L’Editorial de Titus FOLLY
En dépit de sa proximité politique avec Patrice Talon, le patron de l’ex PRD, Adrien Houngbédji, a enfilé sa toge d’avocat contre le dépositaire des réformes. Sa déclaration sur le pont des arts, peut-elle ébranler le timonier de la « Rupture » ?
« …le rêve initial du PRD est centré sur l’Etat de droit, la démocratie et la liberté. Quand nous avions fait la Conférence nationale, Kérékou 2 est-ce que vous aviez appris que quelqu’un est allé en prison ou que quelqu’un est allé en exil ? Et pourtant, c’est le même Kérékou du PRPB. Quand il a changé, il est devenu un vrai démocrate…», a laissé entendre Adrien Houngbédji le 1er février dernier lors d’une cérémonie de voeux des militants de son PRD et défunt parti.
Entre son oracle du Nathan et sa déclaration en guise de survol du territoire national, Adrien Houngbédji a le mérite de dire ce qu’il pense.
HOUNGBÉDJI DANS…
Il a parlé et son décryptage a même tendance à avoir une audience cumulée et une médiatrie de synergie pour certains Béninois.
Cependant, faut-il rire avec gorge en écoutant la playlist métaphorique de Houngbédji contre Talon? Pourquoi maintenant et pas avant? Talon peut-il être ébranlé par cette sortie?
À la question pourquoi maintenant, il est aisé de constater qu’on est à la veille de la présidentielle de 2026. Adrien Houngbédji, après la foire des clauses politiques contractuelles et additionnelles entre son ex parti PRD et la mouvance de Patrice Talon, le compte n’est pas bon pour l’ ancienne formation arc-en-ciel.
Au constat, l’ex PRD n’a eu dans son escarcelle qu’un seul poste ministériel dans l’exécutif Talon (ministère de la Décentralisation).
Concernant les postes électifs, l’ex écurie s’est retrouvée engoncée dans l’UPR dans des positions minimalistes et encore trop enrichies à l’uranium.
Mieux, la mairie de Porto-Novo, qu’il gérait depuis l’avènement de la décentralisation en1999 jusqu’en 2020, se retrouve dans les mains qui ne relèvent pas de sa chapelle.
Et pour tenter d’embrasser le système du « Bénin révélé », le voici qui évoque le sort des prisonniers politiques et des exilés, lui qui n’a jamais pipé mot depuis l’incarcération de Joël Aïvo dont il a été pourtant le mentor.
Mieux, sa déclaration intervient au lendemain du procès de Olivier Boko. Les mouvanciers furieux qui disent que sa déclaration semble être une « sympathie pro Boko » ont-ils raison ?
Sous toutes les coutures, sa déclaration relève donc de la stratégie : « Je suis là. Je ne suis pas fini. Je veux que les cartes soient renégociées pour 2026…».
…UNE ERREUR DE CIBLE
Patrice Talon peut-il être ébranlé par cette déclaration de Adrien Houngbédji?
Le locataire de la Marina, fidèle à ses étoiles connait suffisamment cette sorte de ventricule avant ou arrière de certains de la classe politique béninoise.
Après neuf ans dans les sillons de sa science politique botanique, cette apparence d’avertisseur sonore ne peut nullement ébranler Patrice Talon.
En effet, à cette étape de la compétition, à 15 mois de la fin du mandat actuel, Adrien Houngbédji ne peut influencer la capacité d’adaptation de Patrice Talon.
En effet, le leader de la mouvance sait que Adrien Houngbédji, artisan du vote des « lois drones », vote qui a permis de conduire à la découverte des territoires démocratiques pourtant non enclavés du Bénin est comptable de la gestion actuelle.
Patrice Talon n’a pas à s’émouvoir outre mesure. C’est son mode opératoire, celui d’être sur un courant alternatif. C’est le même Houngbédji, en méga star qui a presté il y a quelques années à la présidence de la République pour saluer Talon pour ses prestations de pilote inégalé, de bâtisseur chevronné, seul capable à l’instar de Ramsès de faire décoller le Bénin.
Que le même Adrien Houngbédji, décide de secouer aujourd’hui les petits acacias de son quartier (comme dans un bricolage pour enfants), en tentant de lâcher les corbeaux contre Patrice Talon relève d’une démarche déconcertante.
Qu’il laisse sagement ce palmarès d’opposant sérieux à Joël Aïvo, le mandarin du droit constitutionnel, le météorologue national, lui qui avait tout prévu par rapport au mode zodiaque de la « Rupture ».
En dépit de cette déclaration au vent du lac de Adrien Houngbédji, Patrice Talon, fort de sa compilation de réformes, élevé dans ses rêves, (même si certains sont aux antipodes des sensibilités du peuple souverain), ira au bout de sa logique.
Soutenir Talon durant neuf ans et commencer par l’attaquer en fin de mandat n’est que du ressort de l’allégorie des corbeilles aux oeufs tous pourris, car Houngbédji ne fait pas dans la dentelle. Il met la gouvernance de Talon dans les éprouvettes en la comparant à celle de Kérékou 2.
Patrice Talon a une fois encore eu l’occasion de constater que Houngbédji n’a pas changé.
L’histoire retiendra qu’après avoir été l’un des fers de lance du régime actuel, Adrien Houngbédji, avec sa trempe d’avocat, tente une sorte de procès à la Socrate, Jeanne d’Arc, des Templiers, Alfred Dreyfus, Klaus Barbie ou encore à la Maurice Papon
Adrien a parlé. Est-il convaincu que Guillaume son conquérant l’écoutera?
Site lafriqueenmarche du 4 février 2025 No 826
« La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-la du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.».