Félix Tschisekedi a annoncé la révision de la Constitution de son pays. Ce qui a suscité un tollé général. Le président de RD Congo, pourra-t-il gagner ce pari face aux opposants déterminés comme des cavaliers sans oublier la réaction de la puissante église catholique ? Les Congolais de Belgique ont leur lecture par rapport à cette perspective qui s’annonce.
Félix Tschisekedi fait de la révision de la loi fondamentale, un chantier prioritaire dans les semaines à venir. Son argument de taille, c’est que certaines dispositions de cette loi fondamentale sont obsolètes.
TSCHISEKEDI : VOLONTÉ DE TOILETTER LA LOI FONDAMENTALE…
Tschisekedi a dans sa ligne de mire, le fameux article 217. Cette dernière, sous toutes les coutures tend à être une échelle offerte à tous ceux qui ont des visées pour tailler de larges territoires de son pays, plus grand que la France cinq fois. Après une Constitution qui a 20 ans, il faut donc changer les dispositions à polémique.
LE NIET DES OPPOSANTS…
Les opposants jurent qu’ils combattront le plan de Tschisekedi. Tous les responsables diocésains de l’opposition ont refait surface à cette occasion. Joseph Kabila, Moïse Katumbi et les autres ont déjà signé le pacte pour faire échec à Félix Tschisekedi.
Réunis en un Front uni de l’opposition, ils annoncent urbi qu’il faut combattre le plan déguisé du président congolais actuel, qui veut s’éterniser au pouvoir.
…L’ÉGLISE CATHOLIQUE A-T-ELLE CHOISI SON CAMP?
Alors qu’on croyait que l’église catholique restera en marge de ce duel constitutionnel, on est désormais fixé.
En effet, la sortie ce weekend du puissant cardinal Fridolin Ambango avec ses piques en direction du régime Tschisekedi, sortie qui situe plus d’un observateur avisé des prises de position de l’église catholique.
Cette sortie démontre que la redoutable église catholique congolaise sous la férule de l’iconique cardinal Fridolin Ambango, bras droit du pape François, donnera du grain à moudre au pouvoir de Kinshasa si l’église catholique se rallie jamais au mouvement du NON.
…QUID DU PEUPLE CONGOLAIS ?
Pendant ce temps, les Congolais de Belgique sont partagés par rapport à l’opportunité de cette révision ou pas.
En effet, trois groupes se dégagent par rapport à un tel genre de conduit.
Dans le premier, on retrouve les « moniteurs » de la Constitution. Ici, à Bruxelles en particulier et en Belgique en général, ces « moniteurs » plus que des constitutionnalistes expliquent que Félix Tschisekedi a raison.
Selon eux, la Constitution actuelle du Congo ayant été rédigée à l’étranger, il est normal qu’on l’expurge de ces dispositions caduques
A ce sujet, les soutiens du président ici à Bruxelles en particulier et en Belgique en général ne manquent pas de faire le lien entre l’article de la Constitution (la fameuse disposition 217), et l’appétit vorace des Rwandais qui instrumentalisent le M23 pour faire ses mille incurvées sur le territoire congolais.
Il y a ensuite ceux qui jurent de combattre cette révision. Selon eux, Félix Tschisekedi ayant combattu Joseph Kabila, son prédécesseur par rapport à la révision, il ne peut remettre subitement le couvert lors d’une veillée au coin de feu et au milieu du bois.
Pour les détracteurs de Tschisekedi, il faut donc combattre sa volonté déguisée de 3ème mandat. La RDC ne doit faire son entrée dans la série noire de la collection des révisions en Afrique.
Pour eux, Tschisekedi ne peut faire son nid après avoir mis des barrières il y a quelques années en arrière contre Joseph Kabila, l’ex président de la RDC.
Il y a enfin le dernier groupe. Ceux-ci refusent de prendre position et parlent de balivernes des uns et des autres.
Face à une classe politique congolaise inconséquente, il faut parler développement au lieu de se focaliser sur les histoires qui bourrent d’épreuves un peuple meurtri et qui vit dans le dénuement.
Ils ne peuvent donc cautionner l’ébranlement politique, social, économique et moral de leur pays pour une révision inopportune.
…TSCHISEKEDI : LES CARTES EN MAINS ?
En décembre dernier, Félix Tschisekedi a été réélu grâce à la méga alliance dénommée « Union sacrée ».
Avec cette rampe de lancement, Tschisekedi peut-il enjamber des palissades politiques pour enclencher un chantier si miné que celui de la révision?
Loin d’être des balivernes, la grille de lecture de Tschisekedi relative à l’article 217 est bel et bien pointue.
Cependant, même si cette disposition est un point inacceptable, le moral d’autorité doit-il choisir de s’égarer dans les fracas de la division d’un pays confronté à la guerre?
En effet, à l’ère des soupçons de révisions en Afrique pour continuer de tenir lieu de programme, les particularités d’un tel chantier peuvent s’expliquer.
D’abord, il y a le moment choisi. Félix Tschisekedi a cru qu’il pouvait entamer l’oeuvre de la révision après sa victoire écrasante à la dernière présidentielle.
Ensuite, au-delà du pouvoir, il y a la confiance. En la matière, le président Tschisekedi sait surfer sur ses habiletés personnelles et stratégiques pour parvenir à ses fins.
Malheureusement, en voulant compter que sur ces deux taux de remplissage de l’applaudimètre pour entamer la révision, Félix Tschisekedi a commis une erreur qui pourrait lui être préjudiciable.
Il y a d’abord le fait d’ignorer la complexité organisationnelle d’une révision alors que son pays est confronté à une guerre ouverte de la part du Rwanda avec en appendice le M23.
Mieux, il y a cette erreur de vouloir réviser en donnant l’opportunité à l’opposition malmenée lors des dernières élections générales de 2023 à renaître de ses cendres.
Ici, le président Tschisekedi malgré sa majorité parlementaire écrasante a mal manoeuvré selon les Congolais de Belgique.
L’opposition de diverses provenances, surfant sur de multiples contextes sociaux, ne pouvait jamais accepter une révision.
Le président congolais a également oublié qu’un tel projet est de nature à accroître l’agilité confessionnelle de l’église catholique.
Cette dernière a fait asseoir son influence sur les meilleures bases d’égalité et de justice contre Joseph Kabila. Dès lors, l’église catholique peut-elle accepter la logique des trucs bidons et des ficelles noires pour uniformiser une maquette qui divisera davantage le peuple au lieu de l’unir sous Tschisekedi ?
On a d’ailleurs vu la chaîne de communication du cardinal Fridolin Ambango.
Au finish, selon les Congolais de Belgique, si certains soutiennent le projet de révision, d’autres jurent que cette révision risque d’être une sorte de confettis emportés par le vent si le président congolais ne change pas son fusil d’épaule.
Salifou DIAGNE depuis la Belgique.
Site lafriqueenmarche du 26 novembre 2024 No 774