Côte d'Ivoire : Stratégie De Gbagbo/Thiam, Le Oui/patience de Ouattara

Mise en ligne : Houéssou Charbel | Publié le 23 juin 2025

La chronique inter | Temps de lecture: 3 mins

Côte d'Ivoire : Stratégie De Gbagbo/Thiam, Le Oui/patience de Ouattara
lafriqueenmarche
La Chronique Internationale de Salifou DIAGNE  « J'ai écouté avec attention la résolution relative à ma reconduction comme président du RHDP (...). Oui j'accepte pour consolider la stabilité du parti pour préparer l'avenir avec sagesse. Je prendrai dans les jours qui viennent, après mûre réflexion en mon âme et conscience, une décision concernant ma candidature à ma présidentielle d'octobre 2025.», fait savoir Alassane Ouattara. Le président ivoirien avait-il le choix? Pouvait-il procéder autrement suite à la capacité de riposte issue la récente alliance Gbagbo/Thiam? Les 21 et 22 juin,...

La Chronique Internationale de Salifou DIAGNE 


« J'ai écouté avec attention la résolution relative à ma reconduction comme président du RHDP (...). Oui j'accepte pour consolider la stabilité du parti pour préparer l'avenir avec sagesse. Je prendrai dans les jours qui viennent, après mûre réflexion en mon âme et conscience, une décision concernant ma candidature à ma présidentielle d'octobre 2025.», fait savoir Alassane Ouattara. Le président ivoirien avait-il le choix? Pouvait-il procéder autrement suite à la capacité de riposte issue la récente alliance Gbagbo/Thiam?

Les 21 et 22 juin, la base militante du RHDP très mobilisée comme jamais attendait la réponse de Alassane Ouattara pour briguer un 4 ème mandat.

Contre toute attente, Alassane Ouattara dit se donner un temps de réflexion avec un «OUI-mais» sans que les Ivoiriens en général et ses militants du RHDP ne sachent si le président ivoirien fait une induction ou une déduction.

À sa réponse : «J'ai écouté mais je me donne un temps de réflexion», il tente de faire avec stratégie, passer l'universel au particulier avec la connaissance des faits. 

Si Alassane Ouattara n'a pas fait d'induction, il n'a pas non plus fait de la déduction. 

En effet, sa formule «OUI/mais», démontre un raisonnement inverse, par lequel il fait de nouvelles propositions à partir des axiomes et propriétés démontrées attendant de répondre favorablement ou non à la base de son parti qui le présente comme son champion pour la prochaine présidentielle.

Alassane Ouattara, au terme du congrès qui l'a désigné, choisit attendre avant de répondre en : « Son âme et conscience...». 


POUR UN TEMPS DE RÉFLEXION...

Mieux, il répond avec les outils d'argumentation relatifs à la cause : « car, en effet, parce que…». 

En ligne de cette stratégie d'attente, Alassane Ouattara a naturellement pris conscience de l'alliance Gbagbo/Thiam. 

En effet, quelques jours avant le congrès du RHDP, Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam ont mis en branle la stratégie de pestiférés politiques décrétée par le pouvoir ivoirien. 

Pour la présidentielle d'octobre, le gouvernement Ouattara, par la stratégie "des dossiers juridiques" a  écarté quatre grandes figures emblématiques du personnel politique de ce pays pour le scrutin à venir. Face à cette situation, Gbagbo et Thiam ont engendré une alliance politique.  

Et tout porte à croire que Alassane Ouattara a compris le message de la semaine dernière. Il sait que le bloc parti historique PDCI (actuellement sous la férule de Tidjane Thiam également écarté), avec le parti PPACI de l'inusable Laurent Gbagbo n'est pas une apparente feuille morte.

Oui Alassane Ouattara sait que cette tactique de ces deux poids lourds de la vie politique ivoirienne, l'oblige à revoir ses plans. 

Et le voici contraint d'utiliser les manivelles de la conséquence d'attente : « donc, c'est pourquoi, avec sujet inversé...».

Le OUI/mais de Ouattara l'oblige à aller à l'école de l'ex président français, Giscard d'Estaing, qui a utilisé et inauguré, le 10 janvier 1967, cette formule.  Alassane Ouattara exprime une forme d'approbation conditionnelle ou nuancée. 

Cette démarche du président ivoirien est donc une réponse qui semble initialement positive, mais qui est immédiatement suivie d'une réserve, d'une restriction ou d'une condition.

Alassane Ouattara n'a pas le choix. Le monopole du coeur de ses militants, monopole qui l'invitait à briguer un 4 ème mandat ne suffit pas pour prendre une décision. 

À 83 ans, le temps de réflexion est une voie de sagesse.


lafriqueenmarche du 23 juin 2025 No 939

59 lectures