Pour assassiner Patrice Emery Lumumba et ses deux compagnons politiques, Joseph Okito, président du Sénat et Maurice Mpolo, ministre des Sports à Shilatembo dans le Katanga, le 17 janvier 1961, Mobutu a-t-il reçu de l’argent ?
De la CIA, la puissante agence américaine, qui a déclassifié ses documents, nous apprenons que Mobutu Sese Seko avait à l’époque perçu 250.000$ américains sans compter la caisse noire de la Belgique mise à sa disposition. Grâce à cette caisse, Mobutu aurait eu l’équivalent de six millions euros aujourd’hui.
Le « Livre noir de la CIA » de Yvonnick Denoël a permis d’avoir des détails indéniables sur la mafia de la politique. Mieux, cet ouvrage permet de savoir comment des corrompus et achetés se vendent pour faire couler le sang de leurs propres frères pour le pouvoir.
En outre, ce document permet de savoir que Mobutu Sese Seko était prêt à tout, y compris de faire alliance avec le diable pour demeurer et garder le pouvoir, car assassiner Patrice Lumumba et les autres dirigeants nationalistes, c’est tuer la démocratie.
Ce livre de Denoël a été complété par le rapport de 900 pages de la Commission « Lumumba » à Bruxelles en 2001. Ce rapport a permis de mieux comprendre le scénario du drame.
…RÔLE DE L’ARGENT DANS LA MORT DE LUMUMBA
Par une pirouette, la Belgique s’est disculpée rendant les assassinats de ces trois personnalités d’État dont deux découlerait selon ce pays d’un conflit congolo-congolais.
Joseph-Désiré Mobutu Sese Seko a-t-il été un exécutant ? Mobutu n’est plus de ce monde pour se défendre et donner sa version des faits. Quant à la Belgique, elle peut toujours se débiner pour faire bonne figure.
De la position de la Belgique, l’on retient des
vérités douloureuses, désagréables, loin d’assumer un devoir de mémoire.
Dans un discours en date du 20 juin 2022, lors de la cérémonie organisée au Palais d’Egmont pour la restitution de la dent couronnée pour Patrice Emery Lumumba, ce jour-là, le premier ministre belge, Alexander De Croo présentait à son tour ses excuses au nom du gouvernement belge.
La Belgique continue d’entretenir le flou sur la décision de mettre fin aux jours du 1er premier ministre du Congo d’alors, Patrice Lumumba.
Bien avant lui, Louis Michel avait déjà présenté « ses excuses » en février 2003, alors qu’il était ministre des Affaires étrangères de Belgique.
La différence avec Alexander De Croo, c’est qu’il avait reconnu la responsabilité « tout court » de la Belgique, corrigeant ainsi à son compte, le rapport de la Commission d’enquête parlementaire de 2000-2001 qui conclut à une « responsabilité morale » de la Belgique.
Le premier ministre belge, Alexander De Croo n’avait pas oublié de rendre aussi « un hommage appuyé » aux deux compagnons politiques de Patrice Emery Lumumba, en occurrence Maurice Mpolo et Joseph Okito, eux aussi assassinés au Katanga, le 17 janvier 1961. Alexander de Croo s’est s’aligné sur les conclusions de cette Commission.
Pour rappel, Yvonnick Denoël, l’auteur de ce livre important
est historien et spécialiste du renseignements.
Contrairement à certaines insinuations, ce livre n’a pas évoqué un éventuel rôle joué par Étienne Tshisekedi (le père de l’actuel président de la RDC), à l’époque des faits, ministre de la Justice du gouvernement de Patrice Lumumba.
Selon des témoignages jamais documentés, Etienne Tschisekedi aurait qualifié Lumumba de « Crapaud », une insulte qui demeure dans toutes les mémoires.
OUVRAGE DE RÉFÉRENCE…
Yvonnick Denoël a commencé par publier en 1979. Après ces ouvrages de référence sont « Guerres secrètes au Moyen-Orient » (2009); « Histoire secrète du XXe siècle » (2009) et « Mémoires d’espions en guerre » (2018).
Dans l’ouvrage « Le livre noir de la CIA », il est question d’assassinats de dirigeants étrangers, coups d’État, trafic d’armes et de drogues, soutien à des groupes terroristes ou à d’anciens nazis, détentions abusives et tortures, expérimentations d’armes chimiques…
Depuis la création de la CIA, selon Yvonnick Denoël, cette agence américaine n’a cessé de multiplier les infractions à la loi.
La CIA déclassifie une partie de ses archives arguant que les dérapages de la guerre froide sont aujourd’hui révolus.
Pour la première fois, un ouvrage dresse un bilan aussi exhaustif que possible des méthodes douteuses de l’Agence, des origines à nos jours.
Il reproduit les archives permettant d’approcher la vérité : témoignages d’acteurs directs, mémos confidentiels, rapports de commissions d’enquête.
On trouve ici de nombreuses anecdotes inédites sur des épisodes que l’on croit connaître (comme l’assassinat d’Allende au Chili ou les tentatives de meurtre contre Fidel Castro), mais aussi des révélations sur les activités plus ou moins adroites de la CIA en France.
On apprendra enfin le rôle exact de l’Agence dans les trafics de drogue, la finance internationale, l’essor d’Al-Qaïda ou la lutte contre Daech.
Salifou DIAGNE correspondant en Belgique avec des notes complémentaires tirées d’une tribune de Freddy Mulongo Mukena Mulongo Naleza
« Réveil FM » International depuis la RDC.
Site lafriqueenmarche du 17 janvier 2025 No 813