La Chronique internationale de Salifou DIAGNE correspondant en Belgique
Le feu de brousse allumé par Goïta depuis Bamako a-t-il atteint Abidjan ? La décision du président Ouattara de rendre moins visibles, les Forces françaises à Abidjan, relève-t-elle d’un coup politique inspiré par l’exemple de Assimi Goïta ? Ou cette décision est-elle une revanche d’Abidjan sur Paris en ce moment où le dossier relatif au Groupe « Porteo BTP », dossier relayé récemment par le média « Africa Intelligence » ferait trembler des salons dans la capitale ivoirienne ?
« Nous avons décidé du retrait concerté et organisé des Forces françaises en Côte d’Ivoire. Ainsi, le camp du 43 ème BIMA de Port-Bouët sera rétrocédé aux Forces Armées de Côte d’Ivoire, dès ce mois de janvier 2025…», a déclaré Alassane Ouattara, le président ivoirien. C’était lors de son message de nouvel an aux Ivoiriens, le 31 décembre dernier
À cette occasion, le président ivoirien a annoncé que le nouveau fronton baptismal de ce camp du 43 ème BIMA de Port-Bouët, sera désormais appelé : « Thomas d’Aquin Ouattara », du nom du 1er chef d’état-major général de l’armée ivoirienne à l’indépendance de ce pays en 1960.
…DES INTERROGATIONS
Contre toute attente, le feu de brousse allumé par Assimi Goïta, le leader malien vient de gagner Abidjan.
Après Bamako, Ouaga, Niamey, Ndjamena, voici la capitale ivoirienne prise dans la spirale de fermeture des camps francais dans les pays africains.
Si au Mali, les contre-performances de l’opération » Barkhane » et l’élan souverainiste de Assimi Goïta ont été arrimés à la maturité dans le jugement, les observateurs avertis se perdent encore en conjecture sur le cas ivoirien. Il ne peut en être autrement.
En effet, Alassane Ouattara est réputé pour sa docilité et son allégeance à la galaxie française. Dès lors, aucune trace visqueuse de la part d’Abidjan n’est laissée sur l’arbre français depuis 2011, date de la prise de fonction de l’actuel dirigeant français grâce d’ailleurs aux troupes françaises.
Malgré cette docilité, pourquoi une telle décision dont l’amplitude est indéniable ? En cette veille de présidentielle en Côte d’Ivoire en octobre 2025, Ouattara qui a un grand capital chance pour gagner en cas de 4 ème mandat, a pris une décision militaire de nature politiquement populiste alors qu’il n’est pas en difficulté en cas de candidature à sa propre succession.
Est-ce pour cette raison que des analyses lieraient cette décision de Ouattara à l’eau qui serait rentrée dans le gaz entre Paris et Abidjan?
En effet, depuis quelques mois, le 1er cercle du pouvoir ivoirien tremblerait suite à une enquête française.
Cette dernière serait relative à un système de « corruption d’agents publics étrangers » et serait imputée au Groupe « Porteo BTP ».
Pour rappel, le media « Africa Intelligence » qui serait dans le secret de ce dossier a encore fait de présumées révélations le 23 décembre dernier. Au regard des contingences de ce dossier, s’agit-il d’une revanche des caciques du régime ivoirien?
Même si on ne peut de facto associer le nom de Ouattara à la contribution historique ardente du dégagisme des troupes françaises en Afrique, on ne saurait totalement ignorer la portée de cette décision.
Site lafriqueenmarche du 5 janvier 2025 No 801