L’Editorial de Murielle MENSAH

On a écouté Patrice Talon lors de l’audience accordée au Comité de pilotage de la Liste électorale à la Marina, le lundi 24 février dernier. Doit-on applaudir ce discours qui annonce un horizon prometteur ou doit-on rester méfiant?

« Quand on est en début de vie ou de mandat, de mission et consorts, on fait les choses avec tellement de fougue que parfois, on ne prend pas le temps de demander si ce qu’on fait est attendu de tous. Quand on est à la fin, on veut que les choses soient parfaites. », a déclaré Patrice Talon lors de cette audience.

Comment interpréter cette déclaration surtout quelques semaines seulement après le discours sur l’état de la Nation en décembre dernier au Parlement ?

Patrice Talon, par cette déclaration a mis en exergue sa capacité d’introspection, sa capacité de remise en cause.

TON NOUVEAU…

Ce message est nouveau aussi bien par rapport au contexte politique et par rapport à la cible.

Nous sommes à la veille des élections générales de 2026, surtout la présidentielle où il doit passer la main à la tête de l’État. Dans ce cas, cette déclaration réajuste sa vision en fonction des attentes et aspirations du peuple.

Ensuite, Patrice Talon a parlé devant une cible de choix. Il s’agit d’une délégation de quelques membres du personnel du plus grand parti de l’opposition ( « Les Démocrates »), de même que des figures de la société civile.

À titre de rappel, c’est le parti de Boni Yayi qui a fait cette demande d’audit de la Liste électorale. Patrice Talon a accédé à la requête en donnant les moyens financiers.

Ce jour-là, Patrice Talon a croisé certains membres de l’opposition et de la société civile chargés du pilotage de l’audit. L’histoire retiendra que tout s’est bien passé. Ce n’est pas souvent le cas quand Patrice Talon est en présence des membres du parti « Les Démocrates ».

Il laisse également à l’histoire ce message pour rassurer que la Liste électorale ne tremblera pas sous l’empire de la suspicion, au nom de la transparence relative aux prochaines élections. Cette déclaration apparaît donc comme un début de vision politique.

…EN ATTENDANT D’AUTRES GARANTIES

Si certains Béninois ovationnent, d’autres sont cependant sceptiques et méfiants. Pour eux, cette adresse ne suffit pas pour mettre au loin : « les ombres, nuages et doutes qui parcourent le corps des Béninois jusqu’aux phalanges…», pour reprendre cette citation de l’éditorialiste en chef, Titus Folly.

À la veille des élections générales de 2026, après la guerre des phrases tonitruantes, ce discours relatif à l’audit du fichier électoral à lui seul ne suffit pas pour avoir un ciel bleu.

Au-delà de l’audit (pour un fichier électoral qui doit tendre vers l’exemplarité), il y a d’autres facteurs structurels et conjoncturels, les uns indissociables des autres pour une sérénité électorale pour 2026.

Pour les élections à venir, il faut améliorer le système électoral opérationnel qui requiert aussi l’indépendance de l’organisation des prochains scrutins sans oublier l’impartialité pour les recours. Il y a aussi un code électoral inclusif. Ce qui n’est pas encore le cas au regard de certaines dispositions du code électoral.

Si ce discours n’a pas trop de charges, il faut d’autres conditions optimales pour que nos labeurs pour 2026 soient des trésors inestimables.

Si des Béninois ovationnent une prise de parole qui scintille, d’autres restent méfiants même si ce qui unit le Bénin, c’est son génie à puiser dans son consensus national.

lafriqueenmarche du 4 mars 2025 No 845