Zeka Sizo est l’administrateur délégué du groupe stratégique du MICIC et président des AME. Depuis la Belgique où il vit trois décennies déjà, il s’est prononcé entre autres sur la vision souverainiste et l’amorce du développement qui sont désormais visibles dans les trois pays de l’AES. Selon lui, cette vision permet de saper les fondamentaux de l’impérialisme en Afrique, 64 ans après les indépendances. Lisez ci-dessous, la 1ère partie de l’interview qu’il nous a accordée depuis Bruxelles.
L’Afrique en Marche : Monsieur le président, l’AES suit son bonhomme de chemin. Cette alliance s’affirme par rapport au souverainisme. Cette option sera-t-elle concluante au regard du contexte géopolitique du Sahel?
Monsieur Zeka : Merci cher compatriote journaliste, cher panafricain Monsieur FOLLY pour cette opportunité qui m’est offerte.
Il faut savoir qu’il est temps de libérer totalement les peuples africains et l’Afrique du néocolonialisme. Il faut donc libérer l’Afrique de la domination. Et c’est le peuple africain qui le fera. Personne d’autre ne le fera à sa place. Le peuple africain doit en finir une fois pour toute avec les différentes politiques de prédation encore en vogue en Afrique.
Avec le souverainisme comme orientation politique et guide philosophique, les trois jeunes leaders de l’AES, Goïta au Mali, Traoré au Burkina et Tiani au Niger, après avoir pris le pouvoir sont décidés à libérer totalement chacun de leur pays. Nous devons les encourager à réussir, car leur réussite suscitera une certaine émulation dans le reste du continent.
Monsieur le président, contrairement à Thomas Sankara, l’ex président assassiné du Burkina, qui avait déjà une vie militante relative au souverainisme, certains reprochent aux trois leaders de l’AES leur opportunisme politique, car c’est après avoir pris le pouvoir par les armes qu’on découvre subitement cette fibre souverainiste. Êtes-vous persuadé qu’ils pourront réussir ?
Avant, il y avait eu Thomas Sankara. Aujourd’hui, ces trois leaders de l’AES forcent l’administration.
Thomas Sankara a été une exception. Il avait un destin héroïque tout tracé. Depuis Madagascar où il était en formation, Thomas Sankara avait affiché son souverainisme.
Cependant, les trois leaders de l’AES, en quelques années ont démontré une force de caractère par rapport au souverainisme.
C’est ainsi qu’ils ont renoncé aux accords de défense avec la France, demander à sa grande muette de quitter. C’est le cas du Mali. Ils ont exigé la renégociation des contrats économiques. On peut évoquer la situation de la puissante multinationale « Areva » au Niger. Tout ce qu’ils ont fait n’est pas un jeu d’enfant. C’est important. Il faut reconnaître leurs efforts consentis.
Même si c’est après la prise de pouvoir par les armes, qu’ils affichent leur volonté souverainiste, il faut les saluer pour cela. L’AES démontre que L’Afrique peut se libérer. Le développement de notre continent dépend de nous. Les autres africains doivent suivre et s’inscrire dans la même dynamique.
En quelques mois, ces trois dirigeants de l’AES sont devenus très populaires. Les Africains les apprécient. Moi-même je les soutiens pour cette vision.
Cependant au MICIC, nous récusons totalement la prise du pouvoir par les armes. Il faut qu’ils retournent à la légitimité par l’organisation d’élections crédibles, transparentes et démocratiques dans chacun de ces trois pays
L’armée devra être à sa vraie place, celle de la défense des intérêts du peuple. Ils devront permettre à nouveau la vie militante des partis politiques. Chacun des trois dirigeants de l’AES devra créer son parti politique ou intégrer les partis politiques existants pour se ranger derrière le mouvement du peuple comme cela se fait partout dans le monde. S’ils veulent diriger, ils doivent se faire élire lors d’élections comme tout le monde.
Vous souhaitez pour qu’ils soient crédibles dans leur vision souverainiste qu’ils aillent aux élections?
Le souverainisme est une démarche politique et philosophique. Sans vous renvoyer aux plus grands théoriciens universitaires de cette doctrine, nous mettons en exergue le cas le plus récent avec Donald Trump.
Nous résumons le souverainisme comme la rupture du cordon ombilical avec la « mère patrie » pour reprendre ce terme à la mode depuis 64 ans après les indépendances africaines.
Sur le plan politique, au-delà de ne plus prendre les ordres en occident, sur le plan économique, on doit aussi provoquer également la rupture.
Elle passe par une certaine affirmation de développement. Dès lors, il faut répertorier toutes nos ressources minières et énergétiques et imprimer une approche endogène.
Le souverainisme définit et balise notre chemin de développement. Il nous illumine et nous sort des ténèbres de la dépendance coloniale
Les Africains doivent se réveiller et être prêts pour le développement. Nous nous avons désormais nos astres en mains grâce au souverainisme.
Le souverainisme n’est-il pas handicapé quand les actuels responsables de l’AES répriment les voix critiques?
Il faut l’implication de tous dans une action collective, pacifique et non violente. En sachant que l’armée est un instrument de défense et non de libération des peuples, le peuple se libère lui-même
Un peuple libéré par les militaires ou par les politiciens, c’est un peuple qui est pris en otage. Le peuple doit se libérer lui-même en considérant l’armée et les politiques comme faisant partie de lui, chacun dans son rôle.
