L’Editorial de Murielle MENSAH
Maître Gims n’aurait pas dédié une chanson à la gloire de Patrice Talon. La mégastar, même touchée par les réalisations du 1er Béninois, ne lui aurait pas consacré un opus. Ce tube aurait été généré par l’intelligence artificielle. Un démenti officiel a sifflé la fin de la vague des polémiques. Cependant, peut-on éviter la masse critique ?
« Sans doute l’œuvre d’un aficionado du président pour saluer les progrès que réalise notre pays sous son magistère », lit-on dans une réaction publiée sur ses réseaux sociaux.
Cette réaction émane du porte-parole du gouvernement du Bénin qui a expliqué que la chanson en question n’était pas interprétée par Maître GIMS lui-même, mais générée par l’intelligence artificielle.
C’est donc officiel. Patrice Talon n’a pas eu droit à un opus de la part Maître Gims, ce tube visible sur YouTube sous le titre « Maître GIMS, Hommage à Patrice TALON » et qui a déjà accumulé plusieurs milliers de vues en un temps record.
Comme artiste, Maître Gims, n’est pas n’importe qui. À défaut d’avoir Booba la mégastar, Gims est l’autre poids lourd de la scène musicale mondiale en matière de pop urbaine.
À titre de rappel, Maître Gims s’est révélé aux côtés de Black M Lefa ou encore Barack Adama à la fin des années 2010 et a démocratisé le rap en inventant un nouveau genre : la pop urbaine, quand il a commencé à se produire en solo, sans la « Sexion d’Assaut ».
Maître Gims avec son expérience, même s’il a vu le Bénin en chantier comme beaucoup, le Kino-congolais, en stylisé avec ses lettres capitales, en bon rappeur et compositeur, sait qu’il ne peut prendre le risque de laisser une marque pour quelque personnalité et ce pour plusieurs raisons.
FAUSSE ALERTE…
D’abord, tout tube en guise de dédicace à un chef d’Etat, a rarement eu du succès dans les backs. Quel opus peut-il faire pour une personnalité et qui peut battre le record de son titre fétiche : « J’me tire », en 2013, un tube qui a ‘atteint les sommets avec une première place au classement?
Ensuite, même si Talon à bras étendus compte la star parmi ses amis, Maitre Gims ne franchira pas le rubicon pour signer. Tout morceau pour un chef d’Etat ne peut se départir du contexte politique. Maître Gims sait pertinemment que toute chanson pour honorer un président sera détestée ou boycottée par une grande partie du public.
En effet, quand les chansons « naissent », les critiques du public pleuvent contre tout opus présenté comme une lumière de midi. D’où une invention langagière pour une sorte de machine de mise à boycott.
L’autre élément déterminant, beaucoup de chanteurs internationaux ont appris de la mésaventure de la World Star, le malien Salif Keita.
Dans la catégorie des chansons mythiques à un président, la star malienne Salif Keita, au sommet de sa gloire a dédié « Mandjou » en guise de gratitude au président guinéen d’alors, l’emblématique Ahmed Sékou Touré qui a dit « NON» au général de Gaulle.
Après ce morceau qui remonte en 1978, Sékou Touré est devenu un célèbre autocrate. La suite, on la connait. Le peuple guinéen lui en a voulu tout le temps.
Quand un musicien prend le risque de prester pour un président de la République, le peuple n’applaudit pas toujours et Maître Gims le sait très bien.
Avec ce faux/tube généré par l’Intelligence artificielle n’est-il pas nécessaire désormais de vérifier l’authenticité des contenus musicaux qui circulent sur la toile?
lafriqueenmarche du 11 mars 2025 No 850