Le président Soglo, qui a publié ses mémoires aux éditions L’Harmattan, le 27 février dernier sous le titre : » Vers le « miracle béninois » : l’épreuve du pouvoir et de la démocratie » était ce jour, l’invité Afrique de RFI. L’ancien président du Bénin était en ligne de Cotonou et a répondu aux questions de Christophe Boisbouvier. Lisez ci-dessous la première partie de cet entretien.
RFI : Monsieur le Président bonjour
Nicéphore Soglo : Bonjour
Alors pendant la campagne de 1996 vous racontez comment l’opposition a fait campagne contre vous en disant que vous étiez l’homme de la dévaluation de 1994 est ce que vous ne regrettez pas d’avoir laissé le premier ministre français de l’époque Edouard Balladur vous imposez un taux de dévaluation très brutale de 50%
Écoutez, c’est la France qui doit payer à la place des débiteurs africains. Et son premier ministre dit, je ne paye pas. Que voulez-vous qu’on fasse ? Qui peut forcer la France à payer ? Non, je crois que tout le monde était convaincu que bon, la décision appartient à la France.
Cette dernière dit qu’elle ne pouvait pas supporter vraiment les dettes de ces anciennes colonies. Et ça s’est fait comme ça. Supposons que Donald Trump se lève en disant, voilà, maintenant je coupe. On a vu déjà ce qu’il a commencé à faire, en ce qui concerne l’Ukraine comment les gens réagissent. Alors imaginez vraiment que quelqu’un vous torde la main de cette manière-là, mais on n’avait pas le choix. Et tout le monde est surpris qu’on ai pu partir d’un peu de croissance négative, de moins trois à plus six en l’espace simplement d’un mandat; 9 points.
Alors au final, vous écrivez que cette dévaluation de 94, eh bien elle a profité économiquement au pays africain. Un remède de cheval aussi fort, vraiment ça a été utile ?
C’est à dire que ceux qui ont pu survivre parce que vraiment ça a été violent bon mais on a dû s’adapter et trouver nous-mêmes nos portes solutions pour ceux qui concernent le coton chez moi j’ai dit à ce moment là qu’il faut que nous puissons industrialisé l’Afrique.
Alors comment remplacer ce franc CFA aujourd’hui ? Est-ce qu’il faut une monnaie nationale pour chacun des pays d’Afrique de l’Ouest, par exemple, ou une monnaie commune ?
Mais oui, mais écoutez, les peuples du Nigeria, les peuples du Benin, ou bien les peuples du Togo, tout ça, ce sont les mêmes peuples. Pourquoi est-ce que l’Europe a réalisé au sorti de la guerre nous on ne pourra pas le faire également ? On doit vraiment créer une monnaie commune ; c’est évident.
Alors vous écrivez, M. le Président, que 30 ans après votre départ du pouvoir, vos successeurs n’ont pas su tirer profit de l’élan économique et démocratique que vous avez donné à votre pays.Quel est votre principal regret depuis 30 ans ?
-Moi, je crois que c’est parce qu’ils n’ont pas une vision de bâtir un ensemble de l’Afrique de l’Ouest pour avoir un monde de paix.
Et vous écrivez que sur le plan des libertés publiques, la situation au Bénin est devenue irrespirable car plusieurs opposants politiques ont été jetés en prison. À qui pensez-vous ?
Moi, je n’ai jamais mis quelqu’un en prison. Je n’ai jamais mis des gens en exil. Non, ça n’a pas de sens.
Je parle au président Talon. J’ai demandé encore une audience. Je lui dirai encore à cette occasion : « Ecoute, c’est moi, en te soutenant, qui t’ai permis d’être président. Eh bien, je te dis que cette année, l’année 2025, tu dois libérer tous les prisonniers politiques, les Reckya, les professeurs Aïvo, tous ceux qui sont en prison. Et tu dois permettre à mon fils, Lehady, à qui tu as collé 10 ans. Ça va durer combien de temps ?»
(…)
Suite de cet entretien avec un prochain lien.
Source RFI