Le président Kényan, William Ruto a fait une démonstration de force le mardi 27 août dernier à Nairobi. C’était à l’occasion du lancement officiel du soutien à la candidature de l’opposant Raila Odinga à la présidence de la Commission de l’Union africaine. Derrière ce soutien stratégique à l’opposant, l’actuel président Kényan ne dégage-t-il pas le boulevard pour un 2 ème mandat présidentiel à la tête du Kenya ?
William Ruto a invité trois de ses homologues africains pour lancer dans une orchestration très réussie, la candidature de son opposant, Raila Odinga.
En effet, c’est en présence des présidents de l’Ouganda, du Sud-Soudan et de la Tanzanie que le chef d’Etat kényan a lancé la campagne officielle de son opposant au poste de président de la Commission de l’UA.
En faisant de la candidature de Raila Odinga avec des moyens colossaux, une affaire d’Etat, nombre d’observateurs politiques à Nairobi n’ont pas manqué de décrypter la stratégie du président Ruto
En effet, en soutenant à corps emolu Raila Odinga, les analystes avisés voient un coup tactique de 1er plan.
…STRATÉGIE PAYANTE ?
Ce coup ne consiste-t-il pas à occuper l’opposant avec un poste prestigieux, un moyen de l’éloigner de Nairobi pour préparer en toute sérénité un 2 ème mandat?
Pour la majorité des observateurs avertis à Nairobi, si Odinga avec le soutien de Ruto succède au Tchadien Moussa Faki comme président de la Commission de l’Union africaine, c’est que l’actuel chef d’Etat du Kenya va démultiplier ses chances pour un 2 ème mandat présidentiel.
En la matière, leur analyse n’est pas dénuée d’intérêt. En effet, il y a trois ans, lors de la dernière présidentielle au Kenya, William Euro a gagné d’une courte tête.
Et depuis son avènement, Raila Odinga n’a cessé de susciter la fronde contre le chef de l’État dont certains actes majeurs de gouvernance étaient plus qu’approximatifs. Et William Ruto est bel et bien conscient que s’il n’écarte pas Odinga, il lui sera très difficile de rempiler à la prochaine présidentielle.
Il faut tout de même apprécier à sa juste valeur cette stratégie de Ruto. Celui-ci a choisi de promouvoir son opposant à un poste prestigieux au lieu de le jeter en prison ou de le contraindre à l’exil comme c’est de tradition en Afrique.
Pour rappel, outre Raila Odinga, trois autres candidats tous de l’Est du continent, rotation oblige, sont aussi en lice.
Il s’agit du Djiboutien Mahamoud Ali Youssouf, ex ministre des Affaires étrangères. Il y aussi le Malgache, Richard Randjiamandjiaté qui est également ex-ministre des Affaires étrangères et idem pour le Mauricien Anil Gayan, ancien patron de la diplomatie de son pays.
Les chefs d’État du continent éliront le nouveau président de la Commission de l’UA lors du sommet de l’organisation en février prochain.
Ibrahim DIALLO correspondant en France
Site lafriqueenmarche du 28 août 2024 No 715