Tchad/Renvoi Des Troupes Françaises : Deby à L’école de Goïta, Plus Surprenant Que Son Moniteur

Mise en ligne : L'Afrique en marche | Publié le 30 novembre 2024 dans Africa UP | Temps de lecture: 3 mins

Tchad/Renvoi Des Troupes Françaises : Deby à L’école de Goïta, Plus Surprenant Que Son Moniteur
L'Afrique en marche

Mahamat Deby a décidé que les troupes françaises quittent son territoire. La nouvelle est tombée ce 28 novembre. Assimi Goïta du Mali a donné le ton des grandes manœuvres contre les troupes françaises. Après Traoré du Burkina et Tiani du Niger ont suivi. Maintenant, c’est le tour de Deby du Tchad, qui vient de mettre fin aux accords de défense et de sécurité avec la France.

Mahamat Deby avec courage a décidé de sortir son pays des arcanes des Nations qui abritent des troupes françaises.

Et pourtant, le jour même de la prise de cette décision, le tout nouveau ministre des Affaires étrangères de France, Jean-Noël Barrot a effectué sa première visite en Afrique. Le patron du Quai d’Orsay au Tchad n’oubliera pas tôt ce coup, car sa visite d’importance n’a pas empêché la fin du marché des transferts.

Mieux, le jour même de sa prise de décision, le Tchad célébrait la fête de la République. C’est une marque importante de souveraineté dans ce pays où la France se croyait en territoire conquis.

 

…COMME DANS UNE TEMPÊTE DE SABLE

La rupture a été sans partage consenti, d’autant plus qu’il n’y a même pas eu un coup de fil entre Emmanuel Macron et Mahamat Deby.

Et pourtant, en avril 2021, à la mort de Idriss Deby, président et père de Mahamat, le président français était à Ndjamena pour la cérémonie baptismale et de couronnement du fils Deby.

Malgré les acerbes critiques de l’opinion nationale et internationale, ce format de succession dynastique était pour Emmanuel Macron, un ralliement pragmatique au profit d’une coopération militaire.

Mieux, pour Macron, l’armée tchadienne est un gage de sûreté pour de nombreux pays de la région sahélienne face au jihadisme en général et à Boko Haram en particulier.

Si Deby fils décide de rompre les amarres, disons-le clairement, les troupes françaises n’ont été efficaces que très rarement auTchad.

Hormis l’opération « Épervier » dans les années 1980 contre les velléités
expansionnistes de la Libye de Kadhafi, les troupes françaises n’ont pas été utiles.

En outre, face aux agissements terroristes de « Boko Haram », les troupes françaises n’ont même pas été capables de ratisser et de rafler les apostats.

L’efficacité des troupes françaises s’observe seulement quand il s’agit de dénicher les traites contre le régime de Deby père.

Contre toute attente, quelques mois après son élection à la présidence du Tchad, Mahamat Deby change son fusil d’épaule.

En effet, lui dont le régime s’assimile étrangement aux marchandages du passé, aux pratiques clientélistes profondes du néocolonialisme, se repositionne avec prégnance dans les enjeux régionaux et internationaux.

Signalons que Mahamat Deby a été chez Vladimir Poutine au Kremlin et reçu en pompe il y a quelques mois.

Ce décision ne trompe pas, même si Mahamat Deby est absent idéologiquement dans le mouvement souverainiste.

À la banque du temps, Mahamat Deby, en dépit de la déficience d’influence idéologique comme dans les cieux diplomatiques de Bamako, Bangui, Niamey, Ouaga…a frappé un bon coup.

Au finish, cette décision de Deby est de nature à provoquer une tempête de sable dans ce désert que les régimes père et fils Deby maîtrisent très bien.

En effet, dans un contexte économique et social difficile sur le plan interne, après son élection qui sarcle dans la gouttière, la morale politique, Mahamat Deby a pris date avec l’histoire.

En analysant les formes responsables pour renvoyer les troupes françaises, tout porte à croire qu’il a été plus astucieux que Assimi Goïta, le maître du dossier.

C’est Goïta qui a mis fin le premier au Sahel à la présence militaire française. Les autres ont suivi. Reconnaissons que Mahamat Deby a fait fort

Titus FOLLY

Site lafriqueenmarche du 29 novembre 2024 No 777

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