qui luttent pour survivre et qui doivent faire face à une concurrence féroce de la part des transporteurs étrangers a été aussi prise en compte. Si on ne corrige pas l’impact négatif important sur les compagnies aériennes, rien ne pourra changer. », a encore insisté le haut fonctionnaire de la CEDEAO.
« Les enjeux de la cherté du prix des billets d’avion interviennent à un moment où l’Afrique cherche à créer le Marché unique du transport aérien africain (MUTAA). Ce qui à terme
va ouvrir de nouvelles opportunités dans le tourisme.», poursuit encore le fonctionnaire de la CEDEAO.
Et pour conclure, il laisse à la postérité : «Peut-on parler de Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), sans opérer des réformes relatives à la réduction des coûts du transport aérien ? ».
«La date de janvier 2026 pour la mise en application des réformes de Lomé nous réjouit à plus d’un titre», dit Kwamé Kaku, un passager ivoirien qui venait de descendre à l’Aéroport international « Nmamdi Azikiwe » qui dessert la capitale du Nigeria.
Wilfried GBÊGAN correspondant au Nigeria
Site lafriqueenmarche du 13 novembre 2024 No 764