Une disposition va entrer en vigueur dès la fin septembre 2024. Elle gèle les recrutements des travailleurs temporaires étrangers au Canada. Quels sont les pays africains les plus impactés par cette décision?
Sur les 109 800 travailleurs temporaires exerçant au Canada recensés depuis juin 2024 par le gouvernement canadien, seuls 9.555 sont originaires d’Afrique.
Hormis quelques africains dans le segment agricole, la majorité est donc repartie dans d’autres secteurs d’activité. On peut citer la restauration, l’assistance à domicile, le tourisme ou encore l’informatique.
Sur les 48 pays africains repertoriés par les autorités canadiennes, la Tunisie qui totalise 2105 travailleurs temporaires dans le pays est en tête du classement.
Elle est suivie du Maroc avec 1 730 ressortissants, donc 2ème pourvoyeur africain de main d’œuvre temporaire au Canada.
Dans le reste de ce top 5 des pays africains ayant des travailleurs temporaires au Canada, on trouve le Cameroun en 3ème avec 1 210 ressortissants, l’Algérie est 4ème avec 1 115 et Madagascar est en 5ème position avec 415 ressortissants exerçant comme ouvriers temporaires.
SUBSTANCE D’UNE DÉCISION…
Avec cette décision qui prend effet dès fin septembre 2024, les patrons d’entreprise et autres employeurs canadiens n’auront plus le droit de recruter qu’un maximum de 10 % de travailleurs temporaires étrangers, dans leurs effectifs.
Ce décision va limiter aussi leur employabilité à 10 % dans les entreprises du pays. Cette décision inquiète aussi bien les chefs d’entreprises que les travailleurs.
En leur notifiant cette décision, fin août, le gouvernement fédéral canadien, a procédé pour la deuxième fois en un an, à la réduction des quotas pour cette catégorie de travailleurs souvent peu qualifiés et bon marché.
Les autorités affirment également qu’elles prennent la mesure pour: «Eliminer la fraude et le recours abusif au Programme, encourageant les entreprises à investir dans les travailleurs locaux», explique le gouvernement canadien dans un communiqué.
Le gouvernement poursuit dans son communiqué : « À l’heure actuelle, nous savons qu’un plus grand nombre de Canadiens qualifiés peuvent occuper les postes vacants.».
Le Programme des travailleurs étrangers temporaires est conçu comme une mesure d’exception, lorsqu’aucun Canadien ou résident permanent qualifié n’est en mesure de pourvoir un poste vacant.
Malheureusement, le Programme a servi à éviter l’embauche de travailleurs talentueux au Canada, insiste encore le gouvernement.
…INQUIÉTUDES DANS LE RANG DES EMPLOYEURS
Ces explications ne semblent pas convaincre les employeurs.
Pour la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), une organisation qui défend en particulier les Petites et moyennes entreprises (PME) au Canada et revendique 97 000 (entreprises) membres, on laisse entendre que : « Cette mesure gouvernementale est préoccupante.».
Mieux, elle pense que cette décision gouvernementale viendra ajouter une pression sur de nombreuses entreprises qui peinent à trouver du personnel.
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante estime que : « La main-d’œuvre disponible au Canada n’est pas suffisante pour répondre aux besoins, surtout dans des secteurs comme l’agriculture et l’aide familiale, les métiers spécialisés et les zones rurales.».
Cette fédération s’inquiète encore, car elle craint que : « Les pénuries de main-d’œuvre dans ces secteurs vitaux pour l’économie canadienne. vont s’aggraver, car la nouvelle génération de travailleurs ne sera pas en mesure de compenser la vague de départs à la retraite prévue au cours des prochaines années.».
La FCEI, sur la base de statistiques fiables démontre par qu’au Québec, 86 personnes âgées de 20 à 29 ans rejoignent le marché du travail pour chaque 100 personnes âgées de 60 à 69 ans qui le quittent.
Pour rappel, outre le programme de travailleurs étrangers, le gouvernement a recours à deux autres viviers de main d’œuvre pour palier la pénurie. Il s’agit du Programme de mobilité internationale et le Programme post diplôme.
Ce dernier donne des permis de travail aux étudiants étrangers en fin de formation dans les écoles canadiennes et qui acceptent de s’installer dans le pays
Reine SIMIAKOU correspondance particulière depuis Québec.
Site lafriqueenmarche du 23 septembre 2024 No 730