Hassan Nasrallah est mort le 27 septembre dernier après avoir dirigé durant 32 ans, son mouvement le » Herzbollah ». Que retenir de lui après son décès? Est-il un héros ou un terroriste ?
Pour les Libanais musulmans chiites et dans le reste du monde arabe, il n’y a pas d’amalgame à faire quand on évoque le nom de Hassan Nasrallah. Pour ce beau monde, le leader du « Hezbollah » est un héros charismatique.
En effet, en 1992, en prenant les rênes du « Hezbollah », certes, celui-ci a adhéré à une idéologie, celle de combattre Israël.
32 ans durant, Hassan Nasrallah, dans sa guerre contre Israël et les Américains qui les soutiennent, a agi comme un stratège, un modèle fascinant, même s’il faut pointer et regretter un fanatisme islamiste.
Durant son long règne où il a défié Israël, médias et polémistes n’ont cessé d’électriser les commentaires sur lui.
Quand on évoque ce nom, Hassan Nasrallah,
journalistes, chercheurs et experts sont emportés —certes à juste titre, dans un premier temps—par les exploits relatifs à sa défiance face à Israël durant son long règne.
DIMENSIONS D’UN PERSONNAGE CLÉ…
Mais il faut tenter de dépasser ce stade et comprendre les mécanismes en jeu.
Trait pour trait, Hassan Nasrallah interroge la capacité de l’histoire impérissable à défendre une cause, celle de la résistance contre Israël, une résistance qui fait de cet acteur, un héros de la cause palestinienne.
Hassan Nasrallah comme un
héros n’est pas seulement un simple leader, malgré sa radicalité, journalistes et chercheurs universitaires reconnaissent qu’un tel personnage suscite et fait exploser les recherches biographiques.
D’un temps à l’autre, en tant que leader, Hassan Nasrallah met ainsi en parallèle deux visages. Il y a sa posture de stratège militaire et celui de dirigeant religieux.
S’agissant de la posture de leader religieux, Hassan Nasrallah a développé des traits d’un responsable confessionnel qui joue son rôle avec un amour. Il suffit d’apprécier à sa juste valeur, toutes les institutions sociales et financières qui gravitent autour du « Hezbollah » pour s’en convaincre.
Parlant de stratège militaire, après les deux batailles héroïques face à Israël en 2000 et en 2006, personne ne peut nier sa dextérité militaire.
Même si sa résistance conduit à la tragédie dans ses actes et aussi dans l’écriture qu’on tente d’avoir de lui après sa mort, Hassan Nasrallah tue la fiction.
Malgré le recours à la résistance — qui dit résistance dit violence– on ne peut nier chez Hassan Nasrallah, une réponse à un dressage mécanique de la confrontation.
Avec Hassan Nasrallah, il est à redouter que le réel rattrape l’histoire, car il faut souligner son savoir-faire.
…DERRIÈRE LE STRATÈGE, UN TERRORISTE ?
Pour d’autres journalistes et chercheurs, Hassan Nasrallah est un terroriste. D’autres le mettre carrément sous le couvert du meurtrier, car ses méthodes d’action dépassent souvent le cadre du jihad intégral.
Et en la matière, il faut reconnaître que Israël n’est pas un servant de messe au regard de ses actions meurtrières en Palestine (depuis 70) et à Gaza (depuis un an avec les évènements du 7 octobre 2023) avec la riposte israélienne qui a fait plus de 40.000 morts.
À ce titre, et depuis 1992, le combat de résistance de Hassan Nasrallah a engendré la mort d’Israéliens, d’Américains et autres.
Mais avant sa prises des rênes du « Hezbollah » en 1992, insistons davantage sur la guerre au Liban en 1982. Les massacres des Palestiniens de Sbeba et Chatila par l’armée israélienne (avec des milliers de morts côté palestinien), resteront pour longtemps dans les mémoires.
Depuis lors, le destin de ce personnage s’est-il écrit lors de ces contingences? Hassan Nasrallah a-t-il arc-bouté ses ressorts à
ces événements tragiques?
En suivant pas à pas son parcours et étant à la recherche des causes, journalistes, chercheurs universitaires et experts tablent sur un personnage aux carrefours de plusieurs mentions islamiques du martyr, du moudjahidine.
La réponse des chercheurs est très affirmative, même si après Hassan Nasrallah, a été souvent à rebours de la conception de la résistance.
Doit-on oublier que Hassan Nasrallah s’est construit dans le combat –ce que certains appellent terroriste– selon leur angle de traitement?
Même sous le vocable terroriste, il ne faut pas oublier son titre d’héroïsation. Il suffit de voir les visages défaits de centaines de milliers de Libanais dans les rues de Beyrouth, le 28 septembre dernier, à la confirmation de sa mort pour ne pas nier l’échelle de cet héros. Et en la matière, Hassan Nasrallah a réussi à construire un format véritablement héroïque.
Dans sa philosophie de vie, Hassan Nasrallah a été toujours prêt à mourir en martyr, face à ceux qui n’ont pas fait le même choix que lui.
Il faut tenter dans le même temps de comprendre les ressorts de son terrorisme. Plusieurs points de vue se croisent dans les études biographiques.
Il a été un chef d’orchestre à la cause palestinienne, même si certains y voient son instrumentalisation par le régime des « Ayatollah ».
Hassan Nasrallah n’a pas été épargné pour son rôle d’export de combattants en Syrie pour avoir soutenu le régime Assad.
Cette action de Hassan Nasrallah en Syrie fait plonger au cœur des rouages militaires contre les vrais terroristes, quand il soutient le régime de Assad.
Dans sa guerre contre Israël, on peut comprendre son destin qui s’est forgé dans la tragédie. Hassan Nasrallah puise dans un registre qui a toujours cherché à venger le crime contre les Palestiniens.
Ce personnage s’est donc construit dans la radicalité contre Israël et les occidentaux surtout les Américains
Au-delà de tout, Hassan Nasrallah sur le versant politique, n’abolit pas l’acte confessionnel, avec la porte ouverte à un déterminisme.
N’oublions pas que sa religion, lui a permis de cultiver la solidarité au sein des groupes (famille, cité).
En cela, sa foi n’a pas perdu sa puissance, surtout dans une religion qui impose d’abord des choix qui tiennent comptent de l’individu. Et en la matière, Hassan Nasrallah n’a pas failli.
Le reste de son roman dépendra de ceux qui veulent écrire son parcours de terroriste ou ceux qui veulent vanter celui d’un héros.
Homan ABDELLAH depuis Beyrouth correspondance particulière.
Site lafriqueenmarche du 8 octobre 2024 No 741