L’Editorial de Titus FOLLY
Avec les preuves laissées par les mercenaires à l’aéroport de Cotonou le 16 janvier 1977, Mathieu Kérékou a engagé à raison, un bras de fer avec Bernard Omar Bongo, le président gabonais d’alors. 47 ans après, le Bénin vit une autre crise diplomatique majeure. Cette fois-ci, le rôle est inversé, car c’est le Niger qui accuse notre pays même si les arguments ne sont pas solides. Que faire pour que les évènements actuels ne produisent les mêmes effets que lors de la crise Gabon-Bénin? Analyse dans l’exercice de L’Editorial du jour.
A l’heure des changements climatiques, je dis comme le pape François : « Notre nature s’écroule.».Préservons-la donc.
Le Bénin vient d’interdire le transport fluvial sur le fleuve Niger. Suite à cette décision, nombreux sont malheureusement nos compatriotes partis à la quête de leur gagne-pain, piégés.
EVITONS LA MONTÉE DES TENSIONS…
Sous toutes les coutures, cette décision béninoise est disproportionnée, surtout que les accusations du Niger relatives à la présence de bases militaires françaises dans notre pays semblent être des peccadilles.
Dès lors, l’exécutif béninois devrait-il opter pour une réponse du berger à la bergère, pour une stratégie à la vulgate ? En tentant de donner coup pour coup au Niger, le Bénin ne fait-il pas le lit aux autres pour l’escalade?
Depuis 1960, le Bénin, un pays pacifique n’a jamais été un peuple de vendetta contre les autres, même si Nation a vécu les séquelles des autres.
Alors que le Niger nous accuse sans preuves, le Bénin avec des arguments indéniables à l’appui a encore subi les représailles.
C’était en 1978, un an après l’agression du 16 janvier 1977. En effet, à Khartoum, la capitale du Soudan cette année-là, le maréchal Gaafar Nimery, président d’alors de cette République accueillait le sommet de l’OUA (actuellement UA).
A cette réunion, Mathieu Kérékou qui a été attaqué par une horde de mercenaires et de fins limiers a eu la chance d’une intelligence procédurale globale sur la base de documents irréfutables.
Fort de cet acquis, et à la tribune dudit sommet, il n’a pas hésité à « instruire » un réquisitoire véhément contre Omar Bongo du Gabon, présent aussi au sommet de Khartoum.
Tancé et traité de
parrain des filleuls mercenaires débarqués à Cotonou par Kérékou, Omar voulait réagir. Kérékou était prêt à tout,
n’eût été la prompte réaction du maréchal Gaafar Nimery, qui accueillait ses pairs.
La suite, on la connait. Omar Bongo, retourné à ses pénates à Libreville outré et dans une colère noire, expulsa la forte colonie béninoise. C’était le fameux rapatriement des Béninois du Gabon.
Avec zèle, en échos à la décision de Omar Bongo, une vendetta et une course-poursuite étaient orchestrées par les Gabonais pour débusquer les Béninois de Libreville, Port Gentil, Lambaréné, Bitam, Oyem…
Conséquence, des milliers de Béninois maltraités comme des gibiers de potence sont rentrés au bercail avec quelques effets épars laissant derrière eux des bâtisses modernes, rutilantes voitures et comptes bancaires garnis.
… ET DES PLACEMENTS CIBLÉS COMME PAR LE PASSÉ
Et ce cas de rapatriement des Béninois du Gabon a été précédé d’autres. On peut citer ceux de la Côte d’Ivoire, du Nigeria, du Congo et même déjà du Niger suite à la guerre de l’île de Lété en 1963.
Mais jamais le Bénin n’a appliqué des mesures de rétorsion contre les communautés étrangères au Bénin.
Mlogoême si dans ce dossier des accusations du Niger, Patrice Talon à la popularité à la Nord Coréenne auprès de sa base militante (UPR et BR), le Bénin doit éviter de multiplier les ripostes administratives contre le Niger.
A la tension après le coup d’État du 26 juillet 2023, il faut éviter une crise géopolitique et économique. Il faut éviter les rivalités pour le contrôle idéologique, les droits de douanes par le truchement d’érection de barrières entre États voisins désireux de défendre leurs intérêts nationaux.
On attend la régulation par échelle, loin d’une vision de rhétorique agressive et de placements ciblés.
Aux antipodes de chimères à intervalles, retrouvons la magnificence et la sérénité de la coopération régionale.
Le Bénin doit éviter de réagir surtout quand les griefs contre notre pays ne sont pas avérés. A s’y méprendre…
Site lafriqueenmarche du 27 mai 2024 No 652
« La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-la du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.».