La Chronique internationale de Titus FOLLY
Sur le dossier du Sahara occidental, Emmanuel Macron a reconnu la marocanité de ce territoire pour faire la volonté du Maroc. Quelques jours après une visite d’Etat en pompe au royaume chérifien avec une sorte de malléabilité économique pour les entreprises françaises, il surfe sur un état de disponibilité et d’apprentissage mémoriel au profit de l’Algérie. Cette socialisation primaire pour relancer l’axe Paris-Alger peut-elle marcher?
Emmanuel Macron reconnaît la responsabilité de la France dans les exactions commises lors de l’assassinat du nationaliste algérien, et moelle épinière du FLN, Larbi Ben M’hidi. C’était à l’occasion des 70 ans de l’insurrection du 1er novembre1954.
Dans la représentativité des charges, le nationaliste Larbi Ben M’hidi, traité par la France comme un
« félon » est réhabilité. Cette décision de Macron, n’est pas rien.
On connaît depuis les Accords d’Évian, l’ensemble des normes et codes mémoriels qui continuent de diviser l’échiquier entre les deux pays.
En prenant cette décision, Emmanuel Macron pense ratisser et se racheter auprès de l’Algérie suite à sa visite grandiose chez Mohammed VI.
Il croit rafler et forger les unités générationnelles qui sèment encore la discorde depuis 1954 entre la France et l’Algérie.
Cependant, le donnant mémoriel de Macron à Alger, va-t-il suffire pour endiguer son coup mémorable suite à sa reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental?
…ENTRE ALGER ET RABAT, LE CHOIX DE MACRON
En reconnaissant la marocanité du Sahara occidental, d’où la colère de l’Algérie, c’est que Mohammed VI a réussi ce que son défunt père, Hassan II, l’un des derniers stratèges-mohicons du continent africain au XXème n’a pu avoir avec les présidents français qui se sont succédé.
Giscard d’Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande, tous ces présidents français, pourtant spécialistes du domino, n’ont pu concéder la marocanité à l’ex colonie espagnole du Rio de Oro (soutenue par l’Algérie).
Les ex présidents français n’ont pu le faire ni dans le sens étriqué, ni dans les formes astucieuses comme vient de le faire Macron.
La décision de l’actuel locataire de l’Elysée de mettre sous l’ombrelle du Maroc, l’ex colonie du Rio de Oro pour une autonomie encadrée versus Maroc, ne peut restaurer convenablement l’alliance pragmatique entre Alger et Paris en dépit de la reconnaissance de la France lors de la mort du nationaliste algérien.
L’Algérie n’est pas née de la dernière pluie pour accepter son assèchement tutélaire sur la RASD au profit du Maroc.
Ces contradictions inhérentes au clientélisme commercial marocain et mémoriel algérien ne peuvent intégrer une logique de victoire pour l’Algérie grande perdante.
Même si la figure emblématique du FLN est réhabilitée, la pratique clientéliste à faible prégnance avec les enjeux diplomatiques en défaveur d’Alger ne peut être acceptée par le régime Tebboune.
Une question vient à l’esprit des observateurs avertis. Si la France a souvent redouté la capacité des ex présidents algériens comme Houari Boumediene et Chadli Bendjedid, pourquoi titille-t-elle le leadership de Tebboune ?
Site lafriqueenmarche du 10 novembre 2024 No 762