Au Sénégal, le peuple souverain est appelé aux urnes ce 17 novembre 2024. De la mouvance incarnée par Ousmane Sonko ou l’opposition conduite par Macky Sall, qui aura le dernier mot aux législatives ?
Ousmane Sonko veut avoir la majorité au Parlement afin d’avoir les coudées franches pour piloter sa gouvernance. Pour cela, il est la tête de liste des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), son parti qui est aux commandes du Sénégal depuis la présidentielle de mars 2024.
Pour gagner les législatives, Ousmane Sonko, a comme entre autres challengers, Macky Sall. En effet, l’ancien chef de l’État sénégalais est de retour en politique sept mois seulement après son départ du pouvoir. Et pour ce retour, il choisit un poste qui est en dessous d’un cran, celui de député. En arrondissant mieux les angles, Macky Sall a pris la tête de liste de la coalition
« Takku-Wallou ».
Dans les urnes, au moment où les Sénégalais vont voter, le match Sonko- Sall va connaître son dénouement.
Si Sonko tient à jeter l’ancre de son vaisseau, Macky Sall jure de l’en empêcher par les pierres concassées de la cohabitation.
Mais avant, il faut rappeler le ton belliqueux dans le landerneau sénégalais, un landerneau réputé pour « ses manies d’injures à la bouche ».
Les injures ont malheureusement tenu leur rang durant cette campagne. Cette dernière a failli se transformer en galimatias avec les armes blanches en poches des milices au service des partis politiques.
Heureusement, tout s’est bien passé et la raison a prévalu.
Macky Sall a décidé de tenir en personne le parapluie de « Takku-Wallou ». Son choix a pour objectif de dompter la coalition de
Ousmane Sonko au Parlement.
Macky Sall contraint de ne pas briguer un 3 ème mandat revient pour être député. Parviendra-t-il à ses fins?
Généralement, dans un tel cas de figure, c’est pour imposer une cohabitation au parti au pouvoir. Au-delà de cet objectif affiché, des buts inavoués seraient-ils poursuivis par Macky Sall ?
PAS DE CESSEZ-LE-FEU…
Au-delà de donner un maximum de chance à son camp et à l’opposition pour remporter ces législatives, Macky Sall, en descendant dans l’arène, joue un instinct de survie.
Cependant, si le Pastef remportait les législatives, Macky Sall doit craindre pour son numéro matricule.
En effet, le contexte de réédition des comptes avec la publication des audits qui révèle des présomptions de scandales financiers peut-il donner de l’insomnie à Macky Sall?
Si le Pastef a la majorité au Parlement, le parti au pouvoir pourrait avoir es mains libres à l’Assemblée nationale pour mettre en place une Haute cour de justice pour présomptions de mauvaise gestion durant le règne 2012-2024 de Macky Sall.
Mieux, l’ancien chef de l’Etat sénégalais pourrait également faire l’objet de poursuites et jugé pour haute trahison du fait de la répression des manifestations politiques entre 2021-2024.
Face à ces menaces, Macky Sall est contraint de sauver son rang ce 17 novembre 2024 pour éviter une majorité de 3/5 de députés.
Si un tel seuil est franchi, l’Assemblée nationale aurait les coudées franches pour lui demander des comptes.
Macky Sall est-il sur une corde raide? On attend les résultats des législatives. En attendant les résultats, c’est qu’en sept mois de gestion, les Sénégalais ont pu voir les errements et les limites du nouveau pouvoir.
Le duo Bassirou Domaye Faye et Ousmane Sonko n’a pas totalement convaincu, duo qui a recherché pendant les premières semaines de gouvernance ses marques.
Déterminé à atteindre ses objectifs, Macky Sall a dû renoncer à son prestigieux poste d’envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P).
Pour ce faire, l’ex-président, Macky Sall a démissionné. Le sacrifice consenti et la candidature à la députation suffiront-ils pour sauver Macky Sall ?
Bissi LAMINE Correspondance particulière depuis Londres
Site lafriqueenmarche du 17 novembre 2024 No 767