Le pouvoir d’achat des Ghanéens s’est détérioré. À la veille du scrutin, cette situation peut-elle influencer le choix du peuple souverain à l’heure du vote?
« Le Cedi, la monnaie nationale, en 2022, a perdu au comble de la crise en 2022, près de 50%. Depuis lors, cette dégringolade est toujours en cours autour de 27 %…», renseigne Ken Darko, un macroéconomiste.
« En dépit des mesures de soutien de la Banque du Ghana, le Cedi est la 5 ème monnaie la moins performante du monde selon des données de Bloomberg…», dit encore l’expert.
Il donne un autre indice : « La monnaie du Ghana, le Cedi, en 2024 a perdu 27% de sa valeur face au dollar…». Il continue : « Ce faisant, le pouvoir d’achat du Ghanéen a baissé considérablement. Conséquence, il ne peut pleut plus convenablement faire son plein à la station service ni s’approvisionner correctement en produits de première nécessité dans les marchés du fait de l’explosion des prix.».
Analyse financier pour les sociétés financières, Mikael Atta, explique le sort des cultures de rente et autres ressources. Pour lui: « Le cacao, sans oublier les ressources minières et énergétiques comme l’or et le pétrole qui soutenaient fortement la croissance économique ghanéenne depuis une décennie, ces cultures et ressources sont de moins en moins flamboyantes.».
Il dit pour conclure : « Dans ces conditions, on comprend les conditions drastiques de la crise actuelle, car ces cultures et ressources ne peuvent plus être une sorte de matelas pour l’économie nationale.».
Autre signe, c’est celui relatif à l’inflation. « Les réserves de change du pays sont par ailleurs passées de 32,9 Md USD à la fin de 2023 à plus de 38,5 Md USD début octobre 2024.», martèle-t-il.
« Cependant, l’inflation a pourtant rebondi à 32,7 % en septembre (en glissement annuel), après 32,2 % en août, inversant deux mois consécutifs de baisse…», diagnostique encore le conseiller en marchés financiers, Yaw Asuma.
Quant à la dette publique, elle a augmenté de 17 points par rapport au PIB toujours selon lui
SEULE HIRONDELLE…
Dans ce contexte de grisaille, l’expert Yaw Asuma met également en exergue le taux de croissance, une sorte de bonne nouvelle.
De son avis : « l’Institut de recherche statistique sociale et économique (ISSER) anticipe un taux de croissance à 4,5% en 2024. Dans un rapport publié le mardi 29 octobre, le Ghana a révisé ses prévisions de croissance économique pour 2024, estimant que le Ghana atteindra 4,5% d’ici la fin de l’année.».
Si le Ghana a perdu de son embellie d’antan, c’est parce qu’il y a eu les effets conjugués de la pandémie de Covid-19 et ceux de la guerre Russie/Ukraine.
Avec ces deux événements, le Ghana traverse depuis 2022, une grave crise économique, crise qui fait exploser le coût de la vie dans ce pays.
Au regard de cette situation, le gouvernement ghanéen, après des mesures d’austérité a eu recours au FMI pour ne pas perdre la confiance des investisseurs étrangers.
Le gouvernement Addo a mis les petits plats dans les grands pour démontrer que sa dette est soutenable afin de souscrire au programme du FMI, le 18 ème avec cette institution depuis l’indépendance de ce pays en 1957, detaille le spécialiste Mikael Atta.
Il conclut : « Le plus important, c’est que les négociations entre le Ghana de Nana Akufo Addo et le FMI de Kristalina Georgieva ont finalement abouti. Même si aller au FMI est considéré comme une perte de souveraineté, le pays a évité la banqueroute.»
La crise sera-t-elle un élément déterminant pour le scrutin?
Les partisans du NDC, le parti de l’opposition soutiennent que le recours au FMI est une preuve d’incompétence. Les soutiens du NPP défendent quant à eux la crédibilité du gouvernement sortant qui a su convaincre le FMI.
Quelles seront les retombées de la crise économique actuelle sur l’état d’âme des Ghanéens quand ils seront sur le point de glisser leur bulletin dans l’urne ?
Site lafriqueenmarche du 6 décembre 2024 No 781