Une tribune de Radji SANOUSSI depuis les USA
RFI a réalisé une interview avec le jihadiste Amadou Diallo alias « Amadou Koufa ». Suite à cette interview, RFI prend la responsabilité de ne pas la diffuser. Cependant, le mal n’est-il pas fait ?
Après cette interview exclusive, RFI
a fait une option de ne pas diffuser son intégralité, mais de mettre en exergue des thématiques, c’est-à-dire des centres d’intérêt.
Avec cet exercice de centres d’intérêt que l’opinion internationale a su les grands sujets abordés avec le jihadiste.
En effet, durant l’entretien, le chef de la katiba « Macina », affilié à « Ansar Dine », puis au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), a dit sa joie après les performances réalisées par ses hommes dans les pays du Sahel (Mali, Niger, Burkina).
Mieux, « Amadou Koufa », a annoncé de prochaines incursions de ses affidés dans trois pays du Golfe de Guinée. Il s’agit du Ghana,Togo et Bénin.
APRÈS L’INTERVIEW…
Pour RFI, diffuser intégralement cette interview, revient à contribuer à la propagande jihadiste.
Si cette option de RFI,
celle de ne pas contribuer à une opération machiavélique de communication d’un jihadiste, a été finalement très appréciée par de nombreux observateurs avisés, n’a-t-on pas jeté à la fois, le bébé et l’eau de bain?
Interviewer un leader jihadiste permet de recueillir des informations sur ses plans actuels et ses perspectives.
Grâce à cette interview, l’opinion publique africaine, au-delà du Sahel, sait dorénavant qu’il projette des attaques dans les pays du Golfe de Guinée (Ghana, Togo et Bénin).
En effet, donner la parole à un jihadiste peut jouer un rôle crucial pour stimuler le débat en situation de crise. Cette approche peut également apporter une contribution positive à la prévention du terrorisme.
Mieux, cette interview permet notamment aux États du Golfe de Guinée de se préparer pour déjouer les menaces terroristes à l’horizon.
Cependant, force est de reconnaître que cette interview pose la problématique des médias face au terrorisme, surtout la question de ne pas servir d’élément amplificateur ou louangeur au jihadime.
…UN CHOIX ÉDITORIAL QUI NE RÈGLE PAS TOUT
Réaliser une interview avec un jihadiste est une équation difficile, car après, il y a de grands défis à relever, c’est-à-dire comment exploiter les parenthèses.
Certes, le jihadisme jouit d’une nouvelle dynamique. Il profite d’un environnement médiatique nouveau, celui des réseaux sociaux avec une large portée sans précédent. Ce qui permet au jihadisme de relayer l’information à une grande échelle.
Dans un contexte de lutte contre le terrorisme, les grands médias comme RFI, ne doivent-ils pas considérer des défis majeurs au regard des normes établies de la sécurité des populations ?
La façon d’exploiter le leadership d’un jihadiste doit compter. Les médias internationaux doivent se référer à la législation, y compris les lois antiterroristes et la manière dont elles sont appliquées dans la pratique. Tout cela doit conduire à un effet dissuasif par rapport à l’audience relative au débat public.
Les médias internationaux, ont donc la responsabilité de savoir exploiter les projets des jihadistes et leurs menaces potentielles.
Ce qui permet d’éviter le sensationnalisme pouvant conduire à la propagande au profit du jihadisme.
Même si cette interview n’a pas été diffusée, quel est le sentiment dans ces trois pays ?
Maintenant que le gouvernement et l’armée du Ghana, du Togo et du Bénin après les récents propos de « Amadou Koufa » sont au courant, ils savent quoi faire pour éviter les velléités jihadistes.
Une chose est certaine, le terrorisme cherche à exploiter le pouvoir des médias pour diffuser leur idéal relatif à l’extrémisme violent.
Il revient aux médias internationaux de désamorcer les récits susceptibles d’attiser la haine et autres substituts liés à la violence et à l’effusion de sang.
Face au fléau du terrorisme, RFI, tout en faisant l’autocensure, a cependant permis la glorification d’un jihadiste.
Loin d’un sentiment de peur, chacune des armées de ces trois pays doit s’armer de vigilance et de détermination pour déjouer les projets terroristes.
Site lafriqueenmarche du 1er novembre 2024 No 759