Dans les deux camps NDC et NPP, le facteur économie tend à être un critère important pour départager les deux principaux partis en lice pour la présidentielle du 7 décembre 2024. Si les proches du NPP sont confiants après avoir redressé la barre suite à la pandémie de la Covid-19, ceux du NDC jurent de s’appuyer sur la question économique pour faire un vote sanction contre le pouvoir sortant de Nana Akufo Addo.
«Avec la crise économique de 2022, les élections de 2024 au Ghana seront très serrées.», prévenait déjà en 2022, « Eurasia Group », un cabinet conseil très crédible.
À cette question, les avis sont diamétralement opposés entre les partisans du NDC de même que ceux du NPP.
« De 2022 à 2024, le gouvernement NPP a fait beaucoup d’efforts. Face à la crise due à la guerre Russie/Ukraine sans oublier les effets de la pandémie de Covid-19, il n’a pas abandonné le pays. Il a trouvé les stratégies pour nous sortir de la crise…», déclare Stephen, un militant du NPP depuis 1992. rencontrée à NPP Office Kokomlemle 3 Duade St à Accra.
Ce mardi 3 décembre dernier, à la fin de la journée administrative, il y avait avait une effervescence à ce QG du parti au pouvoir. Ici, on tient à ce que le parti rempile pour un nouveau mandat de quatre ans après les huit ans du président sortant non candidat Nana Akufo Addo. Pour rappel, au Ghana, le mandat présidentiel est de quatre ans comme aux USA.
Quand Stephen plantait le décor, Jenifer, une militante parmi la dizaine de partisans a carrément reproché à Stephen son défaitisme.
Selon elle : « La peur a changé de camp. Le FMI reconnaît le sérieux du pouvoir du président Addo. À moins d’une semaine de la présidentielle du 7 décembre prochain, le FMI vient d’accorder une nouvelle tranche au Ghana.», annonce-t-elle.
Elle réprimande encore Stephan : « L’information à chaud c’est cela. Ce n’est pas les hauts faits de la 2eme Guerre mondiale que tu enseignes dans les collèges…». Grâce à elle on a su que Stephan est enseignant d’histoire au secondaire.
Jenifer après ce mise au point enchaîne : « Face à la crise, le gouvernement a été prompt et responsable. Il n’a pas lésiné pour recourir au FMI. Et comme le Ghana est un pays crédible, le FMI a accepté depuis 2022 de nous soutenir. Objectif, équilibrer la balance de paiement tout en préservant les programmes sociaux…».
« Tu as bien maîtrisé tes cours de banques et finances…», réagit Stephen pour chambrer sa collègue tout en nous permettant de savoir qu’elle est banquière.
Mamadou, un autre militant présent tranche : « Avec les derniers décaissements du FMI, le match est plié. Mahamudu Bawumia, l’actuel vice-président et dauphin de Nana Akufo Addo est en zone confortable pour gagner…».
«Un groupe de partisans, de retour d’un meeting rejoint le QG. À peine, ont-ils écouté le thème échangé que de stridents cris de victoire sont poussés: « Hier, nous avons une providence divine. Le FMI a encore décaissé une tranche pour le pays. On ne peut plus douter de la victoire. Ceux qui manipulaient les compatriotes n’ont plus de cartouches. Le Ghana n’est plus en crise économique. Le FMI a déjà rendu son verdict.», précise l’un des militants à peine installés.
« Aviez-vous suivi le ministre des Finances du Ghana suite à ce prêt? Ce qui est dit est dit par rapport à l’importance de ce prêt.», dit Jenifer revenue pour conclure ce débat.
…AUTRE AMBIANCE, AUTRES NOTES
S’appuyant toujours sur « Eurasia Group », ce cabinet conseil, la même question a été posée aux militants à la base croisés au NDC National Headquarters Adams.
«L’incompétence économique du pouvoir NPP a été notoire. Le peuple ghanéen doit sanctionner Nana Akufo Addo et son dauphin…», tranche Adidjath.
Elle poursuit : « Ici au Ghana, c’est une tradition. On a toujours sanctionné les incompétents…».
« Une preuve de leur incapacité à gérer, c’est la taxe relative aux transactions électroniques, qui a vu le jour. Elle a nom : « E.Levy » et était destinée à collecter 900 millions de dollars. Malheureusement, elle a échoué, car très impopulaire.», renseigne-t-elle
À la question de savoir si le dernier décaissement du FMI n’est pas une bouffée d’oxygène, qui peut changer le regard des Ghanéens décidés à sanctionner l’actuel pouvoir NPP?
« Jamais ! Ce prêt ne sera pas une bouée de sauvetage pour l’actuel pouvoir NPP…», dit avec colère Oliver, un autre laudateur du NDC.
Il enchaîne et conclut : « L’économie du Ghana est depuis 2022 toujours au creux de la vague. Leur incompétence principalement s’est aggravée avec la guerre Russie/Ukraine et l’impact de la pandémie Covid-19. Et depuis, la machine économique et financière du Ghana s’est grippée. Ne pas sanctionner le régime NPP sera une caution à gratifier les incapables dans un proche avenir…».
Si les partisans du NDC prédisent un vote sanction du fait du vécu quotidien, ceux du NPP pensent que la victoire n’échappera pas à leur camp.
Site lafriqueenmarche du 6 décembre 2024 No 781