Le XIX ème sommet de la Francophonie aura lieu les 4 et 5 octobre 2024 à Villers-Cotterêts en France. A cette occasion, Emmanuel Macron recevra plus de 50 chefs d’Etat et de gouvernement des pays d’expression française. Ce sera 33 ans après le sommet de Chaillot en 1991 avec François Mitterrand. On attend la grande « messe » de Macron. Sera-t-il audible à l’heure du grand défi de désamour des francophones africains à l’endroit de la France?
Que dira Emmanuel Macron à l’occasion de son discours d’ouverture du sommet de Villers-Cotterêts? Quel message laissera-t-il à la postérité que les francophones surtout africains n’ont pas encore entendu? Son discours est donc attendu avec grand intérêt par les observateurs avertis.
LE CAS MALIEN…
Le sommet de la Francophonie s’ouvre quelques mois après le référendum constitutionnel au Mali. Lors de ce rendez-vous historique, le Mali a opté avec courage et abnégation à un changement de cap.
Dès lors, au Mali, le Français n’est plus la langue officielle. Ce sont six langues nationales qui deviennent officielles aux autres pays africains de promouvoir leurs langues nationales afin qu’elles cessent d’être des langues de seconde zone repliées sur elles-mêmes. Le français, au Mali n’est plus que langue de l’administration publique.
Le Mali de Assimi Goïta a démontré que la Francophonie, dont nous portons les couleurs en tant qu’élément d’un monde plurilingue et pluriel ne doit plus s’ériger sur les cimetières de nos langues nationales.
Avec le cas malien, les langues africaines doivent être capables d’intégrer, d’inclure, et cesser d’être à rebours d’une vision de conquête.
…FRANCOPHONIE ET ENJEUX
La Francophonie doit pouvoir permettre à toutes les langues africaines de répondre aux enjeux. Ces derniers doivent être géopolitiques, numériques et économiques.
Parlant d’enjeux géopolitiques. Il s’agit de faire en sorte que les langues africaines représentent un espace privilégié de dialogue. Elles doivent savoir profiter de cet espace pour monter en puissance.
Ensuite, il y a des enjeux numériques. Dans un contexte international où l’intelligence artificielle se développe, les langues africaines doivent profiter de l’intelligence artificielle comme un atout de promotion.
La récente décision de l’Unesco qui valorise désormais le soninké par une journée internationale – le 26 septembre de chaque année -va dans le bon sens, et démontre à plus d’un titre, qu’il faut continuer le plaidoyer et le lobbying pour promouvoir davantage les langues africaines. Et qui dit promotion dit réappropriation. Il faut faire en sorte que les concitoyens africains soient davantage dans un espace riche d’affinités, d’opportunités et de solidarité.
Après 50 ans, les pays africains doivent revendiquer de nouveaux paradigmes économiques. En effet, il faut permettre aux langues nationales africaines de commercer davantage, entre elles en internationalisant les partenariats économiques.
Les Africains doivent s’appuyer sur la valeur ajoutée de nos langues nationales pour réussir dans le nouveau cadre de la ZLECAF, la grande zone économique africaine, qui malheureusement titube.
Malheureusement, compte tenu des avatars de la FrançAfrique, il y a de plus en plus trop de fixations sur cette langue dans les pays de l’AES.
Depuis l’indépendance des pays africains d’expression française, nous avons promu une langue, en occurrence le français.
Malheureusement, il se fait qu’elle ne nous fait pas un bon retour sur investissement.
Pour preuve, pour se rendre en France, les étudiants et chercheurs francophones africains sont contraints de subir les fourches caudines des visas.
Il faut finir avec la condescendance d’une langue qui croit qu’elle doit assumer sa promotion en s’érigeant sur les cimetières de nos langues nationales.
La Francophonie, c’est un marqueur identitaire avec d’illustres Africains comme le Sénégalais Léopold Sedar Senghor, le Nigérien Hamani Diori et le Tunisien Habib Bourguiba.
La Francophonie doit endiguer la frilosité des Africains. Peut-elle réussir avec Emmanuel Macron de plus en plus détesté par les Africains francophones ?
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Salifou DIAGNE depuis Bruxelles avec la collaboration de Ibrahim DIALLO correspondant en France.
Site lafriqueenmarche du 3 octobre 2024 No 737