La Chronique Internationale de Saroukath SALIM
Avec 800 morts, Samia Suluhu Hassan a été élue suite à un bain de sang, présidente de la Tanzanie. Et sans remords, elle a prêté serment hier 3 novembre 2025, après le scrutin présidentiel du 29 octobre dernier, scrutin transformé en tuerie de masse. Avec quel détergent, elle pourrait enlever les gouttes de sang sur ses ongles ?
Samia Suluhu Hassan est l'une des deux femmes présidentes d'Afrique. Elle dirige la Tanzanie suite à la mort de la tête de pont du duo présidentiel. Sa consoeur et homologue est la présidente de la Namibie. Elle a nom, Netumbo Nandi-Naditwah.
Samia Suluhu Hassan a donc été élue suite à une répression sanglante inégalée dans les colonnes de l'histoire : 800 morts le jour d'un scrutin présidentiel.
Quand le pape Léon XIV demande à prier pour ce pays, c'est que le cas est critique.
Samia Suluhu Hassan est entrée en fonction le 19 mars 2021, devenant la première femme à diriger la Tanzanie. Née le 27 janvier 1960 à Zanzibar, dans son parcours politique, elle avait occupé plusieurs fonctions dont, celle de vice-présidente.
...DU SANG PARTOUT
Au terme de la répression funeste du 29 octobre 2025, jour de la présidentielle en Tanzanie, on est en droit de se demander : « Pourquoi cette main forte ?»
Plusieurs facteurs pourraient expliquer les choix d’une gouvernance autoritaire.
Il y a d'abord la pression d'un appareil politique déphasé, mais toujours au pouvoir. En effet, le parti au pouvoir en Tanzanie a nom : "Chama Cha Mapinduzi" (CCM).
Ce pays gouverne la Tanzanie depuis l’indépendance et conserve une forte influence sur les institutions. En tant que chef de cet appareil politique, Samia Suluhu a cru que faire couler le sang de son peuple est la meilleure manière de le faire taire.
Ensuite, il y a l'héritage de son prédécesseur également autoritaire. Il s'agit de feu John Pombe Magufuli, qui avait déjà instauré une gouvernance très centralisée, marquée par un discours ferme et un usage limité des contre-pouvoirs. Cet héritage crée un cadre politique où la main forte peut apparaître comme la norme.
La présidente Samia Suluhu Hassan est arrivée au pouvoir après la mort soudaine de Magufuli, sans passer par une élection présidentielle traditionnelle à ce moment-là. D'où le choix de la violence d'État comme stratégie pour renforcer le contrôle.
On peut également évoquer les défis sécuritaires, économiques et de légitimité. En effet, ce pays fait face à des défis économiques, sociaux et de gouvernance, qui peuvent inciter à privilégier la fermeté pour maintenir l’ordre que d'accepter le consensus.
Conséquence, le 29 octobre dernier, jour du scrutin, et suite à un processus inique sans aucun opposant de taille, car tous enfermés, l’exécutif tanzanien n'a pas eu peur de recourir à une répression aveugle.
À la mort de son prédécesseur dictateur, Samia Suluhu a suscité l’espoir, celui d'être capable d'insuffler un souffle démocratique à ce pays.
Malheureusement, son pouvoir s’est mué en un exercice de plus grande sauvagerie.
Que fera-t-elle après sa victoire ignoble? Se réconcilier avec son peuple ou utiliser davantage l’appareil d’État pour la consolidation du pouvoir?
lafriqueenmarche du 4 novembre 2025 No 1036