La Chronique internationale de Salifou DIAGNE
Peut-on être chef du gouvernement et critiquer ouvertement le chef de l’État ? C’est le scénario auquel on vient d’assister au Mali. Et si on retournait les cartes pour mieux voir les annotations?
Choguel Kokalla Maïga est le 1er ministre du Mali. Contre toute attente, le civil décide de changer son fusil d’épaule contre son patron qui est militaire, général de surcroît.
Avant de poursuivre cette analyse, méditons
une célèbre citation que l’histoire a gardéé dans les archives.
Cette citation émane de Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre français : « Un ministre, ça ferme sa gueule. Si ça veut l’ouvrir, ça démissionne. ».
Le 1er ministre Maïga se plaint publiquement qu’il est anesthésié par les fragilités administratives et politiques du fait de la junte qui ne l’associe pas, et mieux qui le met à l’écart s’agissant des grandes décisions relatives à la vie de la Nation.
ENTRE DEUX CHOIX…
Après cette sortie de route fracassante de la part du 1er ministre, faut-il cliquer de manière astucieuse sur le bouton discorde d’obédiences entre les deux personnalités de l’Etat malien? Ou faut-il permettre à Maïga de quitter l’attelage gouvernemental simplement avant qu’il ne soit tard ?
Dans ce que les Américains appellent : « Game Of Politics », force est de reconnaître que le 1er ministre a frappé sur une mauvaise percussion.
Les enjeux des prochaines élections sont-ils pour ce début de tentative d’émancipation de la part du chef de gouvernement?
Que faire maintenant? Le 1er ministre doit-il continuer de rester à son poste quand la confiance n’existe plus ?
De manière réaliste, on ne peut plus rien espérer de sa capacité à traiter rapidement ce différend entre les deux têtes de pont de l’exécutif.
La meilleure solution, c’est de laisser Choguel Kokalla Maïga démissionner au lieu de le débarquer sans jeu de simulation politique.
Le masque est tombé. tout porte à croire qu’au fur et à mesure que les virages des échéances électorales approchent, le 1er ministre Maiga préfère la cacophonie des ambitions que l’avenir du pays.
Ce qui est certain, ce coup de gueule du 1er ministre ne peut empêcher les militaires de dérouler leur expresse roulette.
Il faut rompre le cordon ombilical entre le maître du gouvernement et son supérieur hiérarchique. Cela est primordial pour éviter le début de la mastication des coups tordus.
En critiquant les militaires de la junte, Maïga souscrit à un code d’extrême fragilité politique.
Au même moment, ceux qui ont été critiqués sauront surfer sur l’urgence et la vigilance afin d’éviter des mouvements d’escarmouches.
Méditons encore cette citation du ministre Chevènement : « Un ministre, ça ferme sa gueule. Si ça veut l’ouvrir, ça démissionne. ».
Celui qui a critiqué doit savoir assumer toutes les conséquences de droit de son acte.
Site lafriqueenmarche du 19 novembre 2024 No 769