Le gouvernement malien dirigé par Assimi Goïta a annoncé, par un décret publié le 7 octobre, la radiation de 11 officiers des Forces armées maliennes (Fama) dont une femme au rang de général.
Néma Sagara est accusée de “conspiration” et radiée avec 10 autres officiers dont le général Abass Dembélé.
...DESSOUS D'UN DÉCRET
Cette mesure disciplinaire, qualifiée de sévère et spectaculaire de par ces deux cibles de renom, s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre le pouvoir et certains milieux militaires. Ce décret marque donc un tournant dans la gestion interne de la junte.
Ce décret fait suite aux arrestations en août dernier d'une cinquantaine de soldats et d'officiers, et ce dans un climat de suspicion.
Les officiers radiés avaient été arrêtés au début du mois d’août, dans le cadre d’une vaste enquête sur un complot présumé visant à renverser le régime.
Parmi les personnes concernées figurent des officiers de la Garde nationale, un corps particulièrement central dans les équilibres militaires maliens.
Le pouvoir de transition affirme que l'opération vise à “assainir” les rangs de l'armée, à renforcer la cohésion, la loyauté et la discipline au sein des FAMa.
Toutefois, le dossier reste entaché de zones d’ombre. En effet, aucun procès public n’a encore été instruit à ce jour, et les autorités n’ont pas divulgué au grand public d’éléments concrets prouvant les manœuvres incriminées.
ZOOM SUR LES OFFICIERS CONCERNÉS...
Au nombre des généraux radiés, il y a le général Abass Dembélé. Celui-ci est une figure reconnue dans l’armée malienne. Mieux, il a été ancien gouverneur de Mopti, ayant acquis un certain prestige et une certaine visibilité.
Ensuite, il y a le général Néma Sagara. Elle est officier de l’armée de l’air. Elle est également une des figures citées dans le décret pour son implication supposée dans le complot.
Ces radiations s’accompagnent de sanctions à l’encontre d’autres officiers supérieurs (lieutenants-colonels, capitaines) et même d’un sous-officier, portant le total à onze personnes visées.
...ACTION PRÉVENTIVE ?
La radiation de deux généraux représente un acte fort, symbolique, vis-à-vis de toute opposition ou velléité d’indiscipline au sein de l’armée. Avec ce décret, plusieurs scénarios peuvent être envisagés.
D'abord, il s'agit de faire passer un message de fermeté. En effet, la junte cherche à démontrer qu’elle ne tolérera aucune remise en cause interne, surtout en cette période où le Mali fait face à des défis sécuritaires majeurs (insurrections djihadistes, violences dans les régions centrales et nord).
Ensuite, l'élimination de figures influentes comme Dembélé et Sagara, en raison de leur stature, pouvaient incarner une menace (réelle ou potentielle) à l’autorité. Les radier publiquement neutralise leur influence.
En outre, la crise de confiance dans l’armée, il faut prévenir de tels complots présumés pour éviter une fragilité dans la chaîne de commandement et dans la loyauté des troupes. Il faut surmonter les problèmes avant qu’ils ne dégénèrent.
Enfin, il y a l'absence de transparence et les risques d’abus. En effet, sans procès ni publication d’éléments objectifs, il est possible que ces sanctions soient aussi un moyen de museler des voix dissidentes ou de dissuader des critiques internes.
SILENCE OFFICIEL ET CONSÉQUENCES...
Jusqu’à présent, aucun commentaire n'est venu de la part du gouvernement, qui n’a rien publié à part le décret, pour expliquer les motivations exactes pour renforcer la version des faits ou répondre aux suspicions.
Mieux, désormais, il y a une atmosphère de peur dans les rangs militaires. Ces radiations peuvent avoir pour effet de maintenir un contrôle strict sur les officiers, mais aussi de générer un climat de méfiance et de fractures internes.
On peut souligner également, la perte de crédits politique de la part du pouvoir de Bamako, pourtant garant de la stabilité.
Ces purges militaires vont-elles affaiblir ou cimenter l'unité de l'armée tant à l’intérieur qu’à l’étranger?
Amadou DJERMA
lafriqueenmarche du 13 octobre 2025 No 1025
