Le général Tiani a fait dans une récente interview, une déclaration fracassante relative à l’acquisition de drones en Chine par le Bénin. Il n’y a pas de mal si le Bénin confronté au terrorisme s’arme pour se défendre. Cependant, le comble de cette déclaration de Tiani, c’est que ces drones auraient été distribués aux jihadistes en guerre contre les trois pays de l’AES. Peut-on donner du crédit à ces révélations? À Cotonou, on dénonce une accusation sans fondement, tandis qu’à Niamey, on soutient que le général Tiani a les preuves de ce qu’il dit.
« Une commande en fin septembre dernier de drones acquis en Chine par le Bénin…», dit le président du Niger durant cette interview.
Il poursuit et cite les zones de distribution de ces engins de guerre aux terroristes comme à Zanfara, au Parc W, au Burkina et au Mali
Avec ces détails, le général Tiani est-il dans du lourd ou accuse-t-il le Bénin sans fondement?
À cette question, une source très introduite à l’état-major général des armées du Bénin jure que : « Dans notre pays, ce n’est pas le ministère de l’Intérieur qui procède à l’acquisition d’engins militaires, mais c’est le ministère de la Défense…».
Suite à une longue explication technique relative à la nomenclature des compétences de ces deux ministères, il persiste encore : « Le ministère de l’Intérieur ne peut procéder à l’acquisition de drones sans l’expertise du département de la Défense.».
Notre source révèle en outre que : « Le vendredi 24 mars 2023, à la faveur d’une cérémonie officielle en présence de la haute hiérarchie, le Bénin a reçu un don de drones de la Chine…».
«Ce don est-il confondu?», dit-il pour conclure.
Sur le versant politique, un député de la majorité présidentielle déclare: « C’est une réponse du berger à la bergère. Ici au Bénin, on s’attendait à une riposte suite au discours sur l’état de la Nation de Patrice Talon le 20 décembre dernier au Parlement…».
À COTONOU, DÉMENTI CATÉGORIQUE…
Notre interlocuteur poursuit et rappelle cette phrase de Talon au Parlement le 20 décembre dernier : « …malgré nos efforts qui nous permettent de contenir le mal, voire la faire reculer, nos forces de défense et de sécurité positionnées sur nos lignes de frontière Nord continuent d’être éprouvées par des terroristes en totale liberté dans les pays voisins…».
À Cotonou, insiste notre source, après l’accréditation des ambassadeurs des deux pays, la priorité des priorités pour le Bénin, c’est l’ouverture de la frontière du côté nigérien pour l’intérêt des deux peuples et non des manoeuvres souterraines pour déstabiliser le Niger.
À Niamey, une source crédible à la primature jure mordicus : « À ce niveau de responsabilités qui est celui du général Tiani, pensez-vous qu’il fera une telle déclaration s’il n’a pas les preuves de ce qu’il avance ? ».
Il poursuit et parle du bien-fondé des révélations du général Tiani : « Notre président n’est pas dans une approche ou méthode politique quant au recours fantaisiste ou à l’utilisation non conventionnelle de dossiers contre des cibles à abattre… ».
… À NIAMEY, INSISTANCES SANS NUANCES
Il insiste : « Suivons ensemble la démarche du général Tiani. Il évoque un ministre béninois qui a passé la commande. Il donne la date de la commande. Il révèle le nombre de drones commandés et donne les caractéristiques des engins militaires. Il détaille ensuite la zone de réparation de ces engins au profit des terroristes…».
« Qui dit mieux ! Le général Tiani et ses deux autres homologues de l’AES ont compris que la lutte contre le terrorisme passe également par la collecte d’informations très crédibles hors de leurs frontières.», dit-il pour conclure.
Alors qu’on croyait que la décrispation diplomatique est en voie suite à la méditation des ex présidents béninois, Soglo et Yayi, tout porte à croire qu’il y a toujours des sauts d’obstacles entre Niamey et Cotonou.
Face au subtil dosage relatif à la suspicion entre les deux capitales, que faire pour corriger le mal par le bien?
Questions qui sont toujours sans réponses depuis juillet 2023, mais à qui de droit.
Nourou TIDJANI avec la Collaboration de Djerma A. depuis Niamey pour les propos recueillis.
Site lafriqueenmarche du 27 décembre 2024 No 795