L’Editorial de Titus FOLLY
Le plus vieux prisonnier béninois est enfin libre. Il s’agit de Koto Dafia, 82 ans. Il a bénéficié de la dernière grâce présidentielle. Une fois encore, Patrice Talon n’a-t-il pas démontré qu’il est le maître de l’horloge? Analyse dans l’exercice de L’Editorial du jour.
A l’heure des changements climatiques, je dis comme le pape François : « Notre nature s’écroule.».Préservons-la donc.
On attendait la loi d’amnistie du côté de l’Assemblée nationale. Près d’un an après, elle n’a pas eu les effets escomptés.
On a espéré aussi la remise de peines. Cependant, à la foire aux enchères, sa valeur absolue n’a eu aucune vive voix.
Et contre toute attente, Patrice Talon est revenu avec la grâce présidentielle pour détenus politiques, car depuis deux ans, c’est la Criet qui libérait directement les détenus politiques.
Dans le continuum de ses prérogatives constitutionnelles, Patrice Talon est incontestablement maître de son horloge, avec son temps qui ne rompt jamais avec ses équilibres. Entre grâce, remise de peines ou amnistie, l’histoire ne se découpe pas avec Talon. Il a son heure et il décide selon ses convenances. Sa dernière mansuétude en est une preuve.
Pourtant, au sommaire des textes déclinés par la présente législature, la proposition de la loi d’amnistie y figurait. Et personne ne devrait songer à son passage dans la gouttière, car la pléthorique mouvance présidentielle jouit d’un confortable matelas arithmétique et cosmopolite pour son vote.
EN ATTENDANT MADOUGOU ET AÏVO…
Finalement, Patrice Talon a décidé de revenir à la grâce présidentielle. Après les épisodes politiques violents de 2019 et 2021, il donne la grâce à des compatriotes accusés de forfanterie contre la République (atteinte à l’intégrité du territoire national).
Malgré cette grâce, les comptes sont-ils bons au titre de la décrispation nationale ?
Avouons-le, cette grâce contribue dans une certaine mesure à la cohésion politique et sociale, ciment de la Nation.
Cependant, le régime de la « Rupture » doit-il continuer par libérer les détenus politiques par tempérament? Mieux, quand interviendra la liberté pour Madougou et Aïvo, les deux grands marqueurs attendus pour décrispation totale?
Tant que Madougou et Aïvo restent en prison, c’est un horizon qui dénature notre pays.
Après 2021 et avant 2026, il faut une dynamique nouvelle de pardon. En effet, au nom d’une logique collective, et loin d’un héroïsme individuel, d’une résonnance des passions concurrentes, d’une peur désormais à la périphérie,
Patrice Talon doit consentir à ce que Madougou et Aïvo
recouvrent la liberté après leur douleur dans le corps et l’âme.
Après la conflagration des idées pour entrepreneurs politiques en marge de la présidentielle de 2021, il faut sortir des labyrinthes de l’offense et retrouver l’autoroute du pardon.
Site lafriqueenmarche du 5 août 2024 No 707
« La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-la du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.».