Nous refusons catégoriquement la domination des peuples africains par les pouvoirs politiques ou les pouvoirs militaires.
Nous reconnaissons le patriotisme de ces trois dirigeants de l’AES et nous sommes sûrs et certains qu’ils seront élus s’ils arrivent à créer leurs propres partis politiques et à organiser les élections. Pour cela, nous sommes pour une transition limitée dans le temps.
Nous avons décidé qu’aucune institution ne devra s’isoler du peuple africain. Le peuple africain devra contrôler en toute indépendance toutes les institutions.
Vous êtes à la tête du MICIC. C’est une nouvelle dynamique qui force l’admiration ou une structure de plus dans l’univers archi comble de la société civile ?
Sourire Le MICIC est le Mouvement international pour la construction des identités collectives des diasporas et sociétés civiles africaines. L’AME, fait référence aux Amis du monde entier.
Ces deux mouvements sont complémentaires, indépendants, internationaux. Les deux mouvements ont été créés pour que le peuple africain puisse retrouver la cohésion sociale, l’unité et la force capitale de se libérer lui-même
Le AME regroupe les personnes physiques tandis que le MICIC rassemble les personnes morales.
Et plusieurs groupes de réflexions ont été créés pour rattacher le MICIC aux différentes institutions concernées.
Le MICIC est ouvert à toutes les opinions politiques, religieuses et culturelles sans discrimination, tous les leaders politiques, associatifs et activistes devront trouver leurs places au sein du MICIC.
Monsieur le président, il n’y a pas de stratégie à la tête de quelque faîtière sans un leadership affirmé. Peut-on vous connaître davantage?
Je suis Zeka Siko. Je suis Africain de la République démocratique du Congo.
Votre parcours est inspirant dit-on ici à Bruxelles? Vous confirmez Monsieur le président ?
Sourire… J’ai commencé ma carrière de fonctionnaire à l’ambassade de mon pays, la RD Congo ( Zaïre à l’époque), près Angola.
Étiez-vous en poste Sous Agostinho Neto ou dos Santos en Angola ?
Monsieur FOLLY, je constate que vous maîtrisez l’histoire politique de l’Angola. Un bon journaliste doit être cultivé.
J’étais en Angola durant la gouvernance du président Neto (1975-1979).
Après ce début de carrière dans la diplomatie, j’ai eu d’autres opportunités en Europe et je suis venu ici en Belgique.
Ici, nous avons trouvé des Africains qui étaient sans-papiers. Nous avons créé un mouvement appelé : « Les Amis du Monde ». Nous avions fait des actions d’éclat au profit des sans-papiers en 1998 et en 2000.
Ce mouvement a eu beaucoup d’échos. J’en étais le porte-parole. Radio Vatican m’a donné l’opportunité avec plusieurs entretiens pour me permettre d’expliquer la situation des sans-papiers.
Mieux, on a occupé beaucoup d’églises en guise de stratégie pour exiger la régularisation des sans-papiers.
Après la régularisation, le mouvement a accompagné des personnes dans l’intégration. Nous avions poursuivi le combat en regroupant les associations et mouvements dans une grande plateforme que nous avons appelée : Mouvement international pour la construction des identités collectives des diasporas et sociétés civiles africaines ( MICIC).
Depuis lors, nous avons compris que : « Seule la lutte libère.», pour reprendre cette citation chère à Thomas Sankara.
Sans se battre, c’est-à-dire sans militer, vous ne gagnez aucun combat. Ce modeste parcours me permet de rassembler aujourd’hui 600 associations partout dans le monde.
Donc les gens vous font confiance du fait de votre leadership ?
Sans le savoir, ces actions militantes m’ont donné une petite notoriété. Malgré les arguments que je trouvais pour refuser les postes dans les associations, les membres fondateurs, les noyaux des groupes stratégiques, et autres me trouvaient capable et dynamique pour me confier les postes.
Le diplomate est donc devenu une éminente personnalité au profit de la société civile ?
Sourire… Entre-temps, on a complété la formation en devenant enseignant et pédagogue.
Actuellement, je suis le président de l’Assemblée les Amis du monde entier (AME). Cette structure est à la base de la création du MICIC, dont l’objectif est la cohésion sociale, l’équilibre social, la participation citoyenne des africains, le vivre ensemble et la lutte contre les inégalités.
Le MICIC est un mouvement d’intérêt commun ouvert à toutes les opinions politiques. Un mouvement indépendant au dessus des politiques.
Le MICIC rassemble tous les Africains pour être les garants du pouvoir du peuple au-dessus de tous les pouvoirs politiques et militaires.
Le MICIC regroupe les hauts cadres et les chefs d’États africains. Cependant, nous considérons les Rois et chefs traditionnels comme les seuls représentants des peuples, et les chefs d’État comme les représentants des pays et des institutions. (…)
NB: Lisez la suite de l’entretien dans quelques heures dans la journée.
Coordination éditoriale Salifou DIAGNE correspondant à Bruxelles
Fil conducteur de l’entretien Titus FOLLY
Site lafriqueenmarche du 17 novembre 2024 No 767