Interview : « Au MICIC, Nous Devons Continuer Par Mobiliser Les Africains Pour La Libération De Notre Continent.», Selon Zeka Sizo, Le Président AME Depuis La Belgique. (Suite Et Fin De L’entretien)

Mise en ligne : L'Afrique en marche | 18 novembre 2024 dans Africa UP | Temps de lecture: 6 mins

Interview : « Au MICIC, Nous Devons Continuer Par Mobiliser Les Africains Pour La Libération De Notre Continent.», Selon Zeka Sizo, Le Président AME Depuis La Belgique. (Suite Et Fin De L’entretien)
L'Afrique en marche

Lisez ci-dessous, la dernière partie de l’interview que nous avons eue avec Zeka Sizo, l’administrateur délégué du MICIC depuis la Belgique.

 

L’Afrique en Marche : Vous défendez la légitimité. Contre toute attente, quand on vous lit, vous souhaitez le retour en grâce des rois. 64 ans après les indépendances. Ne défendez-vous pas une thèse illusoire ?

Les rois et les chefs traditionnels ont toujours été les représentants naturels des peuples africains et les chefs d’État sont les représentants d’institutions. L’inverse est la cause de tous les malheurs des peuples africains.

Il faut que le pouvoir du peuple soit au dessus de tous les autres pouvoirs, les pouvoirs politique militaire ou judiciaire.

Les rois et les chefs traditionnels qui s’engagent en politique trahissent leurs peuples et perdent leur notoriété, Au regard de l’importance des rois, nous avions jugé utile de porter sur les fonts baptismaux, une plateforme indépendante qui rassemble les rois et les chefs traditionnels dans chaque pays. Ce qui permet aux rois d’être des médiateurs afin de garantir la paix et l’équilibre politique.

Nous ne voyons donc pas l’implication des rois comme un retour en grâce. Ils sont toujours là et leur présence le pouvoir politique, le pouvoir militaire d’exercer la domination sur les peuples africains et sur l’Afrique.

 

Monsieur le président donc le retour en grâce des rois n’est pas en déphasage avec les réalités du moment ?

Je dis absolument pas. Pour encourager le développement économique et social de la communauté, pour renforcer la cohésion sociale, améliorer la tranquillité nationale, créer un climat favorable à la paix, il faut faire recours aux rois.

On ne dit pas NON à la démocratie. Cependant, nous avons besoin de nous ressourcer avec le droit divin.

Démocratie et droit divin sont deux concepts très différents. La démocratie est un gouvernement fondé sur la volonté du peuple. Le droit divin signifie qu’un roi gouverne une Nation selon la volonté de Dieu.

La démocratie elle-même a été inventée dans la Grèce antique. Le concept de droit divin a été à la base du gouvernement européen jusqu’au siècle des Lumières. Aujourd’hui, tous les pays d’Europe occidentale sont démocratiques, même ceux qui conservent une monarchie comme l’Angleterre.

Le retour en grâce des rois dans l’espace public n’est pas en déphasage avec les réalités du moment.

En effet, depuis la colonisation, les royautés précoloniales sont sous le regard attentif des gouvernants qui s’arrogent leur puissance.

Cependant, au centre du pouvoir en démocratie, il y a la place vide laissée par le roi, l’autorité précoloniale qui se nourrissait d’images de puissance et qui alimentaient la démocratisation.

Nous devons nous appuyer sur le roi comme monument de la mémoire pour mieux constituer notre patrimoine classé par l’Unesco et promu comme facteur de développement. On ne peut continuer par ignorer les rois.

il est nécessaire de poursuivre les réflexions relatives à la place des rois dans le processus.politique actuel.

 

Vous condamnez les coups d’État. Cependant, quand on lit vos tribunes, vous semblez soutenir les trois leaders de l’AES. C’est paradoxal non ?

On ne prêche pas dans le désert. Si c’était le cas, on ne serait pas si nombreux dans le MICIC aujourd’hui.

Nous faisons la part de choses, c’est-à-dire que si nous sommes pour les coups d’État, cela veut dire que nous devons applaudir d’autres militaires s’ils parvenaient à prendre le pouvoir dans ces trois pays.

Nous condamnons les coups d’État afin de ne pas encourager un cycle infernal de coups d’État à répétition.

C’est pour cela que nous pensons, que les trois leaders de l’AES doivent aider le peuple à se libérer en organisant des élections démocratiques, crédibles et transparentes.

En dernière instance, il revient à chacun de ces trois leaders de l’AES de se décider. Ils sont populaires. Il faut qu’ils aillent aux élections pour avoir la légitimité du peuple souverain.

 

Monsieur le Président peut-on organiser les élections dans un contexte de lutte contre le jihadisme?

La lutte contre le terrorisme incombe à l’armée. Elle est l’instrument de défense par excellence c’est-à-dire que l’armée doit assurer la sécurité, défendre et protéger les populations.

Ce qui permettra à l’Etat de se déployer sur l’ensemble du territoire pour organiser les élections. Quand je prends le cas du Mali, la victoire de l’armée à Quidal en novembre 2023 démontre à plus d’un titre, que l’armée est à la hauteur des attentes.

Chacun des territoires de l’AES est occupé à des endroits par les jihadistes. Cependant, il faut trouver la bonne approche. Même si comparaison n’est pas raison, il y a des pays où il y a élections malgré la guerre.

Il faut faire la part des choses. Il y a l’armée qui s’occupe de la défense et il y a les institutions politiques qui organisent les élections.

Attendre qu’on arrive à la paix avant les élections n’est pas aussi une mauvaise démarche en soi.

Nous sommes tous d’accord que ce sont les élections qui donnent la légitimité. C’est le canal idéal qui vous donne la souveraineté du peuple.

Cependant, la Transition ne peut pas être éternelle. Tout en faisant la lutte contre le terrorisme, il faut préparer les élections. C’est par le vote qu’on a la légitimité.

 

Monsieur le président, 64 ans après les indépendances, certains Africains font dos à la France, mais se jettent après dans les bras de la Chine ou de la Russie. Votre réaction ?

Les Africains ne doivent pas rompre avec le cordon ombilical français et nouer une nouvelle tutelle.

Je pense que nous devrons régler ce problème. Maintenant, ce qu’il faut pour l’Afrique, ce sont les partenariats gagnant-gagnant.

Il ne faut pas changer de partenaires pour continuer la politique de prédation. Nous devons exiger de toutes les puissances étrangères, un partenariat gagnant-gagnant.

 

Avec tous ces objectifs poursuivis, quel est l’avenir du MICIC? A-t-il de beaux jours devant lui ?

Le MICIC poursuivra sa place dans la libération de l’Afrique. Nous allons continuer par mobiliser les Africains.

Au MICIC, nous devons continuer par mobiliser les africains pour la libération de notre continent.

Au regard des adhésions, je pense que nous sommes sur la bonne voie, même si dans certains pays, les gens n’ont pas encore compris qu’il est temps de s’affirmer et non laisser la place à la récupération.

Nous sommes sur la bonne voie. Nous avons toute une organisation qui travaille. Nous devons continuer dans ce sens pour ne pas trahir la cause.

 

Merci Monsieur de nous avoir permis d’échanger avec vous. Merci et à bientôt.

Coordination éditoriale Salifou DIAGNE correspondant en Belgique.

Fil conducteur de l’entretien Titus FOLLY

Site lafriqueenmarche du 18 novembre 2024 No 768

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