Le président français, Emmanuel Macron, va-t-il jouer correctement son rôle de « chiffreur » des morts des tirailleurs revenus de la 2eme Guerre mondiale et tués par l’armée française ? Sa récente correspondance à Bassirou Domaye Faye du Sénégal, lettre dans laquelle, il reconnaît enfin le massacre de Thiaroye, peut-elle servir à la manifestation de la vérité?
Les peuples de l’Afrique de l’ouest fêtent ce 1er décembre 2024, les 80 ans des évènements dramatiques de Thiaroye. C’était le 1er décembre 1944.
Ce jour-là, les soldats français ont chargé à l’arme lourde, des tirailleurs africains revenus du 2 ème conflit mondial.
EN ATTENDANT….
Le péché des tirailleurs est d’avoir réclamé leur pitance après leur dévouement héroïquement à cette guerre.
L’armée française alors détachée au Sénégal, capitale de l’Afrique occidentale française (AOF) n’a pas fait de quartier.
Combien sont-ils morts après cette expédition punitive des troupes françaises contre les tirailleurs?
Parmi ceux-ci, il y avait des Sénégalais, des Maliens, des Guinéens de Conakry, des Ivoiriens, des Dahoméens (aujourd’hui Béninois), des Nigériens, des Voltaïques devenus Burkinabè… Combien sont-ils morts ? L’armée française, après ses manœuvres n’a reconnu que 35 morts.
Après tant d’années de manipulation et de dissimulation par les gardes militaires sédentaires et réticents à la vérité, car conscients que la poussière dans les casernes sans oublier les barrières installées même sur le toit des archives de France, allaient faire leurs courses.
Au comble des manœuvres subreptices de l’armée française, certaines voix critiques comme Ousmane Sembène ont refusé de se taire et de s’abîmer le néant. Le grand cinéaste sénégalais a décidé de projeter « Thiaroye » au grand écran.
En dépit des ronces et des herses sur la route de la vérité, les lignes ont commencé par bouger. En 2014, François Hollande, alors président de France, après tant d’années de douleur et de traumatisme qui ont fait alliance avec le mensonge et la dissimulation des archives, a fait une déclaration fracassante : « À Thiaroye, il y a eu répression…». Ce président français a donc poussé le vaisseau du mensonge et du déni sur l’écueil du dilemme.
François Hollande, il y a quelques jours, soit 10 ans après sa première déclaration, alors qu’il n’a plus les rênes de la France, a fait une déclaration tonitruante. On l’a écouté sur RFI. « Ce n’est pas seulement une répression, c’est un massacre…», selon François Hollande.
De répression à massacre, il faut désormais plusieurs chapitres comme des témoins puissants des évènements du 1er décembre 1944 pour nous éclairer.
…LA VÉRITÉ DES CHIFFRES
Dans l’approche sémantique, 35 morts (chiffre avancé par la France depuis 1944) pour une répression, c’est acceptable.
Après François Hollande, Emmanuel Macron écrit à Bassirou Domaye Faye et parle de : « Massacre…».
Dès lors, combien de morts 300, 400, 500 pouvait-il avoir ce 1er décembre 1944 ? Après les mécanismes de dissimulation, les calculs mentaux sciemment tronqués dans une sorte d’arithmétique et de principes assimilés à la fumisterie, Emmanuel Macron n’a pas grand mérite, car l’auteur du terme » Massacre » est avant tout François Hollande.
Quant à Emmanuel Macron qui vient de rejoindre les rives de l’histoire, qu’il permette aux archives, avec leurs preuves d’efficacité comme dans les procédures éprouvées, de nous situer dans les mois à venir.
En ce jour anniversaire de triste mémoire, Emmanuel Macron doit éviter d’être dans l’embarras d’une nécrologie tâtonnante. Que la postérité retienne ses efforts consentis pour le recueil des héros tirailleurs et non pour le portrait des barbouzes de l’armée française qui ont tiré sans ménagement sur des Africains.
Titus FOLLY
Site lafriqueenmarche du 1er décembre 2024 No 778