Par Jules AFFODJI
Les langues imposées par la colonisation, surtout le français n’ont pas comblé les attentes en matière de développement en Afrique. A l’heure du XIX ème sommet de la Francophonie, ne faut-il pas un changement de cap?
Assurément, l’identité culturelle est intimement liée aux langues et aux habitudes linguistiques. C’est par et à travers elles que les groupes humains s’identifient et s’affirment pour l’appartenance à tel ou tel groupe.
Depuis la colonisation et après la période d’indépendance, les langues coloniales n’ont pas été à la hauteur en la matière. Au ban des accusés, le cas du français est très critique.
Dans les pays africains francophones, le constat est là. Le développement est en rade. Doit-on en être surpris?
À l’opposé de nos langues nationales, la majorité des Africains francophones ont cru que le français pouvait jouer un rôle de propulsion.
À l’opposé du français, ce n’est pas un mystère que les langues nationales invitent l’être l’Africain à l’utilisation du discours. Les langues nationales permettent : « À l’être africain de frémir d’amour maternel ou social ».
Les langues nationales ont donc un besoin fondamental qui fonctionne plus qu’un moyen de communication. Nous vous renvoyons à ce document remarquable qui le dit avec force et intitulé : « R.B. The National Language Question, London, Oxford University press, 1949 ».
Si nous passons l’enfance, la langue devient un moyen de communication avec nos proches, nos compatriotes, ceux avec qui nous partageons le même passé culturel.
…POUR UN CHANGEMENT DE CAP
Les Africains francophones continuent d’ignorer ses fondamentaux. Il faut souligner que de nombreux Africains francophones ne communient pas avec un Français parce qu’ils savent se servir de la langue française, mais parce que c’est un accident historique.
En effet, la colonisation suivie de la formation extravertie reçue de l’occident, nous éloigne depuis toujours de l’essentiel entre nos langues nationales et le français, langue de travail et souvent programmée langue officielle dans de nombreux pays africains francophones.
En effet, depuis la colonisation en passant par la période d’indépendance, le français ne facilite que l’affinité et l’association, mais n’établit que la communion. Les membres d’institution telles que la Francophonie, les Ecrivains d’expression française, le Réseau des journalistes francophones pour ne citer que celles-là communiquent, mais ne développent pas.
Alors que le développement d’un pays passe nécessairement par sa langue, aucun pays au monde ne s’est développé avec la langue coloniale.
Pourtant, nombreux sont les Africains francophones qui ne jurent que par la langue française. Les Africains francophones surtout les Béninois exigent la langue française dans le foyer. Ils ne permettent pas aux enfants de s’exprimer en langues nationales.
Il y a aujourd’hui de nombreux Africains francophones surtout les Béninois qui trouvent déshonorant leurs langues nationales et qui refusent de les parler.
Résultat, le français n’a pas permis le développement, car n’étant qu’au service de la diffusion des connaissances dans le cadre de l’éducation formelle, mais aussi en dehors des institutions éducatives sous des formes vulgarisées.
Il faut reconnaître que le langage apparaît comme fondamentale dans la construction de la personnalité. Le langage est également à la base des capacités intellectuelles, notamment celles permettant de faire l’acquisition de connaissances..
Il s’avère nécessaire que les gouvernants africains d’expression française réorganisent l’éducation, l’enseignement des langues nationales dans le but de libérer notre peuple du joug du francais.
Allons à l’idéal prôné par l’ex président ghanéen et panafricaniste, Kwame N’krumah. Au Ghana, pays colonisé par les Anglais, il a promu l’ashanti lors de ses neuf ans de pouvoir (1957-1966).
Résultat, le Ghanéen a retrouvé depuis lors et jusqu’à présent, une identité culturelle qui fait sa fierté.
Il est temps surtout en ce qui concerne le Bénin qu’on enseigne davantage nos langues nationales fon, yoruba, dendi, Haoussa, Mina…
Sans cela, notre développement sera toujours aux calendes françaises.
Site lafriqueenmarche du 4 octobre 2024 No 738