La rencontre hautement symbolique entre le Patrice Talon et son prédécesseur Thomas Yayi en date du 24 octobre dernier, a été un échec. À première vue, un simple échange politique, car en réalité, ce rendez-vous n'a pas été porteur d'impulsion significatives pour l’avenir politique du Bénin, alors que le duo parti "Les Démocrates" a été disqualifié.
En dépit de cette rencontre Talon-Soglo, notre démocratie n'a pas avancé. Entre divergences stratégiques, tensions autour du leadership et soupçons d’alliances souterraines, la formation de Boni Yayi ne sera pas en lice pour 2026.
Cette crise survient à un moment charnière, où le pays se prépare à de nouvelles échéances électorales et où la démocratie électorale est plus que jamais mise à l’épreuve.
La rencontre de ce 24 octobre, n'a été qu'un geste d’apaisement. Patrice Talon, pragmatique, semble vouloir ne rien concéder en lien avec le système partisan, sa réforme phare sur le plan politique.
Quant à Boni Yayi, son ancien mentor devenu opposant acharné, il croyait aux dividendes du dialogue politique. Il croyait donc avoir une occasion de ramener son parti dans le jeu processus électoral républicain.
En dépit de cette rencontre, le parti "Les Démocrates" ne seront pas en lice pour la présidentielle du 12 avril 2026. On a cru que cette audience allait ouvrir une nouvelle ère du dialogue politique.
GÉNIE POLITIQUE BÉNINOIS...
Ce tête-à-tête entre Talon et Yayi n'a pas permis le retour du “génie béninois”, cette capacité légendaire du Bénin à résoudre pacifiquement les crises par le dialogue.
En effet, depuis la Conférence nationale de 1990, le Bénin a souvent surpris le monde par son sens du consensus et son attachement à la démocratie.
Cependant, depuis l'avènement du régime Talon, cet élan à négocier n'a fonctionné qu'une seule fois. C'était en octobre 2019 avec la tenue d'un dialogue national, dialogue au lendemain des législatives exclusives, dialogue qui a permis la révision Constitution.
Depuis lors, le Bénin qui donnait la leçon de maturité politique à l'Afrique n'y arrive plus.
Et par rapport à la disqualification du duo LD, le rapprochement entre Talon et Yayi, deux anciens alliés, n'ont pu rebattre les cartes, redéfinir les équilibres politiques et ouvrir la voie un dialogue.
Ce tête-à-tête entre Talon et Yayi n'a pas marqué le retour du “génie béninois”, cette capacité légendaire du Bénin à résoudre pacifiquement les crises par le dialogue.
Et le monde qui appréciait le Bénin pour son sens du consensus et son attachement à la démocratie, un pays qui donnait la leçon de maturité politique que beaucoup a été surpris par cet échec.
Dans un contexte africain marqué par des tensions politiques, des coups d’État et des transitions incertaines, le Bénin pouvait, à travers cette rencontre, rappeler le rôle pionnier en matière de démocratie en Afrique de l’Ouest.
Malheureusement, Talon et Yayi ne sont pas parvenus à dégager une ligne commune, fût-elle minimale.
...PERTE DE CRÉDIBILITÉ ?
Le signal que tout le monde entier attendait, celui d’un peuple capable de dépasser les insuffisances du cadre légal pour bâtir l’avenir n'a pas abouti.
D'où la déclaration fracassante de Boni Yayi quelques jours après pour dénoncer la gouvernance démocratique exclusive du régime Talon.
Talon et Yayi ne sont donc pas parvenus à dégager une ligne commune, relative à la cohésion politique.
Ce rendez-vous manqué, va-t-il davantage contribuer au symptôme du mal politique béninois, mal qui surfe sur les querelles d’appareils prenant souvent le pas sur les idéaux de développement et de gouvernance?
Ce rendez-vous manqué relatif à la fracture idéologique profonde, d’un côté, le parti "Les Démocrates" qui déroule une opposition frontale au régime Talon.
En face, la mouvance présidentielle sous la férule de Patrice Talon, qui prône un système partisan "constructif" sans des passerelles de sortie de crise.
En dépit de ce rendez-vous manqué, tout n'est pas perdu, car le Bénin est capable de dépasser les ressentiments pour bâtir l’avenir.
Stanislas KPADÉ
lafriqueenmarche du 2 novembre 2025 No 1034
