Longtemps, les grandes puissances occidentales ont affirmé que les trésors archéologiques d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine étaient plus en sécurité dans leurs musées que dans leurs pays d’origine. L’Égypte, l’un des berceaux de la civilisation mondiale, vient pourtant démontrer le contraire avec des résultats impressionnants suite à l'inauguration de son dernier imposant musée, ce 1er novembre.
Après des décennies de spoliation et d’exportation massive d’œuvres pharaoniques vers l’Europe, l’Égypte a décidé de reprendre son destin en main.
Le Grand musée égyptien du Caire (GEM), inauguré en grande pompe à proximité des pyramides de Gizeh, symbolise cette renaissance patrimoniale.
Ce chef-d’œuvre architectural, combine tradition et technologie. Il abrite plus de 100 000 pièces historiques, toutes préservées dans des conditions conformes aux standards internationaux.
« Pendant longtemps, on nous a dit que nos trésors étaient mieux gardés à Londres, à Paris ou à Berlin. Aujourd’hui, nous montrons que nous savons les protéger, les restaurer et les valoriser chez nous », déclare fièrement le ministre égyptien du Tourisme et des Antiquités.
...LABORATOIRES REMARQUABLES ET MESSAGE À L'OCCIDENT
Incontestablement, il y a donc eu des avancées technologiques majeures, une manière de signer une revanche culturelle historique.
En effet, le Grand musée égyptien dispose de laboratoires de conservation parmi les plus modernes au monde. Température, lumière, humidité : chaque paramètre est contrôlé par des systèmes intelligents.
Les restaurateurs égyptiens, formés localement et à l’international, utilisent désormais des technologies avancées, du scanner 3D à la reconstruction numérique des pièces endommagées.
Les visiteurs peuvent ainsi admirer les momies royales, les trésors de Toutankhamon, ou encore les statues millénaires de Karnak, dans un environnement sécurisé et respectueux des matériaux d’origine.
Cette réussite technique et culturelle est une réponse claire à l’argument souvent avancé par les musées occidentaux, celui selon lequel les pays d’origine seraient incapables d’assurer la conservation de leur patrimoine.
L’Égypte démontre que la compétence n’a pas de frontière et que la préservation du patrimoine ne dépend pas seulement de la richesse économique, mais aussi de la volonté politique et du respect de l’identité culturelle.
De plus, cette montée en puissance renforce les revendications de restitution. L’Égypte réclame avec insistance le buste de Néfertiti, exposé à Berlin, et la pierre de Rosette, conservée au British Museum à Londres.
« Ces œuvres sont notre mémoire collective. Maintenant que nous prouvons notre capacité à les protéger, elles doivent revenir à leur terre d’origine », plaide le gouvernement égyptien.
Une fierté africaine et un modèle pour le monde.
Au-delà du cas égyptien, ce succès résonne sur tout le continent africain. Il prouve que l’Afrique peut se réapproprier son patrimoine, bâtir ses propres institutions muséales et écrire elle-même l’histoire de ses civilisations.
L’Égypte, en restaurant ses trésors et en les exposant fièrement au Caire, n’envoie pas seulement un message à l’Occident, mais au monde entier.
La mémoire de l’humanité n’appartient à personne, et chaque nation a le droit et le devoir d’en être la gardienne.
Radji SANOUSSI depuis USA
lafriqueenmarche du 4 novembre 2025 No 1036
