Par Freddy Mulongo Mukena Mulongo NALEZA
Avec Angela Merkel, l’ancienne chancelière, la photo surprise !
Être journaliste, c’est savoir s’oublier face aux actions de ceux qui gouvernent, dirigent et décident. Quatre fois, à la chancellerie allemande cela laisse des traces.
Ce jour-là, passionné par mon reportage en l’Allemagne fédérale, j’avais oublié qu’Angela Merkel, la chancelière était à moins de cinq mètres de moi. C’est un autre journaliste de la presse française qui a pris la photo.
À 70 ans, Angela Merkel, qui sort ses mémoires « Liberté », Albin Michel, n’a guère changé.
Simple dans sa communication, elle était sans chichis. En promo pour son livre, elle est interrogée par une journaliste allemande. Madame Merkel, des regrets, après 16 ans de pouvoir, des décisions qu’il n’aurait pas prendre, rien ? « Non, très relaxe elle répond : « il faut dire les choses comme elles sont.».
MERKEL: LE NATUREL…
Prendre un air mélancolique pour justifier des choix discutables, avoir les larmes aux yeux pour montrer ses « failles », c’est très tendance, mais ce n’est pas du tout son truc. C’est pourtant la limite de ce livre, dont certaines parties sont, au demeurant, passionnantes.
Il y a cette photo d’une toute petite fille blonde aux joues roses, avec ses parents, au bord de la Baltique. Cette image de bonheur familial n’a pas été choisie au hasard : elle sert à illustrer l’infinie gratitude qu’elle ressent envers eux, dont elle parle longuement. Des parents aimants, certes, mais aussi des formidables formateurs politiques.
En RDA, la petite Angela apprend très vite ce qu’on peut dire et ne pas dire. Il faut être une pro de la duplicité quand on est fille de pasteur en régime communiste, surtout quand le père, après l’écrasement du Printemps de Prague par les troupes du pacte de Varsovie, en 1968, fait circuler les textes de Soljenitsyne sous le manteau.
Elle apprend à marcher constamment sur la crête, un précieux atout. « Une journée pouvait commencer dans l’insouciance, mais le moindre franchissement des limites politiques était susceptible de tout faire basculer en quelques secondes et de menacer notre existence. Déterminer précisément quelles étaient ces limites, tel était le véritable art de vivre.».
Le mensonge est si étouffant en RDA qu’il faut s’en extraire un peu pour survivre. Elle choisit d’étudier la physique pour cette seule raison : «En physique, deux plus deux faisaient quatre, même en Allemagne de l’est. Je pourrais m’exprimer sans me censurer.».
La période qui suit est insipide, comme si la femme politique qu’elle était devenue s’était fossilisée. Quand elle les raconte, ses débuts en politique dans l’Allemagne réunifiée sont d’une infinie fadeur. Et pourtant… Elle passe sous silence son passé de tueuse, elle qui joignit sa pierre à celle des autres pour faire chuter son mentor, Helmut Kohl, pris dans de sales affaires de corruption, et pour préparer la succession. Elle s’y entend pour éliminer ses concurrents au sein de la CDU.
Sur ses années de pouvoir, c’est un long récit détaillé dans lequel elle concède parfois une vague erreur de timing ou formulation. Qui se souvient que, ministre, elle avait soutenu la seconde guerre du Golfe, quand le chancelier Schröder prônait l’inverse ? Mais, non, elle ne s’est pas lourdement trompée, elle n’aurait pas dû le faire savoir depuis l’étranger mais sur le sol allemand, voilà tout.
Elle surréagit à l’accident de Fukushima, et, pour des raisons électoralistes, abandonne le nucléaire.
… DEMEURE SON FORT
Presque 15 ans plus tard, en dépit d’énormes investissements, le bilan environnemental de l’opération est désastreux et le réseau électrique constamment au bord de la rupture. Elle n’en démord pas, elle a bien fait. Le lancement du pipeline Nord Stream 2, que son successeur a dû arrêter, car il mettait l’Allemagne dans la main de Poutine, fût-il une grossière erreur ? Pas du tout, l’industrialisation de l’Allemagne en avait besoin.Refuser l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN en 2008 a-t-il rendu ce pays vulnérable ? Pas du tout, il ne fallait pas froisser Poutine.
Angela Merkel a-t-elle ouvert trop largement les portes de son pays à l’immatriculation, plongeant l’Allemagne dans une situation politique compliquée, avec une extrême droite en pleine croissance, mais aussi une extrême gauche…
anti-immigration ? Je ne veux pas le savoir, c’est une question d’éthique, répond la dame, qui met en garde ses successeurs contre la tentation d’un tour de vis, alors qu’elle est allée négocier dés 2016 un accord avec Ankara pour bloquer les migrants et renvoyer en Turquie les déboutés du droit d’asile…
A-t-elle géré sans vision, sans grandes réformes, le pied sur le frein budgétaire, comme on le lui reproche aujourd’hui en Allemagne ? Vous plaisantez, j’espère.
Une assurance que contre-balance une affectivité très forte. À de nombreuses reprises, « Mutti » confie avoir été au bord des larmes. Poutine avait peut-être senti cela, lui qui s’amusait à la terroriser avec son labrador, sachant qu’elle en avait peur. Il feint de s’en excuser aujourd’hui, mais un jour, à Moscou, il lui offrit un grand chien en peluche noir en lui disant, avec cette froide ironie qui la caractérise : «Il ne mord pas.». L’étonnant, ce n’est pas le cadeau de Poutine, c’est qu’elle s’en souvienne encore.
16 années durant, Angela Merkel a assumé la responsabilité d’un pays, l’Allemagne ; son action et son attitude ont marqué de leur empreinte la politique allemande, européenne et internationale.
Dans ses Mémoires, elle revient pour la première fois sur sa vie en RDA jusqu’en 1990 puis dans l’Allemagne réunifiée. …
Freddy Mulongo Mukena Mulongo Naleza
Réveil FM International
Site lafriqueenmarche du 29 décembre 2024 No 796