Chronique internationale de Itumba Kishila depuis Paris
Joseph Kabila, chef de l’Etat honoraire accuse Félix Tschisekedi de dérives autoritaires. C’est par le biais d’une tribune véhémente dans le journal sud-africain, « TimeLive.com ». L’ ex président congolais peut-il donner des leçons à son successeur ?
«…intimidation, arrestations arbitraires, exécutions sommaires et extrajudiciaires,
ainsi que l’exil forcé de politiciens, journalistes et leaders d’opinion…», voilà un extrait très acerbe de cette tribune de Joseph Kabila.
L’ ex chef d’Etat congolais revient également sur les élections générales de décembre 2023. Il affirme qu’elles ont été «truquées» et organisées en violation du cadre juridique et des normes internationales.
L’ ancien président de la République critique sans ambages, le projet de Félix Tshisekedi de modifier la Constitution.
AU BAN DES ACCUSÉS…
Joseph Kabila a donc rompu un long silence en publiant un brûlot contre l’actuel président congolais. Est-il fondé ?
De manière générale, sous tous les cieux, les prédécesseurs ont une manie à la condescendance. On le leur concède
Généralement, quand certains quittent le pouvoir, ils observent un silence sabbatique. Ils sont sous le boisseau, une sorte de pacte de non-agression.
Quand vient le moment d’apprécier le successeur, c’est rarement pour parler d’eux en bien.
Passons donc et revenons à notre préoccupation : « Kabila peut-il peindre en noir Tshisekedi ?»
En parlant de :« Violations des droits de l’homme, arrestations arbitraires, corruption, détournement…», Joseph Kabila est mal placé.
Il faut lui rappeler qu’il a dirigé le pays étrangement pendant 18 ans. Ce long règne a cautionné un pouvoir marqué par des manœuvres subreptices pour réprimer l’opposition.
Peut-on
véritablement donner des leçons de démocratie quand on a soi-même érigé un système arbitraire, opaque, autocratique et autoritaire?
Dès lors, comment peut-il s’attaquer à son
successeur Tshisekedi dont la gouvernance approximative n’est que la suite logique de celle de son maître/parrain/adoubeur au pouvoir et subitement devenu son censeur?
… COMME AU PROCÈS
Au lieu de concentrer les forces pour savoir comment bouter l’ennemi M23 et Rwanda hors de la RDC, Joseph Kabila veut nous distraire les Congolais. C’est regrettable !
N’est-il pas très mal placé pour donner de leçon à Félix Tschisekedi en matière de démocratie et de bonne gouvernance?
Il faut rappeler à Joseph Kabila que Félix Tschisekedi gère l’héritage politique qu’il lui a laissé en legs.
Par un bon d’achat ou par cadeau, le filleul Tschisekedi souscrit à l’offre ou au service de son maître et modèle politique.
Un parrain en lien avec son filleul porteur d’un projet de société ne doit pas l’attaquer.
On le sait, son parrainage a été une action nationale inefficace que lui-même ne doit plus critiquer.
Joseph Kabila, en tant que chef de l’Etat honoraire aurait mieux fait de se taire que de relancer les tensions au sein d’une classe politique congolaise déjà fracturée par l’occupation de pans entiers du territoire national par les rebelles du M23, à cause de la gouvernance exécrable du personnel politique depuis le 30 juin 1960.
Site lafriqueenmarche du 25 février 2025 No 840