« Diplomatie Economique » : Faire Cohabiter La Politique Et Les Affaires, Voici Les Pays En Avant-garde En Afrique

Mise en ligne : L'Afrique en marche | Publié le 09 février 2025

Pyramide | Temps de lecture: 3 mins

« Diplomatie Economique » : Faire Cohabiter La Politique Et Les Affaires, Voici Les Pays En Avant-garde En Afrique
L'Afrique en marche
« Diplomatie économique » est un nouveau concept en vogue. Que signifie cette notion et quelles en sont les modalités pratiques pour les pays africains qui en sont les têtes de pont ? « Certains gouvernements africains ont mis en place soit au ministère des Affaires étrangères soit au ministère de l’Économie, un département en charge de la diplomatie économique…», analyse Musa Béchir, chercheur associé en relations internationales. Il souligne l’importance de cette vision et salue les pays africains qui y adhèrent déjà. « Au nombre des présidents africains qui sont devenus champions en la mati...

« Diplomatie économique » est un nouveau concept en vogue. Que signifie cette notion et quelles en sont les modalités pratiques pour les pays africains qui en sont les têtes de pont ?

« Certains gouvernements africains ont mis en place soit au ministère des Affaires étrangères soit au ministère de l’Économie, un département en charge de la diplomatie économique…», analyse Musa Béchir, chercheur associé en relations internationales.

Il souligne l’importance de cette vision et salue les pays africains qui y adhèrent déjà. « Au nombre des présidents africains qui sont devenus champions en la matière, il y a celui de Côte d’Ivoire, d’Afrique du sud, du Nigeria, du Bénin et bien d’autres. Le président ivoirien, a carrément mis en place, un département chargé de la diplomatie économique. Le cas du Bénin n’est pas moins intéressant. Au Bénin, le volet coopération n’est plus aux Affaires étrangères, mais au ministère des Finances. Le cas du Niger avec le pipeline chinois qui débouche à Cotonou est un inéluctablement un cas édifiant», poursuit-il .

 

UN CONCEPT ET…

«La diplomatie économique représente donc la fonction de politique étrangère, qui fait le lien entre les démarches de politique étrangère et l’aisance économique d’un pays. En clair, c’est le recours à tous les instruments de politique étrangère en vue de la promotion des intérêts économiques d’un pays.», dit-il pour conclure.

À son tour, Bassirou Shehu, économiste soutient que : « La diplomatie économique a quatre principaux objectifs. Il s’agit du développement d’ investissements directs étrangers (IDE), la présentation de l’attractivité du pays, la promotion du tourisme et enfin le soutien à l’export.».

Il insiste que : « La diplomatie économique vise donc à contribuer, aux côtés d’ autres instances officielles au renforcement et à la consolidation de l’économie nationale.».

« Aujourd’hui, sans la diplomatie économique, c’est une illusion de tenter d’accroître les exportations, les investissements étrangers, le tourisme et améliorer l’accès au financement.», développe encore l’expert.

Il boucle son analyse en faisant remarquer : « Au-delà de l’augmentation d’ échanges commerciaux, investissements, création d’emplois et croissance économique plus forte, cette diplomatie va à la recherche de voies et moyens pour faire prospérer l’économie nationale.».

 

… TENANTS ET ABOUTISSANTS

Selon le politologue Germain-Hervé Mbia Yébéga de l’Observatoire politique et stratégique de l’Afrique (Paris-France), chercheur associé au GRIP (Bruxelles-Belgique)
et à la FPAE (Yaoundé-Cameroun): « Si on parle de plus en plus de diplomatie économique en Afrique, ce n’est pas une surprise. L’ économie est, par définition, un élément d’importance du champ diplomatique, dont les États étaient et demeurent en grande partie, les principaux ordonnateurs.».

Pour lui: « L’ Afrique est source nourricière du monde, car la densité géoéconomique du continent et son importance géostratégique ont toujours été au cœur des prétentions et des positionnements des grandes puissances.».

« L’Afrique est, à terme, le marché (économique) du monde. De Pékin à Paris, de Washington à Moscou, de Brasilia à Ankara, cette réalité s’impose surtout avec les sommets comme Ticad (Japon/Afrique);
USA-Afrique; UE-Afrique; Chine-Afrique; Inde-Afrique etc, foras au cours desquels, les grands du monde aiguisent les plus grands appétits.».

En gros, de cette prégnance de la diplomatie économique, présente deux visions. La première se rapporte à l’extension des prérogatives de la diplomatie classique (celle des États) dans le champ économique, en raison du développement des interdépendances et influences stratégiques. La seconde défend la nécessité d’ajustement des États, aux effets de la mondialisation économique.

Encore dans un élan balbutiant, la concrétisation de la diplomatie économique passe par des actes concrets, loin du moindre doute, pour tracer davantage grâce aux mains diplomatiques, la route économique de l’Afrique.

Wilfried GBÊGAN correspondant au Nigeria

Site lafriqueenmarche du 10 février 2025 No 828

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