« L’enlèvement du « Frère Hounvi » ici à Lomé est un sujet sensible. », dixit notre premier interlocuteur dans la classe politique togolaise.
Professeur de droit public à l’université de Lomé, il pense que cet événement malheureux démontre à plus d’un titre que son pays est depuis trois ans, un champ de bataille pour le Bénin. « En permettant ce kidnapping, mon pays le Togo a compris qu’il faut fumer le calumet de la paix avec le Bénin après trois ans de brouille.En effet, on a eu en 2021, l’affaire Madougou. Si mes souvenirs sont bons, Patrice Talon, le président du Bénin a dit que les valises viennent de Lomé pour déstabiliser son pays. Madougou est depuis lors en prison au Bénin…», dit-il.
De son côté, une voix très critique de l’opposition togolaise analyse et laisse entendre que : « Alors que le dossier Madougou est encore sur la table, il se peut que le gouvernement de mon pays ait fermé les yeux pour permettre le Kidnapping de l’activiste au nom de la paix entre les deux pays.».
…FERMER LES YEUX AU NOM DU BON VOISINAGE ?
Sur ce dossier d’enlèvement, il y a un autre son de cloche qui tranche avec ce dernier. Il émane d’un soutien franc du parti Unir au pouvoir au Togo. « Dans l’intérêt des deux Etats voisins, on ne peut laisser prospérer sur le territoire de l’un ou l’autre, un activisme politique préjudiciable au bon voisinage.».
A la question de savoir si une crise diplomatique n’est pas en perspective entre le Togo et le Bénin, il répond sans ambages.
« Aucun incident diplomatique n’est à l’horizon…», dit-il avec force.
«Entre le Bénin et le Togo, il ne peut avoir à l’heure où ces deux pays sont attaqués par un jihadisme récurrent, une crise.», insiste-t-il encore.
« C’est avec cette affaire de Kidnapping que j’ai su un peu les contours du dossier. Hier nuit, l’un de mes aînés du parti m’a transmis des audios de l’intéressé. Ce n’est pas possible. Au nom des intérêts des deux Etats, on ne peut accepter qu’un individu insultent de la sorte les autorités de son pays…», déclare-t-il pour conclure.
A la question de savoir s’il est de l’avis de ceux qui disent que le Kidnapping aurait été organisé avec le consentement des autorités togolaises? Alors que son téléphone iPhone de dernière génération crépitait pour signaler un appel, il martèle dans la foulée avant de décrocher:: « Son départ de notre territoire ne provoquera pas une rupture des relations entre nos deux pays. Les deux peuples sont éternels…».
Amavi TOGBLEY correspondant au Togo avec la collaboration de Nourou TIDJANI de retour de Lomé.
Site lafriqueenmarche du 15 août 2024 No 710