Géographe-agroéconomiste de formation, ancienne directrice de cabinet du président Mathieu Kérékou, Célestine Zanou a présenté la conférence inaugurale du colloque national organisé par l’Eglise catholique. C’était le jeudi 25 avril 2024 au « Palais des congrès » de Cotonou. Faisons un retour sur les temps forts de cette conférence inaugurale.
À l’heure des grands rendez-vous au plan national, l’histoire s’écrit avec des personnes choisies par le destin.
Ainsi en est-il de Célestine Zanou, une femme à plusieurs casquettes qui maîtrise bien le Bénin sociopolitique et socioéconomique.
FEMME DE VISION
Cette connaissance profonde du Bénin fait d’elle une femme de vision quant aux bases essentielles sur lesquelles va se construire le développement harmonieux du Bénin.
Pour cela, cette femme, de vision n’a cessé de dire qu’il est important que notre pays continue d’œuvrer pour la sauvegarde de la paix sociale.
AU CHEVET D’UN CODE QUERELLÉ
Comme un médecin, Célestine ZANOU, au chevet du Code électoral voté dans la nuit du 05 au 06 mars 2024, a fait un diagnostic extraordinaire.
Perçu comme un code électoral exclusif et dangereux pour la paix sociopolitique au plan national, il était devenu urgent de parer au plus pressé en opposition à la vision d’une majorité de parlementaires, des membres du gouvernement et leurs supporters.
Le nouveau code électoral mérite d’être toiletté s’il doit servir pour les élections générales en 2026.
De ce fait, lors de cette conférence inaugurale, Célestine Zanou a tracé et indiqué la voie et la conduite à suivre pour éviter que le Bénin ne bascule dans une crise puis dans un conflit.
C’est pourquoi, il urge que tous les acteurs accordent une grande priorité à l’écoute mutuelle. Aussi, doivent-ils prêter grande attention à tous comportements physiques et moraux pouvant aider à asseoir les bases réelles, saines pour la manifestation de la paix sociale et d’un vivre-ensemble effectif. Pour la conférencière, tous ces paramètres sont gage du développement harmonieux du Bénin, un État-nation que tous les citoyens sont appelés à construire ensemble et dans un élan de solidarité.
Pour y parvenir, il faut selon elle, s’éduquer aux comportements favorisant l’acceptation des uns et des autres.
AUTRES TEMPS FORTS D’UNE PRÉSENTATION PÉDAGOGIQUE
Avec le doigté d’une experte en la matière, Célestine Zanou a su amener dans un premier temps, les participants au colloque à faire correctement la différence entre une crise et un conflit et s’approprier correctement la notion de Nation avec les nuances nécessaires.
Dans un second temps, elle a diagnostiqué les séquences de crises politiques majeures ayant secoué le Bénin de 1960 à nos jours.

À bien écouter Célestine Zanou, il apparaît clairement que les crises n’ont pas toujours connu une bonne résolution.
C’est pourquoi, elle propose de : [
a. Rompre avec la culture du « DJO XO DO, MAN DO XO », cette tendance à l’apaisement sans
vider le dossier a édifié chez nous un vivre ensemble de façade. Il faut apprendre à crever les abcès pour un réel apaisement des cœurs. La réconciliation n’est réalité que dans la justice et la vérité. C’est un processus en trois temps et la République d’Afrique du Sud de Nelson Mandela l’a si bien compris. Il nous faut construire une société de discussion courtoise, de dialogue et de discours rationnel délivré dans une certaine agora pour éclairer nos chemins dans l’œuvre de construction de la nation.
b. Restaurer la sacralité de la parole donnée et l’intégrité de la parole politique. En effet la parole politique au Bénin a été profanée par le personnel politique majeur, je veux dire des personnalités qui ont rang de leader (cet anglicisme devenu usuel en français veut bien dire personne qui conduit) mais qui deviennent ainsi des gens à parole douteuse, des gens qui n’inspirent plus confiance, des gens à qui on peut opposer des propos d’hier qui sont aux antipodes des pratiques d’aujourd’hui. Or il est une évidence que la cité ne se construit que sur la vérité produite à la lumière de la raison et de la foi. Un adage de chez nous dit : « HO
DJO HO WE NON KPLE TO ». (C’est la vérité qui unit et réunit). À la conférence nationale
de 1990, le Bénin a eu le mérite d’avoir déballé des choses, qualifier des personnes. Rester 10 jours ensemble pour parler de notre pays a laissé une trace positive : la culture du dialogue pour nous sauver nous-mêmes. Il nous faut donc des instances de vérité qui nous aident à repartir de nouveau, à rebondir après chaque crise mineure, évitant ainsi le conflit. Il faut donc recourir au dialogue mais un dialogue de vérité, à la discussion sociale permanente…».
D’autre part, elle insiste sur trois points importants :
– que les médias béninois fassent
preuve de professionnalisme pour
éviter que leurs plumes ne soient des
facteurs de crise.
– que les intellectuels restent des défenseurs de la veuve et de l’
orphelin, c’est-à-dire de l’objectivité.
– que les autorités morales du pays
restent dans leur couloir d’action, jouer leur rôle sans se faire missionner par les hommes politiques.
En définitive, elle met l’accent sur la contribution de chaque couche de la population à la construction harmonieuse de l’État-Nation, un concept qu’il revient à chacun de défendre.

Le Bénin appartenant à tous, nul ne sera de trop pour l’édification d’un Bénin uni et prospère. Mais pour que cela soit, il est vivement que le pouvoir politique en place soit vraiment à l’écoute des populations qui réclament toujours l’idéal d’un État de droit dans une démocratie apaisée.
En guise de conclusion,
Célestine Zanou précise qu’il faut que l’église catholique et toutes les confessions religieuses parties prenantes à ce colloque, retiennent qu’elles ont : « Un rôle à jouer dans la prévention et la gestion des crises dans notre pays, dans notre Nation si fragile avec comme boussole la promotion des Hommes droits et justes.».
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Kolawolé Maxime SANNY
Site L’Afrique en marche du 7 mai 2024 No 636